La rude et courageuse franchise du Président nigérien, Mohamed Bazoum

Tranchant avec les dix ans d’opacité et de secret chers à son prédécesseur, l’ex président Issoufou, le nouveau patron du Niger, Mobamed Bazoum,  a essayé, vendredi dernier, de convaincre les cadres nigériens du bien fondé de sa politique sécuritaire. Le discours fleuve sans langue de bois que le chef d’état nigérien a tenu avec une grande lucidité, dessine un nouvel horizon pour un des pays les plus pauvres d’Afrique qui aspire à un nouveau départ.

« J’ai identifié neuf chefs terroristes. On m’a conseillé de libérer des prisonniers que j’ai directement reçus (après leur libération) au palais de la présidence parce que je cherche la paix », a notamment déclaré le président nigérien, en tranchant avec la politique militaire que la France a menée, ces neuf dernières années, dans la lutte engagée, sans grand succès, contre le terrorisme djihadiste. 

Alors que le Niger se retrouve en première ligne dans la perspective du retrait des forces françaises et européennes du Mali, Mohamed Bazoum avait convoqué une Conférence des Cadres, qui a réuni l’élite politique, administrative et sociale du pays à l’amphithéâtre du centre de conférences Mahatma Gandhi. L’objectif était surtout de convaincre les Nigériens de la nécessité d’accueillir la force européenne Takuba, dans un climat d’hostilité croissante envers la France et ses alliés, y compris au Niger.

En plus d’une heure trente, sans notes mais avec passion, le Président Bazoum a rappelé à ses compatriotes l’historique de la crise, qu’il a fait remonter à la chute du colonel Kadhafi, sans ignorer ses racines profondes, notamment au sein des communautés touareg et toubou entrées en rébellion dans les années 1990 et 2007. Nostalgique de la paix disparue, il a évoqué ce temps où les soldats nigériens pouvaient mener « toute une carrière sans jamais avoir affaire à un ennemi.»

« Nous avons basculé dans la violence et, par la suite, carrément dans la guerre à partir de 2011. Cette épreuve n’était pas prévisible pour nous. Nous n’y étions pas préparés.»

À la source des rébellions touareg

Le socle de la solidité relative du pays dans la crise est à mettre au crédit de Mahamadou Issoufou qui a dès son arrivée associé les communautés touareg et toubou à la gestion du pays, notamment par la distribution de postes en leur sein. « Nous avons mis en œuvre une gouvernance qui met à l’aise tous nos compatriotes et qui ne donne le sentiment à aucun d’entre eux qu’il n’est pas intégré par la République. (…) Cette politique, nous l’avons réussie avec beaucoup de bonheur car aujourd’hui, moi, je vais vous le dire, le problème du Mali réside dans le fait que ça n’a pas été fait. (…) Au Mali, ils n’ont pas plus de Touaregs que nous, pas plus d’Arabes que nous mais, depuis 2012, les deux-tiers de leur territoire échappent à l’expression de la souveraineté de l’Etat. »

« Je veux que nos citoyens sachent que ça a été un moment important et quelque chose sur lequel nous avons pu édifier des institutions qui sont restées solides.»

Mohamed Bazoum a ensuite brossé le tableau d’un pays assiégé à toutes ses frontières, « le pays le plus exposé aux organisations terroristes, parce que nous faisons face à plusieurs foyers en même temps ». En effet, a-t-il rappelé, le terrorisme s’est développé dans le centre du Mali avant d’irradier « sur les territoires voisins, le Burkina Faso et le Niger, pour devenir un phénomène caractéristique des pays du Sahel du Centre. » A l’ouest du pays, l’Etat islamique au Grand Sahara, depuis 2015, et la Katiba Macina affiliée à l’autre franchise djihadiste, depuis 2019, frappent ainsi sur les deux rives du fleuve.

Au sud-est, le Niger affronte Boko Haram depuis 2015. Il est également confronté, depuis 2018, à un banditisme d’envergure au sud, tout le long de la frontière avec le Nigéria : « des bandits de grand chemin avec des capacités militaires typiques des organisations terroristes. (…) Ils traversent la frontière, kidnappent nos citoyens, volent leur bétail et exigent le paiement des rançons. » Au nord-est enfin, la Libye, « une grande plateforme sur laquelle évoluent des organisations criminelles qui prospèrent dans le trafic. »

Le Niger mieux loti que le Mali

Dans ce dur contexte, le Président Bazoum estime que le Niger n’a pas à rougir de son bilan, se comparant à ses deux voisins directs, malien et burkinabé : « nous sommes même un peu plus pauvres qu’eux. »

« Nous avons un million de km de plus que le Burkina Faso sur des espaces où, à notre frontière, nous n’avons pas un seul soldat des pays voisins. C’est le cas avec la Libye. C’est le cas avec le Mali. Sur 800 000 km2, les quelques petits postes militaires avancés que nous avions en face de nous et avec lesquels nous nous coordonnions un tant soi peu à un moment donné, ils ont été abandonnés, parce que les terroristes ont submergé nos frères maliens. Aujourd’hui, (…), pour trouver un soldat malien, il faut aller jusqu’à Menaka, jusqu’à Ansango, jusqu’à Gao. »

Mohamed Bazoum a également, pour la première fois, fourni les chiffres des effectifs militaires nigériens. « Nous les avons triplés. Notre volonté, c’est d’atteindre 50 000 soldats d’ici 2025. Nous sommes à 30 000. Quand nous sommes venus, ils étaient 11 000. » Un fusil par soldat est un autre objectif atteint, selon lui, par le régime socialiste. « Nous avons accru de façon exponentielle le nombre de véhicules dont se servent nos forces de défense et de sécurité ; nous avons acquis des équipements modernes, des fusils, des avions ; nous avons amélioré les primes et nous avons développé le concept des opérations », a-t-il poursuivi. Au total, les personnels engagés en opération, sur tout le territoire, sont au nombre de 11 761. Il faut leur assurer « le carburant, la nourriture, les munitions, la santé, l’habillement et les primes de déplacement. » Une prime mensuelle de 90 000 francs CFA leur est versée. 

« Ce sont des opérations pénibles, âpres, difficiles pour nos soldats. Mais ils ont tenu. Et ils tiennent », a-t-il affirmé, vivement applaudi par l’auditoire.

Des thèses néo-sankaristes révolues

Le Président a répondu avec vigueur aux critiques des Nigériens qui lui reprochent d’accueillir le futur redéploiement français sur son territoire. Aux nostalgiques du général Seyni Kountché (qui avait demandé au contingent français de partir), il a répondu qu’il n’y avait, en ce temps-là, pas de menace, ironisant sur le fait que les Français n’avaient d’ailleurs pas empêché le coup d’Etat contre Diori Amani. Il s’est longuement employé à démonter « des idées reçues recyclées par des personnes qui, peut-être, n’en comprennent pas le sens », rejetant des « thèses néo-sankaristes, tiers-mondistes des époques révolues. »

Il s’est félicité de la formation délivrée par des pays amis, en particulier aux forces spéciales. « Ca ne remet aucunement en cause notre souveraineté. On voudrait que nos soldats ne soient pas bien formés ? Grâce à l’assistance de nos partenaires (…) nous avons bénéficié d’équipements et d’infrastructures que nous n’aurions jamais pu avoir et qui ont considérablement amélioré les capacités de nos armées », a-t-il ajouté citant pêle-mêle avions, véhicules, bases militaires.

« J’ai vu les équipements, j’ai vu les infrastructures ! Comment peut-on nous reprocher d’avoir des relations avec ces gens-là, nous qui avons le devoir d’assurer la sécurité de nos citoyens en renforçant les capacités de nos forces. Est-ce que ça, c’est un procès juste ? Ah, ils sont vendus aux Blancs ! a-t-il ironisé. »

Une dépendance budgétaire structurelle

L’attaque la plus rude restait à venir. Elle visait les syndicalistes étudiants, les fonctionnaires, les citoyens nigériens en général. « La souveraineté… Mes chers amis, je voudrais que vous sachiez que 40% de notre budget sont assurés par des concours extérieurs en provenance de ces pays occidentaux. Alors souveraineté pour souveraineté, pourquoi ne disons-nous pas que nous n’avons pas besoin de leur argent ? Soyons souverains jusqu’au bout ! A ce moment-là, il ne faut pas prendre les bourses qu’on vous donne, acquises par le concours des aides extérieures, ne pas prendre les salaires, ne pas marcher sur les routes : toutes les routes que vous voyez ici sont des dons de l’Union européenne », a-t-il poursuivi, énumérant une dizaine de routes goudronnées du pays.

Cette dépendance financière structurelle, a-t-il ajouté, n’est pas propre au Niger. Elle est le fait de tous les pays pauvres en Afrique ou en dehors du continent.

Il a poursuivi son propos pour battre en brèche la théorie du pillage des ressources de l’Afrique. « Quand les gens disent que les Occidentaux viennent chercher nos matières premières, ils ne savent pas de quoi ils parlent. » « Lorsque l’Occident était dans une économie régie par l’exigence de l’accumulation primitive de capital, cette Europe-là avait eu besoin de matières premières pour se développer et c’est de là qu’a découlé la nécessité, dans le cadre de leur rivalité entre puissances occidentales, d’aller conquérir le monde pour ces matières premières. (…) Mais aujourd’hui, ils n’en ont plus besoin. Aujourd’hui, l’économie s’est totalement financiarisée, digitalisée. »

La France, un ogre

Concernant la France, Mohamed Bazoum a puisé dans ses propres souvenirs de militant marxiste, pour asséner que « la France que nous connaissions et que nous avons combattue dans les années 70 était une France qui soutenait les coups d’Etats, tous les coups tordus. Nous qui avions été nourris à ces théories tiers-mondistes, nous accusions la France de tous les péchés d’Israël. Cette fois, la France dit qu’elle est contre le coup d’Etat (au Mali). Et on la traite comme si c’était la France de Jacques Foccart ! La France n’est plus une réalité mais un concept. La France est un ogre. »

Enfonçant le clou, il a démenti que l’engagement français soit lié à l’exploitation de l’uranium du Niger, dont les cours se sont effondrés après l’accident de Fukushima. « Entre la France et nous, il y a une mine d’uranium qui produit 2000 tonnes par an. La tonne se vend à 50 000 francs CFA ; ça fait 100 milliards de francs CFA. J’ai tout mon uranium, mais personne ne veut investir pour l’exploiter ! On ne peut pas me dire que la France qui achète son uranium au Kazakhstan et au Canada veuille m’imposer des choses parce qu’il y a l’uranium au Niger ! C’est moi qui les supplie pour qu’ils me fassent Imouraren, la future mine géante».

Revenant sur la genèse de l’intervention française au Mali, il a rappelé de pénibles souvenirs et peu ménagé l’amour propre africain. « Quand les terroristes ont lancé leur assaut sur Bamako, tous les chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest ont supplié les autorités françaises pour qu’elles interviennent. Le Mali était souverain, non ? Pourquoi le Mali ne s’est-il pas défendu et pourquoi les Africains ne sont-ils pas allés à la rescousse du Mali ? Ils ont supplié : Dan Allah, Dan Allah, Hollande ! Il faut intervenir ! » Et parlant des soldats français, il a poursuivi en ces termes : «  Et ils sont restés, les pauvres, parce qu’il fallait qu’ils restent. »

Un complexe à l’égard des Occidentaux ?

Pour le Président nigérien, il revenait aux Maliens de « s’organiser pour se passer des autres, des Européens et des Français. » « Il revient à nos Etats de faire en sorte que, une fois que nous avons été assistés, nous nous passions de cette assistance. Et quand j’entends les Africains – et j’en suis vraiment déçu et triste – dire qu’ils (les Français) sont restés neuf ans et qu’ils n’ont pas mis fin au terrorisme… Mais qu’est ce que nous nous avons fait pour mettre fin au terrorisme, nous les Africains ? Est-ce que nous ne restons pas dans un rapport de complexe vis-à-vis des Occidentaux ? On doit se départir de cette mentalité. »

Mohamed Bazoum n’a pas caché les limites de l’action militaire dans le contexte de pauvreté du pays. « Nous n’avons pas les moyens de garder tous nos villages. Ma réalité, elle est déterminée par mes moyens limités. Mes militaires, ils sont 12 000 en opération. Si à côté d’eux, je peux placer 6 à 700 Européens, qui ont des hélicoptères, qui vont travailler avec eux, c‘est ça l’esprit de Takuba ! Et ça va être l’esprit de Barkhane. J’ai mes militaires, j’ai mes FDS. Mais j’ai besoin de leur concours à eux, et il faut qu’ils soient au sol eux-aussi, une composante au sol réduite avec des capacités aériennes. »

Craignant le vide créé par le départ prochain des forces françaises et européennes de la zone des trois frontières, le Président a raconté comment s’était formé, au sein de la CEDEAO, le projet de redéploiement au Niger d’une partie de ces forces. « Nous sommes convenus, à notre demande – c’est nous les demandeurs – pour qu’ils restent dans le Sahel et qu’ils voient comment on peut les déployer. »

Un pragmatisme assumé

Beaucoup plus clair que les décideurs européens, qui se réfugient volontiers derrière l’obscure « guerre contre le terrorisme », Mohamed Bazoum a formulé ainsi les raisons de leur présence au Sahel : « ils considèrent que nous sommes voisins et que les problèmes de l’Afrique sont, à certains égards, leurs problèmes à eux aussi. Ils estiment que si le terrorisme prospère ici, cette violence peut se transporter chez eux. Et la destruction de nos économies va pousser beaucoup d’Africains à migrer vers l’Europe, parce que c’est la porte de sortie, tout simplement. »

Evoquant Wagner et la Russie, très populaires ces derniers temps sur les réseaux sociaux d’Afrique de l’Ouest, le Président nigérien est resté tout aussi pragmatique. « On nous dit qu’il faut changer d’alliés. Je veux bien. Tous nos avions de guerre, les Sukhoï, on les a achetés à la Russie. Les hélicoptères, nous les avons achetés à la Russie. (…) Si les Russes veulent nous aider, nous sommes prêts. Mais une société de sécurité privée, je n’ai pas les moyens de louer ses services, car il semble que ça coûte 10 000 dollars par mois et par soldat. Pour 1000 hommes, ça ferait 7 milliards et demi. Mais si j’ai 7 milliards par mois, je mettrais ça pour acheter des hélicoptères à mes militaires ! »

A rebrousse-poil du discours de dénigrement de l’armée française qui fait fureur au Sahel, il a jugé « excellents » les résultats de Barkhane au Mali. « Serval a tué 600 terroristes au Mali. Barkhane a tué 2 223 djihadistes. Ca fait 2 800 djihadistes. Et ceux qu’on tue, c’est en général ceux qui s’exposent, qui se battent, qui prennent des risques. (…) Ils ont fait plus que cela. Ils ont tué les principaux chefs.» Et d’énumérer une dizaine de cadres d’Al Morabitoune, AQMI, Ansar Dine et du GNIM tués par l’armée française. Avec, parfois, une pointe d’admiration dans la voix. « Droukdel : tout simplement le patron algérien d’AQMI, l’homme le plus dangereux qui puisse exister ! Mokhtar Belmokhtar, les Français l’ont pourchassé et tué en Libye. Bay Ag Bakabo, celui qui a tué Ghislaine Dupont. A l’Etat islamique, Abou Walid Al Sahraoui, le chef lui même. »

Des terroristes armés comme une troupe régulière

L’inflexion annoncée par Emmanuel Macron au sommet de Pau pour faire de l’Etat islamique la nouvelle cible privilégiée de Barkhane faisait suite aux demandes nigériennes. De même que les 600 soldats français supplémentaires versés au dispositif après les défaites d’Inatès et Sinagodar, en décembre 2019 et janvier 2020. Mohamed Bazoum l’a révélé vendredi. « Je ne peux pas être malhonnête, mes frères, pour dire que les gens qui ont ce résultat, ils n’ont rien fait. »

Pas de langue de bois non plus pour décrire l’ennemi. « Les terroristes auxquels nous faisons face, ils ont des RPG, des M80 ; ils ont des armes du niveau de ce que nous, nous avons. C’est le contexte ; ça vient de la Libye ; ça ne coûte pas cher. Ils pillent les vaches ; ils pillent tout. Ils ont derrière eux des gens qui viennent d’Irak, de Libye, qui ont beaucoup d’argent et qui les soutiennent. »

A la fin de son propos, Mohamed Bazoum s’est fait plus intime, parlant de ses tourments, du poids de la responsabilité sur ses épaules. Ceux qui nous critiquent sur les réseaux sociaux, a-t-il dit, ce sont des compatriotes qui vivent à New York, à Abidjan, en Belgique, et qui n’ont aucune responsabilité. « Si quelqu’un meurt, eux, ils sont tranquilles. Mais moi, je ne suis pas tranquille. J’ai juré dans cette salle sur le Saint Coran que je ferai de mon mieux. Et c’est ça mon mieux », a-t-il dit avec une voix sur le point de se briser.

De la prison au Palais présidentiel

C’est ainsi, a-t-il révélé, qu’ont été entreprises des négociations inédites entre lui-même et des chefs djihadistes. « Depuis que je suis venu à la tête de l’Etat, je me suis dit : ’ces jeunes gens qui sont dans le terrorisme, qu’est ce qu’ils veulent ?’» Des parents ont donc été envoyés comme émissaires à 9 chefs, dont les noms revenaient dans les fiches de renseignement. « Je leur ai dit : ‘qu’est ce que vous faites là ? A quoi ça vous sert ? Qu’est ce que ça vous a rapporté ? (…) J’ai parlé avec certains. J’ai reçu d’autres. (…) On m’a conseillé de libérer des prisonniers que j’ai enlevés de Koutoukalé (ndlr la prison de haute sécurité) et directement reçus au Palais de la Présidence de la République. Parce que je cherche la paix. »

Sans préciser l’origine géographique ni la communauté des 7 à 8 détenus ainsi libérés, il a toutefois évoqué les Tollébés, les Djelgobés (deux groupes peuls), s’exclamant : « il y a même un Djerma parmi eux ! », ce qui semble désigner plutôt les combattants de l’Etat islamique au Grand Sahara, dans l’ouest du pays. « J’ai essayé des réconciliations dans les villages. A Tingara, nous avons réconcilié les gens, les gens-là qui m’embêtent dans l’Anzourou. Je me débrouille comme je peux. Parce que c’est mon devoir, moi. »

« Tout ce qui peut m’aider à ramener la paix dans mon pays, à alléger le fardeau sous lequel ploient nos militaires, je vais l’utiliser, sans complexe. Sans complexe, croyez-moi. Parce que je n’ai pas de complexe, moi, je suis dans un rapport totalement décomplexé avec qui que ce soit. (…) Je ne néglige rien. Le dialogue, j’en fais le pari. Je prie Dieu et vous aussi, priez Dieu pour moi, priez Dieu que ce dialogue-là marche, que ce que nous allons faire avec nos alliés marche ! »

Non, nous ne sommes pas des vendus !

Le Président a conservé ce ton de confidence intime, affirmant avoir « perdu beaucoup de camarades que la vie a fauchés » depuis son engagement en politique, à l’âge de 18 ans. « A chaque fois que j’agis, je me souviens d’eux et je me dis : ‘je dois être digne de ce que, quand nous étions jeunes, nous avions décidé de faire ensemble.’ »

Ressassant les accusations de valet de la France portées contre lui, il s’est défendu une ultime fois, revenant en boucle au début de son propos. «Ce qui va se passer au Mali, on ne sait pas, quand ils vont se retirer. (…)En Libye, un Etat qui n’existe pas à notre frontière, un Etat qui n’existe pas au Mali, un Etat perturbé au Burkina. Nous ne savons pas ce qu’il en sera. (…) Dans ce contexte-là, vous avez des Nigériens pour nous dire : ‘si vous acceptez que des gens viennent vous assister, c’est que vous êtes des vendus.’ Ils se trompent. Nous ne sommes pas des vendus. Nous ne serons jamais des vendus. Nous avons une histoire de lutte, de combat, d’engagement politique sous-tendu par une éthique qui n’a jamais été prise en défaut. »

C’est ainsi que s’est achevé le long monologue du Président nigérien, plein de confidences, de vérités brutales et d’interrogations personnelles. Cela convaincra-t-il l’opinion publique du pays, lasse de dix ans de guerre, de pauvreté, de scandales et de dénigrement permanent de toute opposition et voix divergente ? C’est le pari de Mohamed Bazoum. Reste à tendre la main à l’opposition politique, la grande absente du discours du Président, dans ce Niger où nul ne doit plus désormais se sentir discriminé par la République.

4 Commentaires

  1. Voilà, un discours, qui fait plaisir, un vrai chef d état et ce que nous, devrions lui répondre  » Comment vous, aider » Une suggestion l exploitation d une matiere première doit être faite sur le sol ou elle est retirée à savoir qu’elle doit rapportée prioritairement au pays producteur. Si le produit quitte le pays non traité prévoir une taxe (stylé tva) pour développer le pays voilà une mesure à prendre au niveau ONU

  2. Cet homme reussira car il va droit au but et sans arrière-pensées. Ce n’est pas le cas de l’Algerie qui traite de terroristes des pans entiers de sa propre population.

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