À l’occasion de la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui s’est ouverte dimanche, le raïs égyptien accueille à Charm el-Cheikh, du 6 au 18 novembre courant, les dirigeants de 196 États et tente, à cette occasion, de se refaire une image alors que 6000 prisonniers politiques sont détenus dans les prisons d’Égypte.
Le Caire travaille depuis des mois à polir son image afin de présenter au monde une vitrine ouverte, moderne et accueillante. Et, accessoirement, faire oublier les volets les plus sombres qui continuent d’entacher les années Sissi.
Un tableau assombri
Toutes les libertés publiques ont été suspendues et aucun écart n’est toléré. Une loi sur « les crimes du net » est même en passe d’être votée par l’assemblée nationale pour durcir l’arsenal répressif.
Le projet prévoit la peine de mort pour le fournisseur de services qui n’obéit pas à l’injonction de fermer un site « diffusant du matériel de nature à menacer la sécurité nationale ». La prison à perpétuité sera la peine encourue pour quiconque « porte atteinte, via le Net, à l’ordre public, l’unité nationale et la paix sociale ou méprise les religions révélées ». De quoi mettre un coup d’arrêt au multiples campagnes de dénonciation de la répression sur les réseaux sociaux et habiller d’une couverture légale les interdictions de différents médias et chaînes de TV satellitaires déjà décidées par le ministère de l’Intérieur – une quinzaine actuellement. Des brigades du Net ont même été mises sur pieds pour traquer les récalcitrants.
Bref, la société égyptienne subit, depuis près de trois ans, un terrorisme policier rappelant les pires périodes de répression depuis Gamal Abdel-Nasser. Un véritable programme punitif qui, après avoir frappé les Frères Musulmans, s’est étendu indifféremment à toute opposition réelle ou supposée. « On doit faire face à un véritable acharnement », expliquait Mohamed Lotfy, le dynamique directeur de la Commission égyptienne pour les droits et les libertés, anciennement responsable du Moyen-Orient à Amnesty International. « C’est comme si la Sûreté d’état, fort décriée en janvier 2011, prenait sa revanche sur la société ».
Dans ce climat de terreur, les journalistes ne sont pas en reste : plus de cent détenus à ce jour, accusés de propager de fausses nouvelles et d’appel au renversement du régime. Voire même d’appartenir à des groupes terroristes. Ils encourent ou purgent des peines allant de 3 à 25 ans de prison.
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