Présidentielle Gabon (2), Albert Ondo Ossa, l’opposant qui défie Bongo.

Depuis qu’il a été désigné comme « candidat consensuel » le 18 août 2023, Albert Ondo Ossa candidat à l’élection présidentielle prévue pour le 26 août 2023 au Gabon fait sensation. Mondafrique brosse le portrait d’un homme qu’on n’attendait pas.

 

Présidentielle Gabon (5), une démocratie d’opérette

Au Gabon, Albert Ondo Ossa est sur un nuage. Candidat modeste à l’élection présidentielle prévue au Gabon le 26 août 2023 son passage à une émission consacrée aux candidats qui se tient sur la chaîne publique gabonaise  a tout changé. Interrogé le 16 août 2023 par des journalistes, l’homme se livre avec un charisme et une éloquence certaine à un diagnostic sans appel sur la situation du Gabon et donne la solution « il faut changer les Bongo », car le parti démocratique gabonais (le PDG, au pouvoir depuis 1967) « a échoué en tout ».

Un candidat consensuel

L’émission connaît un franc succès et sur Internet elle est partagée à l’envi, elle fait le buzz comme on dit communément. Mais ce n’est pas tout. Albert Ondo Ossa bénéficie d’un alignement des planètes  très exceptionnel. Il obtient le 18 août 2023 le soutien de la plateforme Alternance 2023 qui regroupe plusieurs personnalités politiques, dont Paulette Missambo et Alexandre Barro Chambrier candidats déclarés à l’élection présidentielle qui se retirent. Albert Ondo Ossa est devenu « le candidat consensuel » de l’opposition et engrange d’autres soutiens notamment de Paul Mba Abessole et de Guy Nzouba Ndama.

Depuis, la mobilisation autour de lui grandit. Albert Ondo Ossa rassemble des foules immenses dans plusieurs villes du Gabon et se voit clairement en successeur d’Ali Bongo.

Universitaire et ancien syndicaliste

L’homme qui se voit en successeur d’Ali Bongo est né le 17 juillet 1954 à Minvoul dans la province du Woleu Ntem au nord du Gabon. Après des études dans un lycée catholique réputé puis à l’Université de Libreville, il intègre l’université de Nancy II où il obtient un doctorat en sciences économiques en 1984. Sa thèse a pour titre « Le paradoxe du Gabon, un pays riche mais sous-développé ». Professeur agrégé d’Économie et enseignant à l’Université de Libreville, Albert Ondo Ossa devient membre actif du Syndicat National des Enseignants et Chercheurs (SNEC) avant d’être nommé ministre de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur en 2006 puis de l’enseignement supérieur en 2007 enfin de la recherche scientifique et du développement technologique en 2008.

Carrière politique et tentative d’assassinat

Après la mort d’Omar Bongo en 2009, Albert Ondo Ossa se présente à l’élection présidentielle anticipée du 30 août 2009 où il se présente comme la vraie alternative entre « le PDG originel, Le PDG dynastique et le Néo PDG ». Très critique envers Ali Bongo, Albert Ondo Ossa ne rejoint cependant aucune formation politique et n’en crée aucune. 

Le dimanche 8 juin 2014, Albert Ondo Osso est victime d’une tentative d’assassinat à Libreville alors qu’il revient de la messe avec sa fille. En effet, au volant de sa voiture, Albert Ondo Ossa ne remarque pas qu’il est suivi par une voiture dans laquelle se trouvent trois personnes. Cette voiture  finit par entrer volontairement en collision avec la sienne et lorsqu’il descend de sa voiture croyant à un accident, Albert Ondo Ossa est poignardé à l’abdomen par l’un des passagers du véhicule qui prend la fuite. L’enquête n’aboutira jamais malgré le fait que cette tentative d’assassinat ait été filmée par des caméras de surveillance…

Vainqueur probable 

Albert Ondo Ossa a changé le cours d’une campagne et d’une élection régie par des lois scélérates. Il a réussi à susciter un engouement des populations autour d’une « élection » qu’Ali Bongo voulait « pliée d’avance » en s’assurant d’ une « victoire par K.O » gage selon lui d’une élection « aux lendemains apaisés « . La popularité d’Albert Ondo Ossa est vérifiable et la mobilisation autour de lui  impressionnante.

La victoire dans les urnes d’Albert Ondo Ossa est très probable sinon certaine tant le rejet d’Ali Bongo est croissant depuis 2009 et que la coalition qui le soutien a réussi à mettre en échec le plan qui liait le vote du président à celui du député de son parti en demandant aux électeurs de ne voter que pour Albert Ondo Ossa et d’ignorer le vote des députés.

Mais une prise du pouvoir hypothétique 

Toutefois, sauf miracle particulier, on peut affirmer qu’Albert Ondo Ossa ne sera pas déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 26 août 2023 tant ceux qui disent le vote au Gabon sont liés et inféodés à Ali Bongo. 

Un Ali Bongo qui est surtout protégé par une garde prétorienne – la Garde Républicaine forte de plus de 2500 hommes – qui a un chant qui dit « je défendrai mon président avec bravoure au péril de ma vie, je défendrai mon président avec honneur et fidélité, la garde meurt, mais ne se rend pas».

Pas sûr que ces hommes qui ont juré loyauté à Ali Bongo « le patron », changent d’avis. Mais après tout – même au Gabon – tout est possible…