La justice française réfute la thèse d’un complot contre Tariq Ramadan    

« Aucun élément ne vient corroborer la thèse du complot en permanence rappelée par Monsieur Ramadan », écrit dans son réquisitoire de 173 pages la procureure générale près la Cour d’appel de Paris le 7 mars 2024.

Correspondance en Suisse, Ian Hamel 

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Confronté aux plaintes pour viols déposées par quatre femmes en France et une en Suisse depuis 2017, le prédicateur, aujourd’hui âgé de 61 ans, a toujours présenté la même défense : il est victime d’un complot orchestré à la fois par les femmes qui le mettent en cause, et par ceux qu’il appelle « ses pires ennemis ». A savoir Caroline Fourest, qui a écrit en 2004 « Frère Tariq », et l’auteur de cet article, qui a publié en 2007 « La vérité sur Tariq Ramadan », et en 2020 « Tariq Ramadan. Histoire d’une imposture ». Le prédicateur cite d’autres personnes, notamment l’idéologue d’extrême droite Alain Soral, et le photographe Jean-Claude Elfassi.   

Alors que Tariq Ramadan « n’a eu de cesse de dénoncer l’existence d’un complot » de la part de ses accusatrices. Qu’il n’hésite pas à les « salir » et à les « insulter », « pouvant les traiter de folle ou d’irresponsable ». Il n’a jamais pu apporter la moindre preuve d’un éventuel traquenard. Bien qu’il soit démontré que Tariq Ramadan avait bien eu des rapports sexuels avec ces femmes, le réquisitoire rappelle qu’« il a nié durant de nombreux mois, en garde à vue, en interrogatoire, en confrontation, tout échange virtuel, toute rencontre et toute relation sexuelle ». Dans ces conditions, « la plus grande circonspection doit être observée face à la parole de Monsieur Ramadan ».  

La stricte morale islamique      

Quant aux personnes que Tariq Ramadan qualifie de « ses pires ennemis », aucune « n’est partie à la présente procédure ». Car « aucun élément ne vient corroborer la thèse du complot en permanence rappelée par Monsieur Ramadan ». Par ailleurs, les conclusions de l’expert psychologue, évoquant un « conflit psychique intervenant dans ses relations avec les femmes », en pages 170 et 171, sont particulièrement accablantes pour l’auteur de « L’islam et le réveil arabe ».

Certes, le prédicateur est toujours présumé innocent. N’a-il pas été acquitté en première instance en Suisse en 2023 ? De son côté, le réquisitoire du Parquet de la Cour d’appel de Paris ne retient qu’un seul viol (commis sur une personne vulnérable) sur quatre.

Mais pour Bernadette Sauvaget, journaliste à Libération, et auteur en 2019 de « L’affaire Ramadan. Sexe et mensonges, la chute d’une icône » : « A la suite de ces révélations faisant état, au minimum, de relations sexuelles très brutales et de pratiques en contradiction avec la stricte morale islamique, le théologien a été quasiment mis au ban des milieux musulmans » (*)

(*) « Affaire Tariq Ramadan : dans l’attente d’une décision déterminante de la cour d’appel », 29 mars 2024.