Les enfants d’Abraham brouillés pour l’éternité

 La quasi-simultanéité de la Pâque chrétienne, de la Paque juive et du Ramadan en 2023 est une occasion de s’interroger sur les persécutions religieuses au Moyen Orient. Force est de constater que les chrétiens souffrent le martyre presque partout.

Certes, Abou Dhabi a inauguré une « Maison abrahamique », dotée d’une église, d’une mosquée et d’une synagogue. Bien sur, l’Arabie Saoudite a mis sous tutelle  la puissante confrérie wahabite. Ces signes d’ouverture – à moins qu’il ne s’agisse d’une stratégie d’affichage- se perdent pourtant dans les sables de l’intolérance religieuse qui domine au Moyen Orient. Ces dernières décennies ont été notamment une suite de désastres pour les chrétiens dans cette région du monde. 

En Irak, les fanatiques de l’État islamique ont commis des crimes de guerre contre la communauté chrétienne à partir de 2014, date à laquelle ils ont pris le contrôle d’une partie du pays. Les atrocités ont été commises dans les trois villes à prédominance chrétienne: Hamdaniyah, Karamlays et Bartella. La communauté chrétienne d’Irak qui était de 1,4 million avant la guerre, est aujourd’hui estimée à moins de 250000.

En Syrie, le soulèvement général de 2011 contre le pouvoir de la famille Assad est rapidement devenu meurtrier pour les chrétiens. Ils ont été pris en tenaille par les forces demeurées fidèles au régime et les milices islamistes comme Al Qaeda ou d’autres soutenues par des États et institutions islamistes de la région. Le régime a habilement exploité les conflits religieux latents en libérant un grand nombre d’extrémistes islamistes de ses prisons. Les chrétiens qui représentaient un groupe de plus de deux millions de personnes en Syrie avant la guerre, n’en représentent plus qu’un tiers environ aujourd’hui. 

En Égypte, le bref règne des Frères musulmans entre 2012 et 2013 a terrifié une communauté copte déjà marginalisée et cimenté leur soutien à l’armée qui a pris le pouvoir. Néanmoins, des violences sporadiques éclatent régulièrement contre les Coptes et ce climat hostile génère un flux de départs qu’il est difficile de quantifier. Les Coptes qui représentaient 15 millions de personnes sous Anouar el Sadate n’en représenteraient plus que la moitié aujourd’hui.

En Jordanie, le nombre de chrétiens a également chuté, et en Cisjordanie l’Autorité Palestinienne demeure étrangement inactive chaque fois que des violences sont commises contre les arabes chrétiens. 

En Iran, l’existence d’églises ou de foyers chrétiens est considérée par le régime islamiste comme une tentative des pays occidentaux de saper l’islam et son autorité. Les 1.2 millions de chrétiens iraniens et surtout les musulmans qui se sont convertis vivent dans un climat de grande précarité.

 

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