Madagascar, des missions électorales aux ordres

Au lendemain d’une nuit de couvre-feu dans la capitale Antananarivo, Madagascar votait dans un calme relatif jeudi 16 novembre lors du premier tour de sa présidentielle, dans un contexte de vives tensions entre le camp du président sortant, Andry Rajoelina, confiant de l’emporter, et dix candidats de l’opposition qui ont appelé au boycott. La participation n’aurait pas dépassé les 20% de votants d’après l’opposition.

Candidat à sa réélection dont les résultats seront connus mardi prochain, Andry Rajoelina est décidé à mettre toutes les chances de son côté, en blanchissant les nombreses irrégularités aux quelles les correspondants étrangers ont pu assister.

Andry Rajoelina a ainsi autorisé, avec le concours du président par intérim, le général Richard Ravalomanana, la venue de la mission électorale de l’Internationale libérale (IL), devenue la formation Arche de la nation (ADN) en 2015 et pilotée par l’ancien premier ministre guinéen Cellou Dalein Diallo. Ses 12 membres, arrivés le 14 novembre, ont prévu de rester jusqu’au 18 novembre à Antananarivo.

L’IL, fondée en 1947, est une fédération de partis politiques sociaux-libéraux à travers le monde : Madagascar en est membre observateur depuis 1994, à travers le parti Mpitolona ho an’ ny Fandrosoan’ i Madagasikara (« Militant pour le progrès de Madagascar »). 

Cette délégation bénéficie de la bienveillance d’Andry Rajoelina – contrairement à d’autres, telle celle de la Southern African Development Community. En effet, le chef et fondateur de l’ADN n’est autre que le puissant Edgard Razafindravahy. Ce ministre, depuis 2020, de l’industrialisation et du commerce dispose dans son portefeuille du secteur lucratif de la vanille. Edgard Razafindravahy est aussi le propriétaire de l’Express de Madagascar, l’un des principaux quotidiens du pays, ainsi que de plusieurs radios nationales.