Justice, le patron du FLN Amar Saâdani face à Mondafrique

Président jusqu’en 2007 de l’Assemblée populaire nationale (APN), l’actuel secrétaire général du FLN, Amar Saadani, n’a jamais eu aucun problème de visa pour se rendre en France, où il disposait de biens immobiliers et où certains ses enfants font leurs études. Sans doute même était-il en possession d’un passeport diplomatique qui lui facilitait ses voyages parisiens.

Un immigré VIP

Or la surprise, la voici : d’après trois sources au ministère de l’Intérieur français, le patron du FLN est inscrit au Fichier National des Etrangers, au numéro 9203214603, comme un immigré quelconque. La demande a été introduite à la Préfecture de Nanterre le 12 avril 2011. Le dossier porte le numéro 9210000000.  Une telle série de chiffres comportant sept zéros indique que la demande de papiers est « signalée » et que le demandeur est un personnage protégé. Ce qui est bien le moins quand on a été, comme monsieur Saadani, le troisième personnage de l’Etat algérien.

Le 16 octobre 2012, la carte de résident de dix ans est attribuée à Amar Saadani. Le document indique qu’il est né à Oum Arais, une commune située en Tunisie pas très loin de la frontière algérienne. Sur les statuts de la SCI « l’Olivier » qu’il possède comme on l’a vu, un autre nom de commune, « Moulares », indique le lieu de naissance de naissance d’Amar Saadani. En fait, « Moulares » est l’appellation ancienne de ce village durant l’occupation française, alors qu’ « Oum Arais » est le nom arabe actuel. Une façon de brouiller les pistes ?

La Préfecture de Nanterre a domicilié Amar Saadani au 13-15 boulevard Victor Hugo, où il possède  un confortable appartement. Le nom de la SCI « l’Olivier » apparaît également sur ses papiers.

Une base arrière

Pourquoi le patron du FLN, qui ne cesse dans ses discours de renvoyer la France à ses responsabilités historiques durant la guerre d’Algérie, vient-il à Nanterre en 2011 réclamer des titres de séjour? En fait, seule la chronologie des scandales qui éclatent en Algérie au début du troisième mandat de Bouteflika (2009-2014) éclaire la démarche d’Amar Saadani.

Mis en cause en 2008 dans le scandale des détournements de la Générale des Concessions Agricoles et frappé, d’après le journal El Watan, d’une interdiction de sortie du territoire, Amar Saadani entame alors une traversée du désert. Après la réélection de Bouteflika en 2009, le patron se rapproche du frère du président, Said, une sorte, croit-il, d’assurance vie judiciaire. Hélas, ce calcul se révèle très aléatoire. La protection présidentielle ne suffit pas à protéger de poursuites judiciaires les proches de Bouteflika. Ainsi les luttes de clan provoquent, en 2010, la démission du ministre de l’énergie, Chakib Khelil, bien qu’il soit l’intime du président Bouteflika. Plus tard, Chakib Khelil, dont Amar Saadani prendra la défense, mais sans succès, se réfugiera aux Etats Unis…..

Autant de soubresauts judiciaires qui expliqueraient qu’Amar Saadani ait souhaité préparer, dès 2011, une possible retraite en France. Avec des titres de séjour en prime.