Côte d'Ivoire - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/cote-divoire/ Mondafrique, site indépendant d'informations pays du Maghreb et Afrique francophone Fri, 27 Sep 2024 17:05:41 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.7.2 https://mondafrique.com/wp-content/uploads/2017/11/logo_mondafrique-150x36.jpg Côte d'Ivoire - Mondafrique https://mondafrique.com/tag/cote-divoire/ 32 32 Les autorités burkinabè dénoncent un énième complot préparé au Niger https://mondafrique.com/politique/les-autorites-burkinabe-denoncent-un-enieme-complot-prepare-au-niger/ Wed, 25 Sep 2024 14:18:36 +0000 https://mondafrique.com/?p=119004 Dans une longue déclaration lue à la télévision nationale, le ministre burkinabé de la Sécurité, Mahamadou Sana, a fait état du démantèlement d’un vaste réseau qui s’apprêtait à déstabiliser la junte au pouvoir. Le même Mahamadou Sana a affirmé qu’ «un certain Serge Mathurin, journaliste nigérien d’origine ivoirienne (1)» avait joué un rôle logistique dans […]

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Dans une longue déclaration lue à la télévision nationale, le ministre burkinabé de la Sécurité, Mahamadou Sana, a fait état du démantèlement d’un vaste réseau qui s’apprêtait à déstabiliser la junte au pouvoir.

Serge Mathurin, journaliste nigérien d’origine ivoirienne, aurait été un des instigateurs du complot visant à renverser la junte militaire au pouvoir au Burina

Le même Mahamadou Sana a affirmé qu’ «un certain Serge Mathurin, journaliste nigérien d’origine ivoirienne (1)» avait joué un rôle logistique dans une série d’opérations avortées visant à déstabiliser le régime de Ouagadougou.Dès le 31 août, la femme nigérienne de Serge Mathurin avait lancé l’alerte, relayée plus tard par l’Union nationale des journalistes de Côte d’Ivoire et l’Union des journalistes de la presse libre africaine (UJPLA) également basée en Côte d’Ivoire. Le 18 septembre, le porte-parole du gouvernement ivoirien, Amadou Coulibaly, avait annoncé l’ouverture d’une enquête, disant n’avoir pas obtenu d’information auprès des autorités judiciaires du Niger. Or le journaliste se trouvait plutôt entre les mains de la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure. la sécurité d’Etat. 

Le complot aurait été découvert au Niger, à l’occasion de l’arrestation, le 29 août dernier, de «deux individus suspects à un poste de contrôle à l’entrée de Niamey.»  L’interrogatoire de ces deux hommes a conduit les autorités nigériennes sur la piste du commandant Ahmed Kinda, ex-chef de corps des forces spéciales burkinabè et chef militaire supposé de l’opération clandestine, qui aurait été hébergé par Serge Mathurin. L’homme a été interpellé à la gare de bus de Niamey le lendemain.

Un melting pot tentaculaire

Il ne se passe pas un mois sans que la junte au pouvoir au Burkina Faso annonce avoir déjoué un complot fomenté parfois par des gendarmes, parfois par des militaires. Ces allégations, qui ne sont pas toutes infondées, prouvent qu’au sein des Forces de Défense et de Sécurité existent de nombreuses tensions, de multiples raisons de mécontentements, et/ou que beaucoup ambitionnent de prendre la place du capitaine Ibrahim Traoré.

Mais la dernière tentative de déstabilisation telle qu’elle a été révélée par le ministre de la Sécurité à la télévision est d’une toute autre nature. Il s’agit d’une entreprise tentaculaire dans laquelle se retrouveraient : des combattants de l’Etat islamique associés à des hommes politiques en exil en lien avec des « puissances occidentales », la Côte d’Ivoire et le Ghana ; deux ex ministres des Affaires étrangères, des journalistes, un colonel travaillant pour les Nations Unies en Centrafrique, des militaires et Paul-Henri Damiba, ancien président de la transition auteur du coup d’Etat qui a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré. Tout ce beau petit monde travaillant de concert…

Le vrai, le faux, l’improbable et le possible…

Le ministre de la Sécurité promet de donner des preuves accréditant ses dires. Ses services disposeraient d’audio incriminant les personnalités dont les noms ont été jetés en pâture à la télévision nationale. Un officier de l’armée burkinabè, Ahmed Kinda a été arrêté au Niger dans le cadre de cette affaire. A-t-il parlé ? Son téléphone a-t-il révélé de funestes projets ? L’avenir le dira, mais d’ores et déjà plusieurs éléments indiquent que l’affaire tentaculaire se dégonflera comme une baudruche. D’une part, dans son allocution, Mahamadou Sana, déclare que la première étape du plan de déstabilisation était l’attaque de Barsalogho du 24 août dernier qui a fait des centaines de victimes. Or, cette attaque a été revendiquée par le JNIM.

Comment croire en tout cas que cet improbable regroupement  de journalistes, d’hommes politiques, de militaires, de marabouts, ait pu collaborer avec « 150 terroristes de l’Etat islamique qui devaient se diriger vers la zone de Sapouy puis remonter sur Ouagadougou en vue de prendre le palais présidentiel » le 29 août dernier, comme l’annonce le gradé burkinabè.

Au final que reste-t-il de ce salmigondis ? Tout porte à croire que les autorités burkinabè ont profité d’un fait réel et marginal pour se dédouaner de la responsabilité du drame terrible de Barsalogho et incriminer ceux qu’elles considèrent comme ses ennemis intérieurs comme extérieurs.

La présence d’un journaliste venu de Côte d’Ivoire dans ce mauvais peplum est un retour à l’envoyeur, puisque selon FR24, Abidjan aurait arrêté des Burkinabè qui tentaient de la déstabiliser ! Le fait que la presque totalité des noms cités à la télévision soient Peuls n’est pas non plus anodin, est-ce une manière de livrer une nouvelle fois cette communauté à la vindicte populaire ? Le Burkina Faso ne sort pas de l’ornière. 

(1) Le journaliste qui ne couvrait aucun sujet politique avait rejoint, au tout début des années 2000, Radio Horizon, puis le groupe Canal 3 où il présentait le journal télévisé et assurait la chronique sportive pour BBC en français. Serge Mathurin avait assuré récemment l’animation de la semaine culturelle organisée pour célébrer l’anniversaire du coup d’Etat ayant porté les militaires au pouvoir. 

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Cote d’Ivoire – Charles Blé Goudé affirme son indépendance https://mondafrique.com/video/charles-ble-goude-je-ne-suis-plus-le-porte-etendard-dun-leader-je-suis-un-leader-moi-meme/ Wed, 21 Aug 2024 19:43:11 +0000 https://mondafrique.com/?p=116805 Lors d’une récente déclaration, l’ancien ministre ivoirien Charles Blé Goudé a réaffirmé sa volonté de s’imposer en tant que leader politique. Celui qui n’a jamais caché ses ambitions présidentielles a affirmé : «Je ne suis plus le porte-étendard d’un leader, je suis un leader moi-même.» Rappelons que Charles Blé Goudé, longtemps proche de Laurent Gbagbo, […]

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Lors d’une récente déclaration, l’ancien ministre ivoirien Charles Blé Goudé a réaffirmé sa volonté de s’imposer en tant que leader politique. Celui qui n’a jamais caché ses ambitions présidentielles a affirmé : «Je ne suis plus le porte-étendard d’un leader, je suis un leader moi-même.»

Rappelons que Charles Blé Goudé, longtemps proche de Laurent Gbagbo, avait été détenu avec lui à la Cour pénale internationale avant d’être acquitté. L’ancien leader – toujours très populaire – des «jeunes patriotes» dirige aujourd’hui le COJEP, un parti politique qu’il anime avec le dynamisme qu’on lui connaît.

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Côte d’Ivoire : une mobilisation contre l’emprisonnement d’un opposant https://mondafrique.com/confidentiels/cote-divoire-une-mobilisation-contre-lemprisonnement-dun-opposant/ Wed, 21 Aug 2024 05:47:22 +0000 https://mondafrique.com/?p=116696 Le groupement des partis politiques dirigé par l’ex-première dame, Simone Gbagbo, appelle, ce mardi 20 août 2024, à la libération de Kando Soumahoro, membre du parti « Génération peuples solidaires » GPS, de Guillaume Soro et ancien député, arrêté pour avoir co-signé la déclaration dudit groupement qui appelait, le 9 août dernier, à un « […]

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Le groupement des partis politiques dirigé par l’ex-première dame, Simone Gbagbo, appelle, ce mardi 20 août 2024, à la libération de Kando Soumahoro, membre du parti « Génération peuples solidaires » GPS, de Guillaume Soro et ancien député, arrêté pour avoir co-signé la déclaration dudit groupement qui appelait, le 9 août dernier, à un « dialogue inclusif » visant à obtenir des réformes électorales consensuelles.

 Alors que le gouvernement continue d’ignorer la demande d’un « dialogue inclusif » demandé le 9 août dernier au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) par la coalition des partis politiques de Simone Gbagbo aux fins d’enrayer tout risque de violence lors de l’élection présidentielle à venir, un de ses cadres, en l’occurrence Soumahoro Kando, membre de la direction de Générations de peuples solidaires de l’ex-premier ministre Guillaume Soro, a été arrêté quatre jours plus tard et emprisonné à Abidjan à l’issue d’une procédure de flagrant délit.

Le tribunal assure que M. Kando a représenté le GPS, un parti politique dissous, dans cette coalition ; ce qui fait qu’il tombe sous le coup de l’ordonnance du juge, mais l’opposition conteste ce moyen en expliquant que ladite décision a fait l’objet d’un pourvoi en cassation, ce qui suspend logiquement ses effets. La coalition ne voit donc dans l’enchaînement des événements qui ont abouti à l’emprisonnement de leur camarade qu’une tentative d’instrumentaliser l’appareil judiciaire « pour servir des fins politiques », contre ses membres.  

Dérives d’un État arbitraire

La coalition s’inquiète néanmoins que de telles dérives soient acceptées dans un Etat de droit et dénonce l’arrestation de leur camarade qu’elle juge arbitraire. La coalition demande aussi « la libération immédiate et sans condition de M. Soumahoro Kando » à qui elle exprime toute sa solidarité et se dit prête « à défendre ses droits en tant que citoyen ».

Le samedi 9 août dernier au siège du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), un groupement de onze partis politiques et deux organisations de la société civile avaient organisé une conférence de presse pour alerter l’opinion sur les incongruités du processus électoral et demander que l’enrôlement sur la liste électorale soit ouverte jusqu’à trois mois de l’élection présidentielle d’octobre 2025.

Le groupement appelait également le Gouvernement à accepter l’ouverture d’un « vrai dialogue inclusif avec les partis politiques, les Organisations de la Société Civile et l’ensemble des forces vives de la Nation » en vue de trouver les solutions pouvant aboutir à des réformes électorales nécessaires et consensuelles à 15 mois de l’élection présidentielle.

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Simone Gbagbo : « Comment inscrire des millions d’électeurs en un mois? » https://mondafrique.com/video/simone-gbagbo-il-est-impossible-dinscrire-des-millions-delecteurs-en-seulement-30-jours/ Tue, 13 Aug 2024 04:00:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=116160 Une coalition de 11 partis politiques et deux organisations de la société civile s’est réunie ce vendredi 9 août 2024, à la maison du PDCI-RDA, pour réclamer des réformes profondes du système électoral ivoirien. Leur objectif : garantir des élections libres, transparentes et inclusives en 2025. Le vendredi 9 août 2024, l’hymne national de la Côte […]

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Une coalition de 11 partis politiques et deux organisations de la société civile s’est réunie ce vendredi 9 août 2024, à la maison du PDCI-RDA, pour réclamer des réformes profondes du système électoral ivoirien. Leur objectif : garantir des élections libres, transparentes et inclusives en 2025.

Le vendredi 9 août 2024, l’hymne national de la Côte d’Ivoire a retenti à la maison du PDCI-RDA, marquant le début d’un point de presse crucial. Dans ce lieu symbolique, 11 partis politiques et deux organisations de la société civile ont officiellement lancé une campagne pour des réformes électorales majeures. Parmi les figures de proue de ce rassemblement, Dr Simone EHIVET GBAGBO (MGC), M. Georges Philippe EZALEY (PDCI-RDA), et Mme Danièle BONI CLAVERIE (URD) ont signé une déclaration commune, sous l’œil vigilant de la presse nationale et internationale.

Des réformes électorales indispensables

Lors de son intervention, Dr Simone EHIVET GBAGBO, porte-parole du collectif, a souligné l’importance de cette initiative. « Nous sommes ici pour montrer notre détermination à obtenir des réformes profondes du système électoral, une exigence essentielle pour éviter les crises électorales qui ont trop souvent plongé notre pays dans le chaos. »

La coalition a également exprimé son inquiétude face au processus électoral en cours, notamment la révision de la liste électorale annoncée par la Commission Électorale Indépendante (CEI). Selon eux, le système actuel est à l’origine de nombreux conflits depuis 2010, et sans action immédiate, ces problèmes pourraient se perpétuer.

Inquiétudes face à la révision de la liste électorale

La révision de la liste électorale, prévue pour le 31 octobre 2024, est particulièrement critiquée par le collectif, qui la juge irréaliste. Les difficultés d’obtention des pièces d’identité et les coûts élevés des démarches administratives sont des obstacles majeurs pour de nombreux Ivoiriens. « Il est impossible d’inscrire des millions d’électeurs en seulement 30 jours, » a déclaré Simone EHIVET GBAGBO. La coalition demande un dialogue inclusif avec toutes les forces vives de la Nation afin de garantir une élection crédible et transparente en 2025.

Le soutien du PDCI-RDA

Le PDCI-RDA, représenté par son vice-président Philippe EZALEY en l’absence de Tidjane THIAM, a réaffirmé son engagement dans cette initiative. « Nous avons pour mission de nous joindre à cet effort collectif pour organiser des élections inclusives, crédibles et sans violences en octobre 2025, » a-t-il déclaré.

Le collectif a ainsi pris à témoin la communauté nationale et internationale, appelant le gouvernement à assurer des élections acceptables pour tous les Ivoiriens.

En Côte d’Ivoire, le Président Ouattara cajole les retraités

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Le bilan social négatif d’Alassane Ouattara https://mondafrique.com/video/le-bilan-social-negatif-dalassane-ouattara/ Mon, 24 Jun 2024 14:58:31 +0000 https://mondafrique.com/?p=114052 Lors d’un débat diffusé sur la télévision ivoirienne Blaise Lasm, Secrétaire Général Adjoint (SGA) du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI)  (le parti fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo) a critiqué le bilan économique d’Alassane Ouattara qu’il a estimé négatif sur le plan du développement humain « nous sommes parmi les derniers sur le […]

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Lors d’un débat diffusé sur la télévision ivoirienne Blaise Lasm, Secrétaire Général Adjoint (SGA) du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI)  (le parti fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo) a critiqué le bilan économique d’Alassane Ouattara qu’il a estimé négatif sur le plan du développement humain « nous sommes parmi les derniers sur le plan de l’indice de développement humain » a t-il déclaré. Si lors de son dernier discours à la nation le président Alassane Ouattara a jugé son bilan économique  satisfaisant en parlant d’embellie économique, Blaise Lasm a déclaré  qu’en réalité il y a un « décalage entre le discours et le vécu des ivoiriens ».  D’autres médias ont déjà qualifié l’économie ivoirienne de performante mais d’ inégalitaire

 

 

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Côte d’Ivoire, les transferts financiers vers les chiites du Hezbollah https://mondafrique.com/societe/libanais-en-cote-divoire-volet-2-ces-transferts-vers-les-chiites-du-hezbolllah/ Wed, 12 Jun 2024 10:07:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=65680 Si la diaspora libanaise s’est intégrée au cours des dernières années en Côte d’Ivoire, sa composante chiite majoritaire  reste une communauté puissante et structurée. Poumon économique en Côte d’Ivoire, les chiites permettent aux familles restées au Liban  de recevoir des aides qui participent à la survie du Sud Liban, fief du Hezbollah. Entre rumeurs, fantasmes […]

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Si la diaspora libanaise s’est intégrée au cours des dernières années en Côte d’Ivoire, sa composante chiite majoritaire  reste une communauté puissante et structurée. Poumon économique en Côte d’Ivoire, les chiites permettent aux familles restées au Liban  de recevoir des aides qui participent à la survie du Sud Liban, fief du Hezbollah. Entre rumeurs, fantasmes et réalités

De notre envoyé spécial à Abidjan,  Jean Louis Cardan

Généraliser à propos de la diaspora libanaise est une faute, car il n’y a pas une communauté libanaise. Il existe des communautés qui sont traversées par les mêmes lignes de fractures confessionnelles que celles existantes au Liban. En Côte d’Ivoire, toutes sont représentées: maronite, sunnite, chiite, néanmoins, cette dernière est de loin la plus nombreuse. 

En un peu plus d’un siècle de présence, ces ressortissants du Sud Liban ont organisé leur vie sociale, culturelle, ont créé des réseaux d’entraide, de solidarité qui restent très puissants aujourd’hui. Même s’ils sont plus « assimilés » qu’auparavant, les quartiers résidentiels de Marcory ou de zone 4 restent des lieux qu’ils privilégient.

Ils prient aussi à Al-Zahra, leur grande mosquée Fatima Al-Zahra. En 2009, sous le règne de Laurent Gbagbo, l’imam de ce lieu de culte, Abdul Kobeissi, a été arrêté puis expulsé au Liban. Américains et Israéliens le soupçonnaient de financer le Hezbollah.Lorsqu’on interroge ces Libanais sur leurs liens avec le parti d’Hassan Nasrallah, ils répondent en chœur : « pur fantasme ».

Pourtant, en 2004, lors des très fortes tensions entre Paris et Abidjan et alors que Charles Blé Goudé, leader de la jeunesse ivoirienne, proche de Laurent Gbagbo, avait harangué ses partisans en lançant l’appel « à chacun son Blanc », les hommes du Hezbollah avait protégé les biens des Libanais.

Pendant la guerre de 2011, ils veillaient encore au grain en protégeant Marcory, selon des Ivoiriens vivant dans ce quartier.

Fantasme ou réalité

« Le Hezbollah qui aide les chiites d’Abidjan : fantasme ; les chiites qui aident le Hezbollah : fantasme ; la diaspora qui vient en aide au Liban encore des fantasmes », tonne un maronite installé depuis les années 60 en zone 4.  Les rumeurs ont la peau dure, les réalités aussi. Il est pourtant de notoriété publique que depuis la guerre de 1975 au Liban, les émigrés ont toujours porté assistance à leurs compatriotes restés au pays et qu’ils l’ont fait sur une base purement confessionnelle.

Sans cette aide financière comment certaines familles n’auraient pas pu survivre surtout depuis 2019 date de la pire crise financière que le pays du Cèdre a connue. Toute l’économie de la région de Tyr, au Sud Liban, est irriguée par la manne des émigrés de Côte d’Ivoire. A tel point que dans le village de Zrarieh, la rue principale a été surnommée « avenue d’Abidjan ».

Il est vrai néanmoins qu’au cours de ces dix dernières années avec la guerre en Syrie, l’effondrement de l’économie et de la monnaie libanaise, la diaspora ne se fait plus construire de somptueuses villas dans son pays d’origine, elle juge plus sûr d’investir dans l’immobilier à Abidjan. Au passage, ces crises ont largement contribué à l’assimilation des Libanais de Côte d’Ivoire, compte tenu du désordre à Beyrouth, ils sont de moins en moins tiraillés entre leurs deux amours.  .

Dans le viseur des Américains

Mais depuis la fin 2019, les banques ont bloqué les retraits à quelques centaines d’euros, par conséquent faire parvenir de l’argent à la famille n’est pas simple. Comme au bon vieux temps, c’est le retour des bonnes vieilles valises. En prime, ce retour au cash permet de passer outre les multiples contrôles.  Les Etats-Unis ont placé le parti d’Hassan Nasrallah est sur la liste des organisations terroristes, cela leur donne un cadre juridique pour surveiller et sanctionner toutes les sociétés, les personnes privées, les associations caritatives soupçonnées d’avoir un lien avec le Hezbollah.

C’est ainsi que deux hommes d’affaires libano-guinéens, Ali Saadé et Ibrahim Taher, ont été poursuivis par le parquet de Conakry pour : « présomptions graves de blanchiment de capitaux et financement du terrorisme ». Tous leurs biens ont été saisis et leurs avoirs ont été gelés. Et comme par hasard, la sanction de la justice guinéenne tombe quelques jours après que le Trésor américain ait sanctionné les deux hommes ! Washington ne s’en cache pas, cette action « vise à perturber le réseau d’affaires du Hezbollah en Afrique de l’Ouest ». A bon entendeur…

Le contre coup de la crise libanaise

Dans le même esprit, le FMI a négocié un accord préliminaire avec le gouvernement libanais afin de recapitaliser les banques.  Selon ledit accord, au-delà de 200 000 dollars les déposants ne récupèreront pas leur argent. Or, près de 40% de ces fonds appartiennent à la diaspora libanaise en Afrique qui est bien entendu vent debout contre cet arrangement. Si cette convention était signée en l’état, cela aurait pour conséquence de faire fuir tous ces épargnants du Liban.

En outre, comme en plus tous les chiites d’Afrique sont, plus souvent à tort qu’à raison, soupçonnés par le Trésor américain de soutenir financièrement le Hezbollah ils n’auront plus aucune banque en dehors de leur pays de résidence où déposer leurs économies…

Cs manœuvres financières auront pour corolaire d’augmenter la part d’investissements de ces opérateurs économiques en Afrique et de les pousser un peu plus encore vers l’eldorado ivoirien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Video, la chasse aux pauvres à Abidjan https://mondafrique.com/limage-du-jour/le-deguerpissement-a-abidjan-des-milliers-de-familles-pauvres-laissees-a-la-derive/ Fri, 31 May 2024 13:46:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=109020 Sous le nouveau pont de Yopougon qui dresse ses immenses ciseaux en béton au-dessus de l’ex-quartier Boribana (fin de course en langue malinké, ndlr), des dizaines de familles déguerpies tentent d’y élire domicile. Soit à seulement quelques mètres de l’ancien quartier qui a été déguerpi le 8 janvier dernier. Ce jour-là, des milliers d’habitants, le […]

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Sous le nouveau pont de Yopougon qui dresse ses immenses ciseaux en béton au-dessus de l’ex-quartier Boribana (fin de course en langue malinké, ndlr), des dizaines de familles déguerpies tentent d’y élire domicile. Soit à seulement quelques mètres de l’ancien quartier qui a été déguerpi le 8 janvier dernier. Ce jour-là, des milliers d’habitants, le baluchon sur la tête et entourés d’une ribambelle d’enfants ont été obligés de plier bagage pour une destination inconnue. Une partie de ceux qui sont restés squattent toujours dans les restes de l’école primaire publique avec ses toilettes hors-d’usage.

Par Batti Abouè

Avant Boribana, c’est à Yopougon, au quartier Gesco que les graders du ministre-gouverneur, Cissé Bacongo, avaient atterri un matin du jeudi 28 mars 2024. « Ils m’ont donné trente minutes pour éteindre les fours de ma boulangerie », se souvient un homme, la quarantaine, qui dit avoir tout perdu ce jour-là. Comme lui, des milliers d’autres habitants qui se réveillaient de bonne heure se sont retrouvés nez à nez avec les machines du District d’Abidjan qui ont aussitôt foncé sur leurs maisons. Même une école secondaire où étudiaient 800 élèves dont plus de la moitié sont des affectés de l’Etat a été démolie. Plus tard, Cissé Bacongo a reconnu avoir détruit l’école par erreur mais le mal était déjà fait.

Des gravats comme lit

Alors que le spectacle d’anciens propriétaires couchés dans les gravats de ce que furent leurs maisons a choqué le pays, les déguerpissements n’ont pas cessé. En présence de Cissé Bacongo qui se fait rarement raconter ces scènes, ceux-ci ont été plus violents dans les autres quartiers tels qu’Adjamé, Cocody ou encore Marcory où sous la menace des graders, les habitants ont ramassé ce qu’ils pouvaient encore sauver.

Des fois, il arrive que le ministre-gouverneur commente lui-même ces scènes sur ses réseaux sociaux. Il rappelle alors à qui peut encore l’entendre que les grands pays sont passés par là. La Côte d’Ivoire rêve en effet d’être une capitale féérique à l’image des grandes capitales occidentales et arabes. Ainsi, pour mériter son nom de « Perle des lagunes », Abidjan se développe à une vitesse grand V ces dernières décennies grâce à l’effet conjugué du boom immobilier porté essentiellement par le secteur privé et la demande en logements qui se situe entre 500.000 et 600.000 logements par an.

Chaque jour, de nouveaux quartiers apparaissent mais sans réellement atténuer la demande. Car Abidjan abrite 6 millions de personnes sur les 25 millions d’habitants que compte la Côte d’Ivoire, dont 80% sont en location contre 20% seulement qui sont propriétaires. En raison de ces évolutions, la capitale ivoirienne se classe désormais parmi les trois villes les plus chères du continent et même si la pauvreté y est officiellement de 40% en 2020, l’inégalité d’accès à l’éducation et à l’eau potable, la corruption endémique et les disparités sociales ont un impact sur la crise du logement. Environ 1,2 million de personnes sont en effet obligées de vivre dans des maisons construites en banco ou en tôles de seconde vie dans un environnement insalubre, ces quartiers étant construits en dehors des règles d’urbanisme et dans une totale anarchie.

Où sont passés les 32 milliards ?

Abidjan compte 132 quartiers précaires que le gouvernement avait prévu de restructurer grâce à un programme dénommé « Projet d’aménagement des quartiers restructurés d’Abidjan (PAQRA) » d’une valeur de 32 milliards. Ce plan devait améliorer la qualité de vie de 300.000 personnes réputées les plus vulnérables. Le quartier Gesco, sis à Yopougon, déguerpi sans ménagement le 29 mars 2024, était prévu sur cette liste. Mais  après l’annonce faite le 8 mars 2023, il a été démoli avec d’autres quartiers dans les conditions relatées plus haut.  Nul ne sait en revanche ce qu’il est advenu des 32 milliards annoncés par le gouvernement.

Ce programme devait être financé par l’Agence française de développement (AFD), dans le cadre du Contrat de désendettement et de développement (C2D). Sur cette base, des études de faisabilité avaient été réalisées pour définir un cadre d’intervention cohérent, concerté et efficace permettant d’ériger « un habitat plus moderne et en cohérence avec l’évolution du temps et des exigences d’urbanisme », avait relevé le ministre de la construction Bruno Koné. Le quartier Gesco devait même bénéficier de voies bitumées d’une longueur de 9Km, de la construction d’une école de six classes, de deux terrains de sport, des ouvrages de drainage, d’un centre de transfert des ordures ménagères et offrir un accès aux services urbains de base afin de contribuer à changer le quotidien de ces populations.

Les nouvelles promesses du gouvernement

Mais, finalement, aucune de ces promesses n’a été tenue. En revanche, voyant que la colère grandissait autour de ces déguerpissements, le gouvernement ivoirien s’est lancé dans une autre promesse, lors d’un conseil des ministres tenu le 13 mars dernier. Celle-ci prévoit un soutien financier de l’Etat d’une valeur de 250.000 fcfa (417 $) par ménage pour toutes les personnes déguerpies, soit une enveloppe de 697 millions fcfa (1,16 million $). D’ailleurs, selon le porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, « un site potentiel pour le recasement a déjà été identifié ». Et pour viabiliser le terrain, des travaux d’urgence d’aménagement de voies, d’adduction en eau et en électricité seront lancés incessamment pour un coût global de 15 milliards fcfa. Plus d’un mois plus tard, aucune de cette nouvelle vague de promesses n’a connu un début de réalisation. Le nombre des déguerpis n’est pas connu et encore moins le site de recasement. Quant au soutien financier, il n’est toujours pas sorti des caisses du gouvernement. 

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Sally Allassane Thiam censuré à Abidjan https://mondafrique.com/video/sally-allassane-thiam-censure-a-abidjan/ Fri, 26 Apr 2024 10:58:21 +0000 https://mondafrique.com/?p=108829 Sally Alassane Thiam, président de l’ONG Afrique patrimoine affirme avoir été censuré lors de sa participation au Forum Afrique Europe qui se tient à Abidjan en Cote d’ivoire alors qu’il devait intervenir sur la lenteur de la restitution des œuvres d’art africaines.

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Sally Alassane Thiam, président de l’ONG Afrique patrimoine affirme avoir été censuré lors de sa participation au Forum Afrique Europe qui se tient à Abidjan en Cote d’ivoire alors qu’il devait intervenir sur la lenteur de la restitution des œuvres d’art africaines.

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Laurent Gbagbo : « Les gens qui disent que j’ai braqué une banque, ils mentent » https://mondafrique.com/video/cote-divoire-laurent-gbagbo-les-gens-qui-disent-que-gbagbo-a-braque-une-banque-non-seulement-cest-faux-mais-ils-mentent/ Wed, 10 Apr 2024 10:43:54 +0000 https://mondafrique.com/?p=107640 Dans un discours tenu lors d’un meeting à Agboville le samedi 6 avril 2024, Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, a réitéré son innocence dans l’affaire du braquage de la BCEAO. Malgré sa condamnation à 20 ans de prison, il persiste à rejeter les accusations portées contre lui. Gbagbo a toujours nié toute implication dans le […]

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Dans un discours tenu lors d’un meeting à Agboville le samedi 6 avril 2024, Laurent Gbagbo, ancien président ivoirien, a réitéré son innocence dans l’affaire du braquage de la BCEAO. Malgré sa condamnation à 20 ans de prison, il persiste à rejeter les accusations portées contre lui.

Gbagbo a toujours nié toute implication dans le braquage de la BCEAO, affirmant qu’il s’agit d’une conspiration politique visant à ternir son image et à le marginaliser sur la scène politique ivoirienne.

« Qu’ils m’accusent d’avoir quitté la BCEAO de Dakar »

Lors du meeting de clôture de la deuxième édition de la fête de la renaissance, Gbagbo a affirmé que les auteurs du braquage sont en réalité des alliés du public, rejetant ainsi toute responsabilité dans l’affaire : « Les gens qui disent que Gbagbo a braqué une banque, non seulement c’est faux mais ils mentent. Le verbe  » mentir « , ils mentent. S’ils veulent m’accuser, qu’ils m’accusent d’avoir nationalisé deux banques françaises. S’ils veulent m’accuser, qu’ils m’accusent d’avoir quitté la BCEAO de Dakar ». 

Gbagbo candidat en 2025? 

Malgré son exclusion de la liste électorale en raison de sa condamnation, Gbagbo reste déterminé à participer à la prochaine élection présidentielle, faisant de sa réinscription sur le fichier électoral une priorité pour son parti politique.

À environ 18 mois de l’élection présidentielle, le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA – CI) s’engage à soutenir Gbagbo dans sa quête pour retrouver son éligibilité et à faire valoir ses droits politiques.

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Les Libanais en Côte d’Ivoire (volet I): « J’ai deux amours » ! https://mondafrique.com/international/les-libanais-en-cote-divoire-volet-i-jai-deux-amours/ https://mondafrique.com/international/les-libanais-en-cote-divoire-volet-i-jai-deux-amours/#comments Sun, 07 Apr 2024 00:36:00 +0000 https://mondafrique.com/?p=65638 Les Libanais d’Afrique ont suscité autant de fantasmes, rendus responsables de tous les maux et trafics en tout genre, des diamants à la drogue, du terrorisme à la fraude. Au-delà des clichés, les temps changent. À l’image des chiites de Côte d’Ivoire, cette diaspora s’est métamorphosée. Voici le premier volet de notre enqute  De notre […]

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Les Libanais d’Afrique ont suscité autant de fantasmes, rendus responsables de tous les maux et trafics en tout genre, des diamants à la drogue, du terrorisme à la fraude. Au-delà des clichés, les temps changent. À l’image des chiites de Côte d’Ivoire, cette diaspora s’est métamorphosée. Voici le premier volet de notre enqute 

De notre envoyé spécial à Abidjan,  Jean Louis Cardan

Le forum économique de la communauté libanaise de Cote d’Ivoire

Profession: Libanais. Cette blague un peu éculée qui court en Cote d’Ivoire illustre pourtant le poids économique massif de la communauté libanaise d’Abidjan qui la rend insubmersible. Selon la Chambre de commerce et d’industrie libanaise de Côte d’Ivoire (CCILCI), les Libanais contrôleraient 40 % de l’économie globale ivoirienne, dont 80 % du parc immobilier privé, 60 % du commerce, 90 % de la distribution de détail et 60 % de l’industrie. Dans son allocution, lors de la visite officielle du président libanais, Michel Sleiman, en mars 2013, Alassane Ouattara, son homologue ivoirien, avait fourni des données supplémentaires : selon lui, avec près de 300 000 emplois créés officiellement, l’apport fiscal de la communauté libanaise avoisine les 730 millions de dollars (350 milliards de francs CFA), soit 15 % des recettes fiscales de l’État ivoirien.

Ces chiffres laissent rêveurs, qui ont construit une légende, celle de ces Libanais d’Afrique richissimes.

Une poignée de pionniers en 1890

La petite histoire, qui rejoint parfois la grande, veut que les Libanais aient débarqué sur le Continent africain à la fin du 19ème siècle par erreur. Ils croyaient atteindre l’Amérique et se sont retrouvés à Dakar, Conakry ou Freetown. Ils se sont ensuite disséminés dans toute l’Afrique du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Les premiers à immigrer étaient des chrétiens maronites qui fuyaient la domination ottomane. Ils sont rejoints quelques années plus tard par les chiites.

Contrairement à une idée reçue, les Libanais ne sont pas venus dans les bagages du colonisateur, ils sont arrivés concomitamment. Néanmoins, les colons se sont appuyés sur leur faculté d’adaptation, leur facilité d’apprentissage des langues locales, leur sens inné du commerce hérité de l’époque phénicienne.

Au Sénégal, ils se lancent dans le négoce de l’arachide, en Côte d’Ivoire dans celui du café-cacao. Au début, ils troquent les matières premières contre des produits manufacturés, puis introduisent la monnaie dans les endroits les plus reculés. Pendant des décennies, ils resteront concentrés sur le commerce et l’import-export avant de s’ouvrir à d’autres secteurs.

En 1890, ils étaient une poignée à débarquer sur le Continent. Puis l’immigration s’est poursuivie au fil des bouleversements politiques, après le passage du Liban sous mandat français en 1921, entre les deux guerres mondiales. Au lendemain des indépendances, ils étaient quelques 300 000, la guerre civile de 1975 a encore accentué l’exode. Aujourd’hui, toutes générations confondues, ils sont plusieurs millions dans toute l’Afrique.

Un business florissant

Combien sont-ils en Côte d’Ivoire ? Il n’y a pas de chiffres exacts, on parle le plus souvent de 80000 à 100000. Mais en réalité, ils seraient près de 200 000, ce qui représente la plus importante diaspora du Continent. Il est difficile de connaître le nombre réel pour plusieurs raisons. Comme en France, dans ce pays il n’y a pas de statistique ethnique, en outre une grande partie d’entre eux possède la double nationalité, voire la triple nationalité puisque certains détiennent aussi un passeport français…

Comme nombre de ses compatriotes, Tarek est né au Sénégal mais a grandi à Abidjan : « la relation avec la Côte d’Ivoire est affective ET patriotique. Mes deux passeports, ce sont mes deux amours. » dit-il. « Quand je vais à Beyrouth, au bout de quinze jours, je m’ennuie. Toute ma vie est ici » poursuit-il. À l’heure de la retraite,  a choisi de rester en Afrique et d’être enterré sur la terre d’Eburnie qu’il considère comme la sienne.

Ils sont nombreux à penser comme lui, même si la vie au bord de la Lagune Ebrié n’a pas toujours été facile, eu égard à la situation politique. Cependant, ce pays stratégique en Afrique de l’Ouest pour le commerce et l’import-export grâce à son port sur le Golfe de Guinée leur a offert d’immenses opportunités. Au fil des années, ces « libano-ivoiriens » se sont diversifiés et sont désormais présents dans tous les secteurs : communication, presse, agriculture, distribution, transport, immobilier, noix de cajou, mines, énergie, mais aussi industrie, plastic, transformations des matières premières etc. La nouvelle génération a beaucoup investi également le domaine de la santé et de l’éducation. En un siècle, la communauté libanaise a réussi à créer un empire et à se rendre incontournable, elle pèse, à elle seule, 8% du produit intérieur brut selon les chiffres officiels, mais là encore c’est probablement plus.

Soubresauts politiques

Lorsqu’on interroge les libanais sur leurs accointances politiques, ils prennent soin de spécifier qu’ils ne sont d’aucune obédience et qu’ils ne s’ingèrent d’aucune façon dans les affaires de politique intérieure. En réalité, le business prime et le cœur bat toujours du côté du pouvoir en place. « Gbagboistes » sous Laurent Gbagbo, « Ouattaristes » sous Alassane Ouattara à l’image de l’homme d’affaires Pierre Fakhoury. Cet architecte né à Dabou en 1943 a été proche d’Houphouët Boigny, il a construit la basilique de Yamoussoukro, a été l’ami fidèle de Laurent Gbagbo, avant de sauter dans le train du nouveau Président après la guerre de 2011. Les liens entre la communauté libanaise et le pouvoir d’Abidjan est un miroir À double face, les uns ne peuvent pas se passer de l’autre et vice. Le poids économique que pèse cette diaspora rend les Libanais incontournables. En parlant d’eux Houphouët Boigny disait : « ils sont la 72ème ethnie de la nation ivoirienne »…

La Côte d’Ivoire n’a pas toujours été un îlot de stabilité. Il faut reconnaître la résilience de ces opérateurs économiques qui ont traversé des tempêtes. Ils ont résisté à une décennie de crise entre 2002 et 2012. Mais ils ont su aussi parfois en tirer parti: ainsi après les graves événements de 2004 où 8000 ressortissants français ont été rapatriés dans l’urgence, les Libanais ont racheté leurs biens. A la question : ces affaires ont elle été bradées ? Un businessman répond dans une très belle langue de bois : « Les Français sont peureux dans l’investissement, pourtant avec les accords entre la France et la Côte d’Ivoire les ont privilégiés, ils payent moins de taxe » ! On a assisté alors à une arrivée massive de Libanais en provenance de Beyrouth pour remplacer les expatriés français qui avaient fui dans les avions affrétés par Paris.

Pendant la guerre de 2011, lorsque les Forces d’Alassane Ouattara sont entrées dans Abidjan, tout le monde a été pillé, sans distinction d’origine. Dans les entrepôts, les usines, les entreprises, il ne restait plus rien. La force Licorne n’avait réussi à sécuriser que les domiciles en zone 4 ou à Marcory où résident la plupart des expatriés français. « Nous on a dû tout rebâtir tout seul, les Français, eux ont été dédommagés, ça fait partie des accords qui ont été passés entre Sarkozy et Ouattara » explique Hassan, un entrepreneur dans le bâtiment.  

Deuxième, troisième, quatrième génération

Jusqu’à cette date, c’est peu de dire que les Libanais de Côte d’Ivoire n’étaient pas aimés par la population. Ils étaient accusés de tous les maux de fraude fiscale, de corruption de fonctionnaire, d’appartenir à telle ou telle mouvance. En réalité, les Ivoiriens qui sont aussi des commerçants, (9 millions sur 26 millions d’habitants exercent cette profession), et les entrepreneurs français n’appréciant guerre la concurrence de leurs homologues libanais. 

En dix ans, cette image a beaucoup évolué car les Libanais ont changé : « Il y a 20 ans tu te mariais seulement avec une fille de ton village, les parents n’auraient pas accepté, aujourd’hui c’est différent. Il y a des mariages mixtes, les enfants ont été à l’école ici, ils ont des amis ivoiriens, on ne vit plus replié sur nous-mêmes, on accepte la mixité. » raconte Tarek. Un Ivoirien acquiesce et ajoute : « L’assimilation concerne 80% des Libanais. Le seul problème qui persiste c’est leur rapport au personnel, il reste dans une dimension « esclavagiste », c’est un rapport culturel à l’autre. Ca plombe inutilement leur image. » 

S’ils ont épousé la Côte d’Ivoire et sont devenus de véritables Ivoiriens, c’est aussi parce que la crise libanaise les a rendus orphelins de leur pays d’origine. Au cours des dix dernières années, pendant que la terre d’Eburnie se stabilisait, le Liban sombrait. Au lieu d’acheter des maisons au pays du cèdre, ils ont investi dans l’immobilier d’Abidjan…

LE PROCHAIN VOLET DE NOTRE ENQUÈTE CONCERNERA LES CHIITES D’ABIDJAN

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