A la tête d’un réseau qui voit le cannabis cultivé à l’île de La Réunion transporté par des vedettes rapides jusqu’à l’île Maurice, Jean Hubert Célerine n’a jamais été inquiété par les autorités mauriciennes. Jusqu’au mois dernier où il est tombé pour blanchiment.
Une chronique de Vel Moonien
Jean Hubert Célerine, la trentaine et des origines populaires, affiche volontiers sa fortune. Condamné par contumace par le tribunal de Saint-Denis, à l’île de La Réunion, pour trafic de drogue en juillet 2021, « Franklin », comme on le surnomme, est tombé dans les filets de la Commission anticorruption mauricienne. Il esr suspecté d’être à la tête d’un réseau de cannabis cultivé à l’île de La Réunion et transporté, à la faveur de la nuit, par des vedettes rapides jusqu’à l’île Maurice.
Franklin avait été condamné par la France à une peine de sept ans d’emprisonnement. Comme il n’a jamais été livré, notre trafiquant est parvenu à se bâtir une fortune colossale. C’est que la majorité des plants de cannabis local cultivés au milieu des champs de canne à sucre, avait été détruite par la Brigade des Stups mauricienne. Le mieux aura été, ces dernières années, d’en importer de l’île de La Réunion ou de Madagascar. À 30 euros le gramme pour le cannabis mauricien et à 100 euros pour le « zamal » réunionnais, Frankin a pu arrondir ses dins de mois
L’argent coulant à flots, des skippers n’hésitent pas à effectuer la traversée des 382 kilomètres qui séparent les « îles sœurs » pour convoyer le précieux chargement. Rien ne les arrête, et certainement pas la mer particulièrement démontée, durant l’hiver australe, de l’océan Indien. Le ballet incessant de go-fast dans le port de Sainte-Rose, base arrière préférée des trafiquants mauriciens, que la bande à Franklin a été retrouvée sous le radar des autorités réunionnaises … Et cela depuis 2017.
Le trafiquant est confondu comme celui qui finance et fournit cette logistique. Condamné, Franklin multiplie des escapades à Dubaï et à Madagascar, en évitant soigneusement de mettre le pied sur toute infime parcelle du territoire français. Son passé le rattrape au début d’année 2023 par le biais du militaire privé Bruneau Laurette qu’il a longtemps qui l’a publiquement accusé d’avoir fomenté un complot avec une unité spéciale de la police en novembre dernier afin qu’il soit « piégé » avec un stock de haschich.
La faute au racisme anti créole
Le trafiquant s’est largement diversifié dans l’élevage de bétail, la location de véhicules et la restauration rapide, trois des principaux « paravents mauriciens pour masquer le blanchiment d’argent. C’est d’ailleurs en mettant de l’avant ses « recettes » dans ces activités qu’il n’a pas été poursuivi pour le demi-million de roupies saisies dans sa Range Rover.
Sa défense? « Se parski mo enn ti natyon kinn arrive sa ». Traduisez: c’est son identité créole, d’origine africaine, quii expliquerait l’acharnement judiciaire. La procédure visant à geler ses avoirs et ceux de ses proches révèle qu’il n’avait aucun bien inscrit en son nom. Son compte bancaire est quasiment vide.
Franklin est cueilli au début du mois de février pour une villa grande luxe valant plus d’un demi-million d’euros construite sur un terrain qui ne lui appartenait pas à La Gaulette, un village du littoral du Sud-ouest. De sa terrasse en bois, notre heureux homme peut voir les vedettes rapides entrant et sortant de la commune du « Morne ».
Député de Rivière-Noire, cette belle région mauricienne où Franklin opérait, le chef de la diplomatie mauricienne ,Alan Ganoo, a juré sur « la tête de ses deux filles » qu’il n’avait jamais frayé avec le trafiquant. Personne ne l’avait prétendu !