Gabon – Frédéric Bongo sort de l’ombre

Frédéric Bongo. Montage : Mondafrique.

Frédéric Bongo, ancien patron du plus puissant service de renseignements du Gabon, dispose désormais d’un réseau social sur lequel il n’hésite pas à se montrer critique envers le régime de Brice Oligui Nguema, ancien aide de camp de son père, Omar Bongo, qui a fini par renverser son frère, Ali Bongo, le 30 août 2023. Est-ce le début d’un engagement politique ?

C’est sur X, anciennement Twitter, que Frédéric Bongo Ondimba a décidé d’être présent sur les réseaux sociaux. Ancienne pièce maîtresse du régime d’Ali Bongo et l’un des fils chéris d’Omar Bongo, qui lui avait confié la direction du plus puissant service de renseignements du Gabon (la Direction Générale des Services Spéciaux – Garde Républicaine), le colonel Frédéric Bongo est resté longtemps un homme de l’ombre et ne s’exprimait pas publiquement. Même après sa radiation des effectifs de l’armée gabonaise le 23 octobre 2023, à la suite du coup d’État qui a renversé son frère Ali Bongo près d’un mois auparavant, Frédéric Bongo avait fait parvenir, via son avocat Charles Consigny, une lettre dans laquelle il estimait sa radiation abusive. « Certains cherchent à me porter préjudice parce que je porte le nom de mon père », avait-il écrit dans cette lettre.

Frédéric Bongo (au fond à droite) lors d’une rencontre privée entre Omar Bongo et Nicolas Sarkozy à Paris. Il a été radié de la Garde Républicaine peu après la prise de pouvoir de Brice Oligui Nguema.

Retour dans le jeu politique

L’arrivée de l’ancienne pièce maîtresse du pouvoir gabonais sur l’ancien Twitter n’est pas passée inaperçue au Gabon, notamment auprès des nouvelles autorités. Passé par le Prytanée militaire de la Flèche, puis par l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, l’École des Officiers de Gendarmerie de Melun et l’École de Guerre de Paris, Frédéric Bongo — dont le nom est aussi associé au caractère répressif des régimes de son père et de son frère — a, sur Twitter, apporté son soutien au dernier Premier ministre d’Ali Bongo, Alain Claude Bilié By Nzé, adversaire plus que probable de Brice Oligui Nguema aux élections présidentielles prévues au Gabon en août 2025 : « Le Gabon ne se réinvente qu’à travers une identité forte et une culture affirmée. “Oser l’espérance pour un autre Gabon” d’Alain-Claude Bilié-By-Nzé nous rappelle que notre futur dépend de notre capacité à valoriser nos racines et notre patrimoine. »

« Le rachat d’Assala Energy par le Gabon fait débat »

Peu avant, Frédéric Bongo avait commenté le rachat d’une entreprise pétrolière que le nouveau régime a présenté comme un acte majeur : « Le rachat d’Assala Energy par le Gabon fait débat. Gestion incertaine, infrastructures vétustes, baisse de production et un prix élevé qui pourrait peser lourdement sur l’économie nationale. »

Des sorties qui agacent le nouveau maître du Gabon, qui voit de plus en plus la main de son prédécesseur à la Direction Générale des Services Spéciaux (DGSS) derrière toute action qu’il considère comme hostile à son régime. Ainsi, Yann Kogou, qui a demandé publiquement que Brice Oligui Nguema quitte le pouvoir et remette le pouvoir aux civils, a été torturé et jeté en prison, soupçonné — à tort et sans preuves — d’avoir été envoyé par… Frédéric Bongo !

Un Frédéric Bongo qui, pendant ce temps, n’hésite pas sur X à citer le compte de Monte Cristo : « Mais que feras tu de cette fortune ? Feras tu le bien ou laisseras tu ton cœur se remplir de haine ? » Mais avec comme hashtag « c’est enfin notre essor vers la félicité », le slogan du nouveau régime…

 

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