La reprise en main de l’État algérien par l’ancien DRS du général Toufik

Les amis du général Mediene, dit Toufik, qui avait été à la tète de l’ex DRS et jusqu’à sa mise à l’écart en 2015 le vrai patron de l’Algérie, sont en train de reprendre le pouvoir au sein de l’appareil sécuritaire. Mondafrique retrace le parcours de sept hauts gradés formés à l’école du DRS et qui ont été nommés récemment à des postes clés.

Les purges des cadres du DRS entamé dans le sillage de la prise d’otages de Tinguentourine du 16 au 19 janvier 2013 avait mis à l’écart l’ensemble de l’appareil sécuritaire dirigé par l’inamovible général Mohamed Mediene, dit Toufik. Deux années durant, plus de cinquante officiers étaient mis à la retraite. Le 13 septembre 2015, le patron lui-même, qui aura dirigé la police politique algérienne pour un quart de siècle, était remercié. 

Le démantèlement du DRS fut une réaction du chef de l’Etat-major, Gaïd Salah, allié à l’ex président Bouteflika, pour mettre fin à l’autonomie  des services secrets et restaurer la domination de l’armée sur la scène sécuritaire. Il s’agissait également de répondre aux pressions des puissances occidentales après l’affaire de l’attaque terroriste Tinguentourine en 2013 où l’intervention des commandos dirigés par le général Hassan dépendait directement du DRS et échappait au contrôle du de l’État-major.

L’inattendu décès du général-major Gaid Salah à la fin de l’année 2019 sonna le retour au premier plan des cadres de l’ex DRS. Après l’arrestation progressive de l’ensemble des généraux proches de l’ancien patron de l’armée, la contre offensive des amis du général Toufik débutait:  libération des généraux Mohamed Mediene (Toufik)et djebbar Mehena, retour de son exil doré espagnol du général Nezzar l’ancien fort du régime durant les années 90, non lieu pour le général Hassan Ait Ouarabi qui a été innocenté des chefs d’inculpations dans l’affaire de l’attaque terroriste de Tinguentourine.

Un chef de l’état isolé

Dans ce contexte de reprise en main du pouvoir par l’ancienne police politique, le président Tebboune est de plus en plus isolé. Après deux années de mandat, le chef de l’état algérien n’a pu effectuer une visite prévue à l’intérieur du pays ni inaugurer un seul projet. Sa seule sortie, ces dernières semaines, aura été sa visite à la Grande mosquée d’Alger.

L’invitation à la conférence de Berlin sur la Libye qui avait été recommandée par Paris, selon les révélations de l’ancien représentant de l’ONU en Libye Ghassan Salamé, a été envoyée à la dernière minute. Le président Algérie a trouvé une opportunité d’y participer tentant de rattraper le déficit de légitimité à l’international après son élection contestée le 12 décembre 2019.

Voici les nominations à des postes politiquement sensibles qui démontrent cette contre offensive des amis du général Mediene, dit Toufik.

Général Hadj Redouane l’éminence grise

La désignation non officielle du général Mansour Benamara alias Hadj Redouane comme conseiller à la présidence est le tournant majeur dans la mise en place du dispositif de l’appareil DRS version 2.0. Il est une éminence grise ayant été chef de cabinet du Général Mohamed Mediene (Toufik) 19 années durant. Grand connaisseur des arcanes et des interstices du système par expérience pratique et par ingéniosité. C’est avec maestria qu’il procède à mettre le dispositif dès janvier 2020 en plaçant le général-major Abdelaziz Medjahed comme conseiller à la présidence. Ce dernier est le patron du Said Chengriha à Lakhdaria durant les années 90. Le général Said Chengriha peine à s’affranchir de l’étiquette chef d’état-major intérimaire depuis le décès de son prédécesseur Gaid Salah. Ce dernier a mis en place une liste de 25 généraux de haut commandement qui devraient être écartés après les présidentielles. La liste fut détenue par le secrétaire général du MDN le général Abdel Hamid GHRISS actuellement en prison. L’actuel Chef d’état-major en faisait partie c’est ce qui a motivé Said Chengriha a une alliance objective avec les éléments de l’ancien Etat profond.

Général Major Abdelaziz Medjahed

Bien qu’il fût mis à la retraite depuis en 2003, il revient le 19 février 2020 au poste de conseiller à la présidence chargé des questions sécuritaires et militaires. Sa mission est d’appuyer la nomination de Said Chengriha au poste de chef d’état-major intérimaire depuis plus de 6 mois. Celui-ci est nommé officiellement le 03 juillet 2020.alors que son ancien chef Abdelaziz Medjahed sera nommé le 17 septembre 2020 à la tête de  l’Institut national d’études de stratégie globale (INESG) un établissement alimentant les académies militaires du pays.

Le Colonel Chafik Mesbah

Nommé le 20 avril 2020 à la tête de la toute nouvelle agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement. Les contours de sa fonction ne sont pas définis de manière rationnelle dans le décret de nomination. Ayant perdu du terrain sur les crises régionales et continentales, la diplomatie algérienne tend à reprendre sa place à travers une agence dirigée par un universitaire ayant servi au sein du DRS. Il rentre en conflit avec le ministre des affaires étrangères sur les prérogatives octroyées à la nouvelle agence. L’activité de la nouvelle structure tombe en désuétude mais pas son directeur. Il est nommé au début du mois de novembre à la fonction de Conseiller à la présidence chargé des « affaires réservées ». Là également, les contours de la mission ne sont pas définis afin de ne pas susciter des émules et de la contestation.

Le général Major Djebbar Mehenna

Ayant été un élément important dans le dispositif sécuritaire des années 90 en dirigeant la DCSA de 2004 à 2014, le général Djebbar est mis à la retraite en février 2014. Arrêté le 21 Octobre 2019, dans le sillage des purges du général Gaid Salah, il est accusé de corruption, abus de pouvoir, enrichissement illicite, blanchiment d’argent et condamné à 8 ans de prison. Il sera libéré moins d’un an le 23 juillet 2020.Il vient d’être nommé à la tête de la direction du conseil et du suivi (DCS) dans les nouveaux locaux des services à Douira. Cette nouvelle structure dispose des prérogatives plus larges que celle octroyées au directeur de la DGSI.

Le général Hocine Abdelhamid alias Boulahya,

Il est originaire comme Djebbar Mehena de Larbaâ Nait Irathen en grande Kabylie. Il s’établit en Espagne en fuyant les purges entamées par Gaid Salah en  2019. Il revient pour prendre le poste du directeur des opérations du renseignement et d’analyse au sein de la DDSE (direction de la documentation de la sécurité extérieure) dépendant du général Ouled Zmirli.Sa mission est de neutraliser les militants actifs au sein de la diaspora (You tubeurs, journalistes indépendants, opposants politique au système). Le pratiques violentes ainsi que son passé le place parmi les officiers les plus violents des années 90.

Le colonel Heddad Abdelkader alias Nacer El Djen

Comme son alter-égo Le général Boulahya, le personnage est connu par ses connaissances comme l’officier le plus sanguinaire depuis les 30 dernières années. Nacer El Djen comme Hocine Boulahya ont fait partie de la force 192, créée au début des années 90,  que beaucoup l’assimile à un escadron de la mort dirigé par le lieutenant-colonel Abdelkader Ait Ourabi alias Hassan devenu général. Les deux acolytes ont évolué ensuite dans les rouages de la DCSA dirigée par le général Djebbar Mehenna jusqu’à leur fuite en Espagne en 2019.Nacer El Djen promu récemment à la tête du CPMI (centre principal militaire d’investigation) de Benaknoun appelé aussi centre Antar. Il remplace le général Hicham Miloudi. La nomination de Nacer El Djen a suscité une certaine réprobation, gélée pour un certain temps avant qu’elle ne soit imposée par le chef d’Etat-major actant le plan élaboré sur les hauteurs d’Alger par le tandem Nezzar toufik.

Le général Yahya ali Oulhadj

Mis à la retraite le 03 juillet 2019, mais garde une relation étroite avec le chef d’État-major le général Chengriha qui le place à la tête de la gendarmerie Nationale le03 Aout 2021. Il remplace Nordine Gouasmia, proche du général Major Ben Ali et de Gaid Salah. Bien qu’ayant été mis à la retraite d’office le 3 juillet 2019 pour corruption, le général Yahia Ali Oulhadj avait été nommé « chef d’état-major du « commandement de la Gendarmerie » par Said Chengriha

 

 

 

1 COMMENTAIRE

  1. La mafia militaro-politique est toujours au pouvoir comme l’a dénoncée le président Macron. Elle s’est appropriée le pays confisquant l’indépendance et privant les algériens de libertés provoquant la destruction de l’Algerie et de son peuple. Depuis 1962 le système corrompu du clan du FLN imposé par les armes et par le sang crée ses propres monstres pour diriger l’Etat refusant la démocratie et la liberté aux citoyens dont bcp ont fui par millions surtout vers l’Europe et des milliers de jeunes algériens continuent à se jeter à la mer au péril de leur vie pour rejoindre les terres chrétiennes. Malgré le mouvement du Hirak et les dizaines de millions de manifestants l’armée refuse une transition pacifique et elle serait prête à déclarer la guerre aux civils et recommencer les massacres des années 90. On assiste depuis 60 ans à l’échec tragique de la Révolution et du sacrifice des glorieux martyrs. A quand l’émergence d’une Algérie de justice et de liberté pour le peuple ?

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