Algérie, le puissant général Tewfik joue désormais au football

Tout puissant patron des services secrets algériens avant d'être poussé vers la sortie par le président Bouteflika en 2014, le général Tewfik semble avoir définitivement tourné le dos à la politique.

Depuis sa mise à la retraite en septembre 2015, le général Mohamed Mediène, surnommé « Tewfik », l’ancien patron du département de Renseignement et de sécurité (DRS) (1)  manque terriblement à ceux qui ont fait de lui leur fonds de commerce en l’élevant au rang de Dieu. Ces fidèles d’entre les fidèles ne ratent pas la moindre rumeur pour le faire sortir de sa paisible retraite en lui prêtant des intentions de revanchard contre Bouteflika. A moins qu’ils n’évoquent une rencontre avec le locataire du palais de Zéralda, nouveau siège de la Présidence de la république, comme a pu l’écrire « Mondafrique » dans un papier précédent sur la foi de sources crédibles.

Ce qui semble certain, c’est que l’ancien homme fort de l’Algérie a officielleemnt tourné le dos à la politique et coule une paisible retraite sur les hauteurs d’Alger. C’est le message que certains de ses proches font passer aujourd’hui à l’extérieur.

Parties de football

En réalité, le général Tewfik coulerait sa retraite paisiblement entre sa résidence au Val de Hydra sur les hauteurs d’Alger et l’Institut de l’hôtellerie de Aïn-Benian doté d’une belle infrastructure sportive. Ce terrain de footballdoté d’une belle pelouse est devenu le centre d’entraînement de l’équipe « sénior » des clubs algériens de football, le Mouloudia d’Alger, dont l’ancien patron du DRS est un fan de longue date.

On découvre sur cette photo vieillie, le général Tewfik, le troisième debout en partant de la gauche, qui encore jeune, participait à l »équipe de football de son quartier

 

 

Encore aujourd’hui, beaucoup d’anciennes gloires de ce club avec d’autres anciens internationaux issus des clubs les plus huppés de la capitale, se livrent deux à trois fois par semaine à de passionnantes parties de football avec la participation du général Tewfik. « Malgré son âge avancé (74ans), il tient bon pendant les 90 minutes de jeu. C’est peut-être ça le secret de sa bonne santé » observe un des partenaires de jeu du général retraité.

De rares visiteurs

« Autrefois, aux côtés des anciens footballeurs se joignaient des ministres et des officiers généraux qui se rapprochaient du mythique patron des services secrets. Maintenant on ne trouve que de paisibles footballeurs retraités qui n’ont jamais bénéficié du soutien du général du temps où il était en activité » fait remarquer un ancien responsable de l’un des clubs les plus prestigieux d’Algérie.

D’ailleurs, depuis sa mise à la retraite le général Tewfik a vu son réseau relationnel se réduire comme une peau de chagrin. Les visiteurs du soir se firent de moins en moins nombreux à lui rendre visite. L’interpellation de l’ancien PDG d’Air Algérie et député FLN, Wahid Bouabdallah, par les services de sécurité au mois de juin 2016 au moment où il quittait le domicile du général Tewfik donné en effet beaucoup à réfléchir à nombre des fidèles de l’ancien patron du DRS.

Aucune passerelle avec la Présidence

Il est à rappeler qu’à cette période, le domicile du général de corps d’armée Mohamed Mediène, dit Tewfik, était placé sous surveillance policière. Une surveillance qui ne disait pas son nom puisque sa résidence se trouve à quelques encablures du siège de la Direction des Ressources Humaines de la Direction Générale de la Sureté Nationale (DGSN). En outre, sa villa se trouve dans une impasse et il a pour seul voisin le général Khaled Nezzar, l’ancien ministre de la défense nationale. La surveillance du domicile du général Tewfik s’explique comme « un acte de protection d’un point sensible », explique un proche du général.

La même source dément toute rencontre entre le général Tewfik, depuis sa mise à la retraite forcée en septembre 2014, et le président Bouteflika. « A ma connaissance, indique notre source, le général n’a plus rencontré le chef de l’Etat depuis avril 2013, soit quelques jours avant son hospitalisation au Val-de-Grâce. Si les deux hommes avaient eu l’occasion de se rencontrer, le général Tewfik serait toujours en activité. Le président a, toujours, compté sur lui et considéré comme un homme de confiance.»

Une page est tournée qui vit cohabiter les deux hommes forts de l’Algérie, le président Bouteflika et le patron du DRS. Voila ce qui devrait faire perdre espoir à tous ceux qui croient encore en un possible retour aux affaires du général Tewfik.

(1)  Le DRS, né en 1990, a été dissous par le président Bouteflika avant d’être remplacé par une nouvelle direction rattachée à la Présidence de la république