Algérie, Abderrahmane Dahmane, conseiller pour la France d’Ali Ghediri

Ali Ghediri accélère l’installation de ses comités de soutien en Algérie et… à l’étranger. Et en France, le général-major à la retraite et candidat à l’élection présidentielle du 18 avril prochain vient de désigner officiellement Abderrahmane Dahmane,  ex-secrétaire national à l’immigration de l’UMP et ex-conseiller à l’intégration à l’Elysée, comme directeur de campagne en France. PORTRAIT 

Dans le vieux rade kabyle de la gare de l’Est, « le piano bar », où il possède son rond de serviette, Abderramane Dahmane est, en ce début d’ammée 2019, accroché à son portable et vissé à son face book vingt quatre heures sur vingt quatre, aussi enthousiaste qu’il l’était, hier, au service de Nicolas Sarkozy alors Président de la République, ou jadis quand il faisait les courses de l’Amicale des Algériens en France. « Tu es au courant ?», attaque d’emblée ce communicant hors normes. Et d’ajouter: « je reprends du service, je soutiens le général Ali Ghediri, l’homme qu’il faut à l’Algérie ».

Sa boulimie de réseaux et son flair politique lui ont permis de survivre à ses innombrables retournements politiques. Cet ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée aura été un des premiers à vendre à la classe politique françaises ses contacts en Algérie et un hypothétique vote beur en banlieue, deux cartes maitresses dans le jeu de ce propagandiste infatigable.    

Dans son parcours fluctuant, la première touche de l’ami Dahmane aura été le patron de l’Amicale des Algériens, Ali Amar. Lors des émeutes d’octobre 1988 en Algérie, qui firent des centaines de morts, ce cacique du FLN vole au secours du pouvoir algérien qui le nourrit et évoque, d’une formule qui restera gravée dans les mémoires, un simple « chahut de gamins ». Or c’est Ali Amar qui prête un local au jeune Dahmane, rue d’Aboukir, pour loger sa première association, « Génération 2000 ».  Dès ces années là, notre lascar s’incruste aussi bien à l’Elysée qu’à la Préfecture de Police de Paris. Le conseiller franco-algérien du deuxième septennat de François Mitterrand, Olivier Zéhar, recruté à l’époque par Jean Louis Bianco, secrétaire général de l’Elysée, est un de ses contacts privilégiés. Et les fonctionnaires des défunts Renseignements Généraux de la Préfecture de Police (RGPP)  ses interlocuteurs réguliers. 

L’énergie d’Abderrahmane Dahmane est légendaire. Que SOS racisme se crée, et on le voit assister aux premières réunions. Que Jacques Chirac, alors maire de Paris, rende visite à la Mosquée de Paris, et c’est Dahmane en personne qui l’accueille: « Je suis responsable, affiche-t-il,  de la communication de la Mosquée». C’est pour lui demander un cinq pièces à Belleville pour abriter « Radio Maghreb » qu’il crée en 1994 et où défilent d’innombrables personnalités politiques française, d’Edouard Balladur à Daniel Vaillant et la plupart des décideurs algériens. 

Dahmane, « un pont sur la Méditerranée » à lui seul

Lorsque Nicolas Sarkozy nommé ministre de l’Intérieur en 2002, Abderrahmane Dahmane devient sarkoziste. Le voici promu en 2004 secrétaire national à l’UMP. Deux ans plus tard, l’ami Abderrahmane est nommé conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, promu inspecteur général à l’Education et fort de la confiance totale de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée. Lors de la remise de sa légion d’honneur en 2009, Nicolas Sarkozy vante « le pont sur la Méditerranée » que représente Dahmane, incontestable courroie de transmission entre le pouvoir français et les militaires algériens. « Je connais la plupart des généraux à Alger, ils ont combattu avec les miens dans les maquis contre les Français. Ce sont des relations quasi familiales, notamment feu Smain Lamari, le numéro deux des services algériens qui était un honnête homme.» Abderrahmane Dahmane aura toujours servi les intérêts de la redoutable sécurité militaire algérienne, la fameuse SM devenue DRS, avec une fidélité indéniable. Il aura été un des premiers durant les années noires entre 1992 et 1999 à organiser des manifestations de soutien pour l’armée algérienne qui luttait, sans états d’âme, contre les islamistes. Et s’il fallait faciliter pour ses réseaux algériens l’obtention de papiers auprès de la Préfecture de Police de Paris, l’ami Dahmane répondait toujours présent. 

Ecorché vif sous sa carapace de blédard, Abderrahmane Dahmane n’a jamais transigé avec ce qui ressemble au racisme et à la xénophobie. Quand en 2010 il comprend que Nicolas Sarkozy est passé sous l’emprise totale de son « mauvais génie » venu de l’extrême droite, Patrick Buisson, l’ami Abderrahmane prend sa plus belle plume pour le sommer de ne pas faire de l’islam un sujet de campagne. Buisson naturelleemtn l’emporte sur Dahmane, le divorce est consommé. 

Ce sera pour mieux se retourner, vers les socialistes grâce à son ami Daniel Vaillant, l’ancien ministre de l’Intérieur de Lionel Jospin et maire du XVIII eme arrondissement qu’il a connu lorsqu’il était conseiller d’orientation dans un collège de ce quartier. On le surprendra donc, peu avant les présidentielles de 2012, rendre une visite de courtoisie au candidat de gauche, François Hollande,  en compagnie du recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubekeur, traditionnellement lié à la droite française, soucieux de  prendre quelques assurances à gauche. 

Au début du mois de février 2016, Abderrahmane Dahmane effectue un voyage en Algérie en compagnie d’Anne Hidalgo, la maire de Paris. « Anne, explique-t-il, est une amie, je la connais depuis toujours». Avec son langage coloré et ses indignations calculées, l’ami Abderrahmane est un formidable conteur qui transforme son existence en une épopée haletante. « Ce fut un truc royal, ce voyage, tout le monde en parle à Alger. Anne a eu les télés, la presse. Elle a vu tout le monde : « Boutef », le chef de l’Etat, comme le Premier ministre Sellal, à qui j’ai conseillé d’arrêter ses conneries avec ses projets sur les binationaux ». 

Le monde selon Abderrahmane se divise entre « les connards » et les autres. L’hiver dernier, le recteur de la Mosquée de Paris appartenait résolument à la catégorie des « connards ». A l’époque, Abderramane Dahmane ne pardonnait pas à Dallil Boubekeur d’avoir renoncé à soutenir un projet de manifestation contre le terrorisme qu’il avait imaginé, durant l’automne 2O15, devant la mairie du XVIII eme de « son ami »Vaillant. Anne Hidalgo devait être présente, Claude Bartolone aussi…Et puis voici Dalil qui, avec sa volte face, fait tout capoter. « Le nabot, commente-t-il, a du l’appeler.» « Le nabot » ? « Nicolas Sarkozy naturellement », son ancien patron. 

Aussi prompt à se réconcilier qu’à se brouiller, l’ami Abderrahmane a organisé à la Mosquée de Paris, à la fin du mois de juin 2006, de nombreuses ruptures de jeune en compagnie de ….Dallil Boubeker. Tous deux, redevenus amis, ont invité Anne Hidalgo, la maire de Paris, Valérie Pécresse, la présidente du Conseil régional d’Ile de France ou encore Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur. « Je suis invité partout », se félicite-t-il. En juin dernier,  notre lascar était convié comme chaque année l’Ambassade à Paris à partager une soirée de Ramadan avec quelques dizaines de VIP de la communauté musulmane française. Sur son facebook, on le découvre donnant l’accolade à l’épouse du vice président américian, présente à cette soirée.. 

Aux dernières nouvelles, la brouille ne serait pas totale avec Nicolas Sarkozy. De sa plus belle plume, il lui a envoyé, via un avocat africain, un message pour un éventuel ralliement. A ses conditions, forcément. 

5 Commentaires

  1. C’est tout de même étrange !
    Le premier soutien de poids en Algérie, en faveur de Ghediri, à savoir le célèbre avocat Mokrane Aït Larbi (ex n°2 du RCD, et néanmoins personnalité respectée), a vite fait de démentir que le sieur Dahmane représente en France le général-major à la retraite.
    Comme aucun démenti n’a été apporté à cette déclaration publique, force est de se poser des questions. Entre Dahmane et Aït Larbi, il y en a forcément un qui raconte des salades…

  2. Chaque jour l’image s’éclaircisse de plus en plus et chaque foi un visage de l’ancien clan du DRS sort de l’ombre. La vérité ne se cachera jamais et le temps ne tardera plus pour que le peuple algérien décryptera la vrai histoire de son payer. Une chose est certaine; La France est toujours derrière tous malheurs de l’Algerie.

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