Xavier Houzel: » La recherche de la paix », oui, mais avec qui?

Notre chroniqueur Xavier Houzel est en phase avec Emmanuel Macron qui préconisait, jeudi soir, « la recherche de la paix ». A condition de parler à tout le monde, y compris avec des adversaires.

Lors de son intervention solennelle télévisée du 12 octobre, le chef de l’État a précisé la position de la diplomatie française par rapport aux événements de Gaza. Celle-ci peut se résumer à deux phrases : «Nous ne pouvons pas nous résoudre à une guerre sans fin dans cette région » et « La lutte contre le terrorisme ne peut remplacer la recherche de la paix », une « paix durable » qui comprend la création d’un « État palestinien » et « des garanties indispensables pour la sécurité d’Israël ». Il y a soixante-quinze ans, l’on eût parlé de la création d’un État israélien et de garanties indispensables pour la sécurité de la Palestine. Mais bon…

Le président de la République française a eu des conversations téléphoniques avec de nombreuses personnes, y compris le Premier ministre Benjamin Netanyahou. L’Opposition en France – les oppositions – a eu également le loisir de s’exprimer, cependant que, du fond des âges, l’inénarrable Villepin donnait aux Français leur piqure de vitamines panachées et que, du collège des Bernardins, la dernière grande figure de la République, Jean-Pierre Chevènement,  leur parlait de la France avec le ton qui convenait et la hauteur voulue. Dès le lendemain, hélas ! un professeur du Lycée Gambetta – le Léon Gambetta de la séparation des  Églises et de l’État – était pourtant tué à l’arme blanche au cri de « Allah Ouhakbar ! »

Mais n’est pas toujours « terroriste » qui veut, ni héros non plus : Golda Meir terrorisait les terroristes, mais Yitzhak Rabin, héros de la guerre de 1948, disait qu’il fallait « combattre le terrorisme comme s’il n’y avait pas de négociations et négocier comme s’il n’y avait pas de terrorisme » – il a été assassiné par un extrémiste religieux israélien. Bien sûr qu’il faut négocier avec les terroristes !

Marwan Barghouti, ultime espoir

Étant donné l’urgence et la sidération de la Jeunesse en colère des deux côtés, il faut à Israël, de même qu’au monde entier, un interlocuteur palestinien qui sache de quoi il retourne, parce que fauteur lui-même mais absous, et qui ne soit pas souillé par la corruption, et qui n’ait pas collaboré avec l’adversaire (ce qui pourrait discréditer Hussein al-Sheikh, secrétaire général du comité exécutif de l’OLP (61 ans), et qui n’ait trempé dans aucune machination (ce qu’on pourrait reprocher à Mohammed Dahlan, ancien chef du Fatah et ministre de la Sécurité exilé aux Émirats arabes unis (61 ans) et qui ne soit étiqueté ni Hamas ni Jihad islamique.

Un seul candidat coche toutes les cases, il se nomme Marwan Barghouti, prisonnier d’Israël, otage d’honneur de grand prix. Selon un sondage réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, ce dernier a une très large avance de popularité et d’autorité non seulement sur les leaders du Fatah de sa génération, sachant que le mandat de Mahmoud Abbas (88 ans) a expiré en 2009  et que l’individu est caduc (ce qui n’est pas simplement un clin d’œil d’Arafat) mais aussi sur les responsables politiques gazaouis, comme Mohammad Haniyeh.

Marwan Barghouti a la légitimité demandée ; il est réputé avoir le caractère et le talent requis ;  il est immédiatement disponible. C’est pourquoi, au pied d’une chaire vide et près d’un pupitre sans prêche, en ce Vendredi, ce Samedi, ce Dimanche, jours de prière des trois religions de l’arbre, je propose solennellement à la Cour suprême d’Israël, non pas de gracier nécessairement Marwan Barghouti mais de lui octroyer sur parole et contre un geste de sa part un bon de sortie pour accomplir une mission, son devoir d’État. Marwan Barghouti, au nom de l’ensemble des Palestiniens, fera libérer les femmes et les enfants retenus prisonniers en otage dans l’enclave de Gaza lors du raid terroriste du 8 octobre.

Par défaut, porté par l’Opinion publique mondiale, en souvenir et d’ordre de Yasser Arafat, qui m’honorait de sa confiance, je me porte fort du respect de tels engagements par les Palestiniens et je mets au défi les dirigeants de l’État d’Israël d’entamer des discussions en vue d’une paix globale avec Marwan Barghouti représentant la Palestine. L’endroit où commencer le dialogue dans les délais les plus courts importe peu, on le trouvera. La France ne refusera pas alors les locaux de son ambassade. Sa majesté le roi de Jordanie, accueillera chacun. Même le porte-avions USS Gerald R. Ford conviendra, du moment que l’immunité de tous les négociateurs leur est garantie.

La Presse du monde entier sera leur bouclier.

XH