Présidentielles Sénégal, Macky Sall n’a pas encore gagné

Les élections présidentielles sénégalaises du 24 février 2019 voient s’opposer le Président sortant, Macky Sall, et son principal challenger, Idrissa Seck. Va-t-on assister à une troisième alternance dans le pays le plus démocratique d’Afrique? Le dégagisme va-t-il encore frapper ?

Le Sénégal fait exception en Afrique francophone. La démocratie y est plus profondément enracinée et les élections sont plus transparentes qu’ailleurs. Sur les quatre présidents de la République qu’a connu le Sénégal depuis son indépendance, deux furent chassés du pouvoir par les urnes. Abdou Diouf fut battu par son challenger Abdoulaye Wade  en 2000. Lequel fut écarté du pouvoir en 2012 par son ancien premier ministre, Macky Sall.

Deux candidats écartés

La Cour de justice de  la CEDEAO d’Abuja a rejeté, le 8 février 2019,  la requête de l’ex-maire de Dakar, Khalifa Sall, qui tendait à faire annuler la décision du Conseil constitutionnel de Dakar qui lui interdisait de se présenter à l’élection présidentielle du 24 février 2019. La Cour en a fait de même avec la requête de Karim Wade qui ne pourra donc pas, lui aussi, être candidat à cette élection.

Le célèbre prisonnier de Reubeuss et l’exilé au Qatar n’avaient donc plus beaucoup d’espace politique pour peser sur l’élection présidentielle. Du coup, Khalifa Sall a choisi de s’allier à Idrissa Seck, et Karim Wade a préféré mettre à contribution son vieux père de 92 ans pour tenter d’enrayer le processus électoral

Idrissa Seck en challenger

Faisant fi de ses convictions socialistes, Khalifa Sall a donc noué un  » partenariat » avec le libéral Idrissa Seck. Il a demandé à ses nombreux partisans de rejoindre « la coalition IDY 2019 » pour barrer la route à Macky Sall. Outre une réforme profonde de la gouvernance démocratique, Khalifa Sall a surtout apprécié la promesse d’Idrissa Seck de le faire sortir de Reubeuss, où il purge une condamnation de cinq ans de prison. Idrissa Seck connait d’ailleurs bien cette prison pour y avoir séjourné près de sept mois (2005-2006)…A l’initiative de Macky Sall, alors ministre de l’intérieur du président Abdoulaye Wade. 
Ce renfort est de poids tant l’ex-maire de Dakar jouit d’une réelle popularité a Dakar, dans la jeunesse et cristallise sur son nom les déçus du septennat de Macky Sall. L’équipe d’Idrissa Seck peut aussi bénéficier maintenant du renfort des cadres de l’équipe de Khalifa Sall et de ses alliés importants comme Barthélémy Dias et Cheikh Bamba Dieye,

L’irruption anecdotique d’Abdoulaye Wade

L’ancien président de la République Abdoulaye Wade (2000 – 2012) s’est résolu à quitter son domicile de retraité à Versailles pour revenir à Dakar afin d’essayer de mobiliser ses anciens partisans du Parti Démocratique Sénégalais. Le « Gorgui » ( le vieux)  met toutes ses forces pour promouvoir un illusoire boycott de l’élection présidentielle du 24 février, avec comme perspective utopique de permettre une candidature de son fils Karim.

La classe politique banalise ce retour, tandis que la société civile comme le mouvement « Y a en marre » rejette tout boycott, signifiant une probable réélection au premier tour de Macky Sall. Même des proches d’Abdoulaye Wade comme Mamadou Diop Decroix ont pris de la distance envers leur ancien leader pour se rapprocher de la « coalition IDY 2019 ».

Quant au Khalife général des Mourides et au Khalife des Tidianes, leur attitude a été plus que réservée envers l’ancien président de la République. Le Khalife des Tidianes, Serigne Mbaye Sy Mansour a même évité la visite d’Abdoulaye Wade à Tivaouane. Il est vrai que Tivaouane est proche de Thies, fief d’Idrissa Seck, et qu’Abdoulaye Wade est Mouride. Faute d’avoir réussi à faire boycotter le scrutin du 24 février 2019,  » le Vieux  » pourrait être amené à choisir Ousmane Sonko qui a l’avantage d’être le candidat anti-système et surtout un opposant virulent à ses deux anciens premiers ministres avec lesquels Abdoulaye Wade a totalement rompu.

Par le passé, c’était la décision- le Ndigueul- du Khalife des Mourides de Touba, qui faisait pencher la balance. La communauté des Mourides reste très unie, mais cette fois-ci est-ce que le Khalife général Sérigné Mountakha Mbacke fera un « Ndigueul » et sera-t-il suivi ?

Dans ce fief d’Abdoulaye Wade, Macky Sall a respecté les traditions notamment en commençant sa campagne à Touba. Il n’est pourtant pas sûr que cela soit suffisant. Beaucoup de Mourides n’ont guère apprécié ses propos très laïcs et les tourments causés à Karim Wade.

Nul doute que c’est, en particulier, à Touba qu’Idrissa Seck devra montrer qu’il pourrait devenir le cinquième président du Sénégal.

1 COMMENTAIRE

  1. Cet article n’est pas du tout fidèle à la situation réelle dans le pays, si vous n’êtes pas informé il ne faut pas raconter n’importe quoi.
    Déjà le vrai challenger de Macky Sall aujourd’hui c’est pas Idrissa Seck les sénégalais ne veulent plus d’alternance mais d’alternative.
    L’alternance justement c’est Idrissa Seck et l’alternative c’est Ousmane Sonko http://www.sonko-president.com avec son programme de rupture http://www.jotna.org

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