Des combats ont éclaté entre l’armée Soudanaise et une milice tribale dans la ville de Port Soudan, sur la côte de la mer rouge. Jusque là la région avait été relativement épargnée par le conflit qui dure depuis cinq mois.
Mateo Gomez
En début de semaine, des habitants de cette ville côtière de 500 000 habitants ont témoigné d’échanges de tirs entre l’armée et une milice locale dirigée par Sheba Darar, chef de la tribu des Béja. Le calme serait retourné dans la soirée, avec le déploiement intensif de soldats de l’armée dans la région. Cette brève éruption de violence a de quoi inquiéter l’armée: depuis le 15 avril, le conflit qui l’oppose au groupe paramilitaire des Forces de Support Rapide (RSF), unité dissidente du pouvoir, se déroulait surtout à Khartoum et dans la région occidentale du Darfour.
Port Soudan sert depuis fin août de nouvelle base pour le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, après que le QG de Khartoum soit assiégé par le RSF. C’est de là qu’il a réalisé six déplacements à l’étranger dans des efforts diplomatiques pour rénover son image. La ville est de surcroît la seule du pays avec un aéroport encore opérationnel, et accueille le centre logistique de l’ONU. Sheba Darar était pourtant du côté de l’armée au début du conflit, avant de se rebeller contre les représentants du gouvernement qui avançaient dans l’est du Soudan. Néanmoins il n’a pas annoncé d’alliance avec les paramilitaires du RSF. Les Béja sont parmi les premières tribus à se rebeller ouvertement contre l’armée: la plupart ont annoncé leur soutien au général Burhane.
Tirs d’artillerie à Khartoum
Le conflit a fait près de 7 500 morts, selon une estimation prudente de l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project. Les combats se sont intensifiés à Khartoum depuis samedi, incendiant plusieurs bâtiments clés du centre de la capitale, comme le ministère de la justice ou la tour de la Greater Nile Petroleum Oil Company, avec les deux parties s’accusant mutuellement des dégâts. Selon les RSF, ils ont été détruits par des « attaques ciblées » de l’armée de l’air, tandis qu’un communiqué du ministère des Affaires étrangères, allié au général Burhane, a qualifié lundi les incendies de « campagne diabolique et systématique des rebelles » d’une milice visant à détruire la capitale. Des témoins à Omdourman, une banlieue au nord-ouest de la ville, ont rapporté que l’armée avait attaqué des bases paramilitaires avec des « tirs d’artillerie ». De leur côté les RSF ont, pour la troisième journée consécutive, attaqué le quartier général de l’armée dans le centre de la capitale, tandis que l’armée a répondu par des frappes aériennes et des drones.