L’Arabie Saoudite multiplie les signaux de rapprochement avec Israël.

Lors de la 6e édition du Future Investment Initiative (FII), également appelée « Davos du désert », qui s’est tenue du 25 au 27 octobre 2022 à Riyad, des hommes d’affaires israéliens en kippa pouvaient être vus en train de converser cordialement avec des Saoudiens en robe blanche dans les salons en marbre de l’Hotel Ritz-Carlton de Riyad.

amer Haj-Yehia (sur l’écran), président de la banque israélienne Leumi, assiste à un panel lors du troisième jour de la conférence annuelle Future Investment Initiative (FII) à Riyad, capitale de l’Arabie saoudite, le 27 octobre 2022. (Crédit : Fayez Nureldine / AFP)

Jonathan Medved, un Israélien directeur général de OurCrowd, une plateforme d’investissement en capital-risque a participé à un panel qui comprenait deux Saoudiens. M Medved a déclaré que la compagnie pétrolière publique Saudi Aramco a déjà investi dans des filiales américaines d’OurCrowd.

 Samer Haj-Yehia, président de la banque israélienne Leumi, s’est lui, déclaré très intéressé par les possibilités d’investissement dans les jeunes pousses de la FinTech en Arabie Saoudite. Samer Haj-Yehia, un arabe israélien originaire du village arabe de Taybeh en Israel, a aussi fait l’éloge du « dynamisme économique saoudien ».

L’Arabie saoudite, qui interdit la pratique de toute autre religion que l’islam, a aussi autorisé Jacob Herzog, un rabbin israélo-américain qui s’est autoproclamé grand rabbin d’Arabie saoudite, à aller et venir à plusieurs reprises en Arabie Saoudite, avec un visa de tourisme.

Une réunion secrète

Officiellement, l’Arabie saoudite n’entend pas normaliser ses relations avec Israël tant qu’une solution à deux Etat n’a pas été élaborée pour régler le conflit d’Israël avec les Palestiniens. De plus, la partie la plus religieuse de la population saoudienne demeure fondamentalement hostile à l’existence de l’Etat d’Israël.  Néanmoins, la menace iranienne incite à un rapprochement entre les Etats du Golfe et Israël. Depuis 2020, date à laquelle des fuites on été organisées sur une réunion secrète  entre le prince Mohammed Bin Salman et le Premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Netanyahu,  des signes de rapprochements ont eu lieu. Les avions commerciaux israéliens ont le droit de survoler l’Arabie saoudite et les Israéliens ont autorisé le royaume saoudien à prendre le contrôle total de deux îles stratégiques en mer Rouge.

Le magazine israélien Globes a fait état de la délivrance de visas spéciaux aux hommes d’affaires israéliens et le triathlète olympique israélien Shachar Sagiv a été le premier Israélien à participer en octobre 2022, en Arabie saoudite, a à la cinquième manche du Super League Triathlon, une compétition de cyclisme, de natation et de course à pied par équipe.  « Je suis très heureux d’être un pionnier en étant le premier athlète israélien à concourir en Arabie saoudite », a déclaré Sagiv au site Sport1. 

Le président de la Ligue islamique mondiale (LIM), bras armé du wahabisme saoudien, multiplie de son côté les réunions œcuméniques avec les représentants d’autres cultes. EN 2019, en France, Mohammed Al-Issa, secrétaire général de la LIM, a participé à une rencontre interreligieuse à laquelle le grand rabbin de France Haim Korsia a pris la parole.

En raison de la menace iranienne, Israël et l’Arabie Saoudite ont mis en place une coopération sécuritaire et collaborent dans l’échange de renseignements militaires. Les Saoudiens sont également très intéressés par la technologie militaire israélienne pour tout ce qui a trait à la défense anti-missile.

Les réserves américaines

Toutefois, le net fraichissement des relations américano-saoudiennes depuis le meurtre du journaliste Adnan Kashoggi, ralentit le rapprochement d’Israël et de l’Arabie Saoudite. 

Pour Israël, très soucieux de consolider ses relations économiques et militaires avec le royaume saoudien, toute la question est de faire accepter aux Américains que les relations américano-saoudiennes et la normalisation saoudo-israélienne peuvent « à certains égards… évoluer sur des voies distinctes », selon l’expression de Dan Shapiro, ancien ambassadeur des États-Unis en Israël et membre éminent de l’Atlantic Council.