Le départ programmé du vrai patron de l’Algérie, le général Mediene

A la tète depuis 1990 des services algériens, le tout puissant puissant général Mediene, dit Tewfik, a été limogé hier et remplacé par un général proche du clan Bouteflika, Bachir Tartag. La cohabitation agitée entre Bouteflika et « Tewfik » qui prend fin annonce une recomposition du pouvoir algérien

Un homme politique algérien avait comparé la relation du Président Abdelaziz Bouteflika au général-major Médiene, dit Tewfik patron du DRS depuis 23 ans, à celle  qui lie Pearl à Lewt, principaux personnages de l’inoubliable film de King Vidor : « Duel au Soleil ». Au sommet d’une montagne brulée par le soleil, à distance Pearl tire et blesse Lewt (Gregory Peck), puis affolée, la belle amoureuse se rue vers lui, il riposte et la touche. Mortellement blessés, au bord de l’agonie, ils se rejoignent et meurent dans les bras l’un de l’autre. Fin, le rideau tombe.

Autant le départ de Bouteflika est régulièrement annoncé depuis ses longs ennuis de santé, autant le silence était absolu sur l’avenir professionnel du général-major Mediene.  Or ces jours-ci, le départ à la retraite de Tewfik est annoncé et amplement commenté. Est ce l’annonce du départ concomitant du pouvoir et du général-major et du Président de la république algérienne?

Un duel, deux blessés
Le Duel avait commencé à l’aube du troisième mandat présidentiel en 2009. Assez bien rétabli depuis son « ulcère hémorragique » traité à Paris, le président Bouteflika veut mettre sa garde rapprochée au premier rang : Chakib Khelil, alors ministre de l’énergie est pressenti pour devenir le Premier ministre. Mauvaise idée, l’affaire de la Sonatrach 1 éclate. Le tir part de loin et touche par ricochet ce projet de remaniement finalement mort-né. Le président se trouve alors dépourvu de toute garde rapprochée. Même son ministre de l’intérieur est remercié.

La riposte tarde et surgit au crépuscule de ce même troisième mandat. C’est le tout nouveau secrétaire général du FLN et fidèle de la Présidence, Amar Saadani qui, entre deux séjours parisiens, lance une salve nominative contre le tout puissant patron du toujours redoutable DRS. Parisien de résidence, le patron du FLN qualifie le puissantissime général-major d’incompétent. Stupeur générale, accentuée par les tirs croisés sur les principaux généraux de Tewfik, mis à la retraite.

Le duel reprend de plus belle avec une réduction des prérogatives du DRS dont le numéro deux est incompréhensiblement remplacé en plein été. Et en plein mois d’Aout, un des patrons de ce même DRS, le général Hassan est présenté devant la justice militaire ! A la tête de la lutte anti-terroriste, le général Hassan est arrêté au même moment où le terroriste, Merzag, moyennement repenti entend créer un parti. Est-ce une coïncidence ? Certainement pas, le seul argument du bilan du règne de Bouteflika, est la discutable « Réconciliation nationale ». En effet, élever des islamistes au lourd passé terroriste au rang d’acteurs politiques est révélateur de la politique de la terre brulée. Pour que l’incendie prenne il fallait neutraliser les pompiers. Le clan présidentiel prend Néron comme maitre à penser. Rome était reconstruite.

L’inconnu comme horizon

Isolé en apparence, Tewfik dont jusqu’alors une ou deux vieilles photos circulent sur internet, est dit-on pressenti à faire valoir ses droits à la retraite. Jamais homme de l’ombre n’a fait couler autant d’encre que ces derniers jours. Ce qui dans le monde opaque du renseignement laisse augurer de grands bouleversements. Jusqu’alors la dualité Présidence-DRS générait un certain équilibre du pouvoir, mais le départ concomitant des deux principaux protagonistes risque de plonger le pays dans l’inconnu. Sur fond de crise économique, accentuée par la chute du prix du baril de pétrrole.

Le rideau tombe. Que va-t-on avoir prochainement sur nos écrans ?