Les réformes économiques structurelles doivent avoir lieu en Tunisie. A condition d’humaniser les remèdes proposés par le FMI.
Une libre opinion du docteur Ezzedine Ben Hamida
“Le gouvernement tunisien s’emploiera à mettre en place un programme de réformes économiques précis, conforme à sa vision et à ses priorités et à la mesure de ses capacités financières actuelles,” a déclaré en substance monsieur Hicham Mechichi, chef du Gouvernement tunisien, après sa réunion en vidéoconférence, le vendredi 8 janvier 2021, avec les représentants du FMI. Lesquels commencent à s’inquiéter sérieusement sur la capacité de la Tunisie à honorer ses engagements (1).
La déclaration laconique du chef du gouvernement s’explique par d’innombrables pressions lobbyistes.
A l’évidence le chef du Gouvernement a hérité d’une situation macroéconomique désastreuse où tous les fondamentaux sont en berne. Un marasme socio-économique dû essentiellement à la période de Youcef Chehed, l’ex-chef du Gouvernement. Cette période s’est caractérisée en effet par l’inertie politique et surtout la généralisation de la corruption.
Comme si cela ne suffisait pas, une crise sanitaires vient frapper à nouveau de plein fouet le pays ; aujourd’hui nous frôlons la catastrophe humanitaire.
Hicham Mechichi est l’objet d’une terrible pression des lobbyistes réactionnaires qui entravent toute réforme qui mettrait leurs avantages en question: des boulangers et pâtissiers, qui refusent la réforme de la caisse de compensation, aux médecins et avocats, qui bloquent la suppression du régime fiscale forfaitaire; des banques, qui préfèrent déjouer la libre concurrence en tissant des ententes illégales, aux firmes transnationales et des professionnels du tourisme, qui poussent vers la dépréciation du dinar; des partis politiques, sans projet économique réel, aux syndicats, plus préoccupés de la valorisation des salaires indépendamment des gains de
productivité. La liste des lobbyistes hélas est longue, à ne plus en finir!
A force de jouer à l’équilibriste, on finit trapéziste.
Autant dire que ces groupes de pression forment un gouvernement de l’ombre depuis très longtemps; ils se sont enracinés dans le
fonctionnement de la République;ils tirent les ficelles comme bon leur semble!
Que demandent le FMI et la banque mondiale ? Leur logiciel est bien rodé depuis plus de quatre décennies. Leurs exigences s’articulent autour de deus mêmes axes:
• Arrêterle recours récurrent à l’endettement ;
• Renouer au plus tôt avec l’établissement des budgets équilibrés.
• Lutter contre la corruption et l’économie informelle pour améliorer significativement les recettes fiscales ;
• Adopter une politique de rigueur budgétaire en vue de limiter sérieusement les dépenses publiques.Réduire les effectifs de la fonction publique,Rationaliser les dépenses de la caisse de
compensation.
Avons-nous seulement le choix ? Force est de constater que la réponse est négative. Tout réside à présent dans la manière dont ces
réformes structurelles vont être conduites, mises en place. Les Tunisiens consentiraient encore des efforts si et seulement si les sacrifices demandés sont équitablement répartis.
(1)Lors de cette rencontre avec les responsables de cette vieille institution, monsieur Mechichi a été assisté, tout naturellement, par monsieur Ali Al-Kali , Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Investissement, et monsieur Abdessalem Abbassi, universitaire et conseiller économique.