Paul Kagame, « l’Afrique aux Africains »

Le président rwandais, Paul Kagame, qui ne peut que se réjouir de la prise de conscience de la France sur ses responsabilités dans le génocide hutu, est devenu, depuis,  le seul patron de l’Afrique malgré son mode de gouvernement autocratique
Depuis le Sommet de Kigali de juillet 2016, Paul Kagame  exerce une magistrature d’influence sur l’organisation continentale dont il a remodelé la structure interne et réformé sa gestion financière. Il a notamment bénéficié de l’expérience et des compétences de son compatriote, ancien président de la Banque Africaine de Développement, Donald Kaberuka, l’inventeur de la taxe de 0,2 % sur les importations.
Kagame, révolutionnaire atypique
Ancien compagnon de guérilla de Yoweri Museveni et ancien chef de guerre du Front Patriotique Rwandais, Paul Kagame (60 ans) est resté un révolutionnaire atypique, surtout dans la conduite des affaires d’un Etat qui est souvent donné en exemple. La lutte contre la corruption, le développement économique et la sécurité contrebalancent la gestion autocratique du pouvoir, la manipulation constitutionnelle pour se maintenir au pouvoir et la gestion quasi monopolistique de l’économie. Le président Kagame, à la tête de l’Etat depuis plus de 17 ans a été réélu avec 98 % des suffrages exprimés jusqu’en 2024. Autocrate, Paul Kagame n’est toutefois pas comparable à ses pairs de la CEEAC.
La  » Suisse de l’Afrique »
Avec ses 26 338 km2 le Rwanda est l’un des plus petits pays d’Afrique mais il compte 12 millions d’habitants. On l’appelle volontiers la « Suisse de l’Afrique » ou le « nouveau Singapour » tant son développement économique est impressionnant, comme l’attestent tous les indicateurs mondiaux. ONU Habitat classe Kigali comme ville la plus sûre et la plus propre d’Afrique. L’International Congress and Convention Association met Kigali au troisième rang des villes d’affaires après Le Cap et Marrakech.  La Banque mondiale salue la croissance annuelle du pays qui approche les 8%,  ce qui permet une amélioration des conditions de vie des citoyens.
C’est tout le contraire dans les Etats d’Afrique centrale où les ressources naturelles sont considérables mais les conditions de vie y sont de plus en plus misérables. Cette réussite rwandaise est surtout celle de la holding Crystal Ventures qui est aux mains du FPR et sous la haute surveillance de Paul Kagame. Investissant dans tous les secteurs, avec le Singapourien Kok Foong Lee à sa tête, Crystal Ventures est le bras armé de Kagame dans l’économie, ce qui pourrait devenir un frein important à l’investissement étranger devenu indispensable.
Un pays enclavé mais un État connecté 
Les nombreux hôtels de luxe, les routes parfaitement goudronnées, la qualité des services publics et les technologies modernes qui équipent hôpitaux, écoles et la « Silicon Valley » rwandaise de la nouvelle technopole Innovation City , proche de la capitale, confirment cette situation exceptionnelle en Afrique. La performance n’est pas mince quand on se remémore le génocide de 1994 et la guerre civile qui a suivi, quand on voit les pays voisins en pleine explosion comme le Burundi, la RDC, l’Ouganda et quand on constate que 5 000 Casques bleus rwandais viennent renforcer les Opérations de maintien de la paix de l’ONU au Soudan du Sud, en RDC et en Centrafrique où la protection du président Touadera est assurée par des militaires rwandais.
Le nouveau président en exercice de l’Union africaine cultivera probablement ses relations étroites avec Israël, ses bonnes relations avec Washington et devra s’employer à éviter que le retour du Maroc au sein de l’Union africaine ne pollue son mandat. Quant aux relations avec la France, elles évolueront au gré des actions judiciaires que les juges français continueront ou pas à mener. La normalisation des relations diplomatiques en dépendra, quelque soit la volonté des deux parties.
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