Le film ‘Parsley’ met en lumière un massacre oublié d’Haïtiens

Image extraite du film 'Parsley' de José María Cabral. Photo: Visit Film.
Le réalisateur José María Cabral revient sur une tragédie qui demeure une note de bas de page dans l’histoire dominicaine: le massacre du Persil, un massacre d’Haïtiens qui a duré une semaine à la frontière dominico-haïtienne, du 2 au 8 octobre 1937. 
Image extraite du film ‘Parsley’ de José María Cabral. Photo: Visit Film.

Sur ordre du dictateur Rafael Trujillo, le massacre a été étouffé. Jusqu’à l’assassinat de Trujillo en 1961, ce massacre a été présenté comme un soulèvement isolé de paysans. Ce qui s’est passé pendant ces sept jours est une atrocité née de la haine profonde à l’égard du peuple haïtien. Parsley remet en lumière ce moment tragique de l’histoire commune des deux pays..

L’histoire racontée par le réalisateur dominicain José María Cabral est celle d’un couple, Marie (Cyndie Lundy) et Frank (Ramón Emilio Candelario), qui traverse les prémices du massacre tout en attendant un bébé. Parsley est un film difficile à regarder, car le réalisateur n’occulte aucune description de la brutalité du régime de Trujillo. Le sang, les démembrements et les appels à la pitié sont filmés. Juste après le début de la tuerie, un montage montre les morts regardant droit dans l’objectif de la caméra. Marie, enceinte, et son mari tentent de survivre, mais le réalisateur oblige le public à devenir le témoin du génocide d’État.

Une semaine après le massacre, les citoyens haïtiens ont fait pression sur le président haïtien, Sténio Vincent, pour qu’il demande réparation au gouvernement dominicain. Suite à une enquête américaine, il a été convenu que 750 000 dollars seraient versés par Trujillo à Haïti. Cependant, en raison d’une négligence délibérée, seuls 525 000 dollars ont été versés, somme que les descendants des victimes qui ont fui pendant les massacres n’ont jamais vue. Trujillo a défendu le massacre comme un mal nécessaire pour supprimer la migration indésirable des Haïtiens dans le pays. Sa xénophobie et son racisme étaient un signal à l’attention des nationalistes dominicains, ce qui légitima encore davantage son pouvoir pour les 24 années suivantes.

Dans le film, Marie ne veut pas que son enfant naisse à un moment aussi grave. Pourtant, à la manière fataliste des Dominicains, Miguelina dit : « Le moment de la naissance, ni vous ni moi ne pouvons le décider. »

Il n’existe aucun rapport officiel sur le nombre de personnes assassinées, mais on estime que 4 000 et 20 000 Haïtiens ont disparu.

Un autre trailer du film Parsley sur Facebook.

Festival du film latino-américain AFI

Parsley a été projeté dans le cadre du festival du film latino-américain AFI (8633 Colesville Road, Silver Spring, Maryland) les 1er et 2 octobre: https://silver.afi.com/Browsing/Movies/Details/f-0100003673

Le réalisateur

José María Cabral. Photo: Hernan Herrera.

José María Cabral González (né à Saint-Domingue le 24 juillet 1988) est un réalisateur, scénariste et producteur dominicain. Il est considéré comme l’un des plus importants réalisateurs de la République dominicaine. Il a réalisé sept longs métrages. Cabral Gonzalez est reconnu comme le premier cinéaste dominicain à être sélectionné par le Festival du film de Sundance avec son film Woodpeckers. Cabral a commencé à faire des films quand il avait 16 ans, en faisant des projections privées de courts métrages à la famille et aux amis dans les cinémas locaux, l’un d’eux, Excexos, a obtenu une distribution nationale en 2008. Son premier long métrage, Jaque Mate (2011), a été projeté dans un grand nombre de festivals de cinéma, Arrobá et Despertar ont suivi en 2013 et 2014, entrant également dans les circuits des festivals. En 2015, il a sorti Detective Willy, un film d’aventure comique. Cabral a présenté son avant-dernier film, Carpinteros, en janvier au Festival du film de Sundance 2017, une histoire sur les réalités et les relations des prisonniers dans les prisons dominicaines.

Le film

Réalisateur : Jose Maria Cabral
Acteurs : Cyndie Lundy, Ramon Emilio Candelario, Attabeyra Endarnacion
Scénario : Arturo Arango, Jose Maria Cabral, Nurielis Duarte, Joaquin Octavio Gonzalez, Alan Gonzalez, Xenia Rivery
Producteur : Rafael Elias Munoz
Directeur de la photographie : Hernan Herrera
Montage : Nacho Ruiz Capillas
Musique : Jorge Magaz
Design de production : Wilhem Perez
Société de production : Lantica Media, Tabula Rasa Films (République dominicaine)
En espagnol
85 minutes

Et encore

Voir l’article de Michael Piantini, Parsley Brings a Haitian-Dominican Massacre to Light, Hyperalergic, 21 septembre 2022.