« L’internationale » naissante des patrons des juntes militaires africaines

Le mardi 3 novembre, le nouveau putschiste du Burkina Faso, Ibrahim
Traoré a rencontré son homologue malien Assimi Goïta à Bamako. « 

Cette visite de quelques heures seulement avait pour principal but de de renouer la coopération militaire entre les deux Etats, cette dernière
ayant été mise à mal par le départ du Mali de la force conjointe du G5 Sahel. Mais dès l’annonce de ce déplacement des suspicions sont nées dans la presse et sur les réseaux.  Ne s’agissait-il pas d’organiser l’arrivée de la milice russe Wagner au pays de Thomas Sankara ?

Les Burkinabè ont beau s’époumoner pour dire, à l’instar de leur Premierministre que la coopération, avec la Russie est ancienne et qu’il n’est pas question de faire venir les « musiciens » la crainte des partenaires de voir ce pays tomber sous l’emprise de Moscou subsiste.

Les avertissements américains

Les Etats Unis ont dépêché, Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat aux affaires politiques, pour s’en assurer. Cette dernière est une politicienne sophistiquée  néoconservatrice, elle est la principale artisane du changement de régime à Kiev en 2014 où elle distribuait des petits pains aux insurgés ! Elle est allée à Ouagadougou en personne pour s’assurer que la nouvelle junte ne rejoindrait pas le « camp du mal ». Après avoir prévenu Ibrahim Traoré de tous les risques qu’il encourait s’il faisait le mauvais choix, elle est partie rassurée en laissant entendre que le Burkina Faso n’avait pas l’intention de recourir à Wagner et qu’il comptait sur ses propres forces.

Tous les Etats du G5 Sahel traversent la pire période de leur histoire, tant sur les plans sécuritaires qu’humanitaires, la situation n’a jamais
été aussi volatile et dangereuse, il semble pourtant que la seule préoccupation des partenaires soit la main du Kremlin dans le béret des
putschistes…

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)