Oussouf Diagola: le colonel Assimi Goita est « indispensable »

Le colonel Assimi Goita, l’homme dort de Bamako,  sera la coqueluche du deuxième sommet Russie-Afrique qui réunira, du 27 au 28 juillet 2023 à Saint-Pétersbourg, autour de Vladimir Poutine une bonne cinquante de Chefs d’état et de gouvernement africains pour le développement des relations avec la Russie, sous le slogan « Pour la paix, la sécurité et le développement ».

Une chronique de Oussouf Diagola (Agence Nabara), qui a autorisé Mondafrique à reproduire son éditorial

Pour son rôle déterminant dans la réussite du coup d’état du 18 aout 2020 et, surtout, pour sa fonction de Chef de l’état depuis qu’il a mis « hors de leurs prérogatives », en mai 2021, Bah N’Daw, (Président de la Transition) et Moctar Ouane (Premier ministre) le Colonel Assimi Goita, tout en restant des plus discrets et gardant presque un silence de marbre, s’est rendu politiquement indispensable sur le plan national, sous-régional et international.

L’habile Colonel de l’armée malienne, est aujourd’hui le grand timonier du peuple, lui qui fut un temps prisonnier des djihadistes lorsqu’il combattait dans une unité des positions avancées de l’armée sur le front nord avant d’être nommé Chef des forces spéciales. Voyant les blocages dans le dialogue entre son Premier ministre et la classe politique sur le la question de la refondation de l’état, il prit l’initiative de diriger les rencontres avec les partis politiques après avoir pris le parti de ses homologues militaires dans la crise née avec le remaniement opéré par Bah N’Daw.

Entre félins politiques et militaires stratèges, le positionnement du Président de la transition est du reste à l’image de l’oxymore qui définit fidèlement la situation politique nationale : une démocratie militaire.

Voilà comment Assimi, nationaliste invétéré, a été adoubé par le peuple malien en soif d’autorité et de vertu politiques, caressé dans le sens du poil par ses pairs de la sous-région qui lui ont rendu visite presque tous dans palais à Bamako, imposant même son agenda à Macky Sall, Moussa Faki de la Commission de l’Union africaine et Goodluck Jonathan, ancien Président du Nigéria et médiateur de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest.

Le regard vers l’Est dès 1961

Avec la Russie, le Mali est l’un des principaux, sinon le principal, partenaire russe en Afrique depuis la signature en novembre dernier d’un accord de coopération dans les domaines de la sécurité, le renseignement, la gestion des risques et catastrophes, la lutte contre les stupéfiants et la formation du personnel civil et militaire.

Au mois de février dernier, les deux pays ont convenu de renforcer leurs liens de coopération dans les domaines de la prospection géologique, des mines, de l’énergie, du transport, de l’infrastructure et de l’agriculture, ainsi que l’a annoncé Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères et de la coopération internationale, à l’occasion d’une visite officielle à Bamako.

Dès 1961 que le Mali a tourné son regard vers l’Est (voir l’article reproduit ci dessous) , voyant en l’URSS le défenseur des grands idéaux de lutte anticoloniale et communiste qui lui sont chers, l’URSS faisant de l’élargissement de son influence au sein du Tiers-Monde un élément capital de l’existence du socialisme et du Mali un centre de rayonnement soviétique possible en Afrique.

Bamako s’était alors tourné vers le bloc communiste pour obtenir une aide accrue sur les plans économique, militaire et culturel. Le bloc de l’Est devient un des principaux partenaires commerciaux du Mali, représentant, à l’époque, 42,8 % des échanges dans les années 1964-1965. Une époque nostalgique qui constitue la référence de la refondation de l’état prônée par aujourd’hui par Assimi.

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