Depuis le regain de tension au Proche-Orient, des voix hostiles à la reprise des relations avec Israël commencent à se faire entendre cinq mois après la signature de l’accord tripartite entre les Etats-Unis, Israël et le Maroc.
Cinq mois après la signature de l’accord tripartite entre les Etats-Unis, Israël et le Maroc, ce nouveau chapitre du conflit israélo-palestinien est le premier test d’opinion pour le pouvoir marocain. Certaines manifestations pro palestiniennes sont interdites, d’autres sont tolérées et même couvertes par des dépêches de la MAP, la très officielle agence marocaine. Plusieurs cortèges ont été dispersés, comme ce fut le cas lundi 10 mai à Rabat et à Casablanca, sous prétexte que les rassemblements sont officiellement interdits depuis le début de la crise du Covid-19.
En revanche à Oujda, dans l’Est du pays, un sit-in anti-Israël a eu lieu sans arrestation ni affrontement avec les forces de l’ordre. Entorse à la règle sanitaire ou hasard du calendrier diplomatique, ce jour-là, le Maroc participait à une réunion d’urgence des ministres arabes des Affaires étrangères.
Le Palais royal mobilisé
Il y a le feu au lac et le mobilisation du Palais royal est totale pour éviter d’être pris en tenaille entre une opinion publique globalement pro palestinienne et les relations pacifiées avec Israel. Envoi d’une aide humanitaire d’urgence au profit de la population palestinienne, dénonciation dans des termes fermes les violences perpétrés dans les territoires palestiniens occupés, le Roi Mohammed VI président du comité Al Qods, occupe le terrain.
Après une réunion d’urgence le mardi 11 mai, du Comité des délégués permanents de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) « a exalté le rôle que joue la présidence du Comité Al-Qods pour protéger les lieux saints et contrecarrer les mesures prises par les autorités d’occupation israéliennes ». Le Maroc traditionnellement au mieux avec l’administration démocrate a été même consulté par la Maison Blanche pour une médiation dans le conflit actuel, alors que le bilan humanitaire s’aggrave après les agressions de l’armée israélienne.
Grogne de la rue
La reconnaissance de l’État d’israEL est décriée notamment par le courant islamiste, dont le Parti de la Justice et du Développement (PJD), qui détient depuis dix ans les leviers du gouvernement. Une partie de la population voit la reprise des relations diplomatiques avec Israël sinon comme une forme de trahison à la cause palestinienne, au moins comme un manque de solidarité avec un pays frère.
Durant le week-end, deux sit-in de solidarité avec le peuple palestinien ont été tenus à Rabat. Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant « la politique régressive et agressive d’Israël contre les civils palestiniens ». Un des rassemblements a eu lieu à l’initiative d’une structure associative relevant du Mouvement unicité et réforme (MUR), bras idéologique du PJD au pouvoir. Ce sit-in constitue « un moindre soutien à la mobilisation et à la résistance du peuple marocain face l’ennemi israélien », estime Abderrahim Chikhi président du MUR.
Pressions sur Israël
De son côté, le Chef de gouvernement Saâdeddine El Othmani a annoncé avoir eu un entretien avec Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas auquel il a signalé « le refus catégorique du Royaume du Maroc de toutes les mesures des autorités d’occupation qui touchent au statut juridique de la mosquée Al-Aqsa et Al-Qods ».
Ces propos sont nettrement plus fermes qu’un précédent communiqué du ministère des Affaires étrangères, sous la tutelle du Palais royal, qui fait état de « sentiments de vive préoccupation » quant aux événements dans la région
On assiste sans doute au début de la campagne des législatives de l’automne où s’opposeront le PJD islamiste au pouvoir depuis dix ans et des forces politiques libérales et progressistes