La volonté de la junte militaire au pouvoir au Mali depuis août dernier de favoriser une union nationale, y compris avec les groupes armés djihadistes, provoque de graves tensions avec la diplomatie française.«
Malgré la volonté du gouvernement de transition malien de ne pas mettre d’huile sur le feu, la cohabitations des forces françaises et des forces maliennes au sein de l’opération « Barkhane » devient de plus en pus acrobatique. D’un coté, le pouvoir malien cherche à fonder un consensus national en engageant le dialogue avec les groupes armés animés notamment par le chef touareg Iyad Ag Ghali<. De l’autre coté, l’armée française, quelque 5200 soldats mobilisés au Sahel dont la plupart au Mali, persistent à pourchasser les chefs djihaistes qu’ils exhibent abattus comme autant de trophées et qu’ils combattent depuis neuf ans. Pas de chance pour l’entente entre Paris et Bamako, Ag Ghali, pourtant protégé par l’Algérie,est considéré comme l’ennemi pubiic numéro un par la France
Autant dire qu’il y a beaucoup de friture sur la ligne entre les deux alliés, même si le président Macron recevait à déjeuner fin janvier à Paris son homologue malien.
Situation ubuesque
Moctar Ouane, le Premier ministre de la transition au Mali, a préconisé récemment de favoriser le dialogue avec « tous les enfants du Mali », y compris les enfants les plus turbulents. À savoir les milices d’auto défense qui se sont multipliées dans tout le pays et plus spectaculaire, les djihasistes affliés à Al-Qaida.
Ainsi les émissaires du Haut Conseil Islamique, présidé jusqu’en 2019 par le puissant imam Dicko, ont orchestré u cessez le feu dans la collectivité de Nionio dans le centre du pays entre des groupes armés hostiles. Ce qui veut dire concrètement que les soldats d’Allah, combattus par la France, sont libres d’embrigader les populations de cette région centrale du Mali.is
La réconciliation nationale
Au nom toujours de « la réconciliation nationale » votée dans « une loi d’entente » évoquée par « le Canard Enchainé », la junte militaire vient de libérer le général Sanogo, cerveau du putsch qui en 2012 devait précipiter l’écroulement de l’Etat, la déroute de l’armée puis l’interention française. C’est ce général félon qui est responsable du massacre de 21 soldats loyalistes dont les familles viennent d’être dédommagées. C’est que Sanogo compte de bons amis au sein du nouveau pouvoir.
Avec des militaires au pouvoir qui s’appuient sur les personnalités aussi variées que l’Imam Dicko ou le général Sanogo, dont l’hostilité à la France est patente, on voit se recomposer le paysage politique et diplomatique malien, aux antipodes des fantasmes d’un Mali démocratique et laïque, tels qu’il a été vendu par les Présidents Hollande et Macron à une opinion publique française qui, au fil des années, s’est totalement désintéressée du sort de ce pays ami et allié
Best of Mali (5), le Conseil de transition en apesanteur