La Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC) ne fait guère mieux que sa consœur d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En effet, comment nommer un médiateur comme Félix Tshisekedi, qui échoue chez lui en République Démocratique du Congo dans une crise aussi complexe que celle du Tchad ?
Depuis qu’il est arrivé au pouvoir à Kinshasa en 2019, il a manqué à tous ses devoirs, sur tous les plans : politiques, économiques, sociaux et surtout sécuritaire. Son armée déstructurée, sous-équipée, n’arrive toujours pas à reprendre les territoires conquis par le M23, une milice soutenue par le Rwanda. Le journaliste congolais Patrick Mbeko n’hésite pas à qualifier son président d’être un « ennemi de l’intérieur », un « allié objectif de la déstabilisation de la République ». C’est pourtant ce même Félix Tshisekedi que les chefs d’Etat d’Afrique centrale ont désigné pour ramener le calme et la concorde au Tchad, un pays sous le joug d’une dynastie familiale, un pays meurtri par les divisions et la répression. Comme d’habitude les Présidents ont fait le choix du plus petit dénominateur commun pour masquer leurs divisions.
Les ambitions de Moussa Faki
En effet, Denis Sassou Nguesso a rué dans les brancards, il fait partie de ceux qui ne souhaitent pas que Mahamat Déby puisse se présenter aux élections après les 18 mois de transition. Non pas que le président congolais soit un ardent militant de l’alternance, il est au pouvoir depuis quatre décennies, mais il est ami avec Moussa Faki, actuel président en exercice de l’Union africaine qui, comme Mondafrique le révélait lorgne sur la présidence tchadienne à la fin de la transition.
Mahamat Déby Itno qui a bien compris le jeu de son rival, a d’ailleurs refusé que l’Union africaine participe au sommet de la CEEAC arguant du fait que, selon ses propos rapportés par Jeune Afrique, « Moussa Faki est un acteur politique tchadien ». Dans cette affaire le sort de la population leur importe si peu que le communiqué final des chefs d’Etat d’Afrique centrale ne condamne même pas la sévère répression qui s’est abattue sur les Tchadiens lors du jeudi noir. Ils se sont contentés de renvoyer les parties dos à dos en présentant leurs condoléances au gouvernement et au peuple.
Lors de sa nomination comme facilitateur Félix Tshisekedi a, dans une courte vidéo, évoqué sa lourde responsabilité et s’est engagé « à tout faire pour ramener la paix au Tchad mais aussi dans toute la d’Afrique centrale. » N’est-ce pas un peu présomptueux ?