Algérie, le général Chengriha s’impose sur le dossier du Sahel

Le général Chengriha, le puissant patron de l’armée, veut plus que jamais écarter les hommes de la Présidence des dossiers sahéliens à l’heure où les militaires algériens présentent un plan de sortie de crise au Niger en accord avec les Américians 

Une guerre d’influences oppose depuis toujours l’État Major et la Présidence, sur le dossier du Sahel. Le matin du jour du coup d’état au Niger, la Présidence sort un communiqué condamnant le putsch et appelant à la restauration de l’ordre constitutionnel. À l’image des Français.

L’après midi même, l’armée algérienne, tout en s’opposant à la prise du pouvoir qui a eu lieu à Niamey, s’oppose à l’usage de la force pour restaurer l’ordre constitutionnel. Ce qui implique le refus de toute intervention étrangère, alors que la France d’emblée y est favorable.

Dans la foulée, l’Algérie s’opposera constamment à la volonté de la CEDEAO de recourir à la force pour restaurer le Président Bazoum dans ses fonctions, une prise de position qui neutralise la posture guerrière adoptée notamment par les Français, es Nigerians et les Ivoiriens. C’est clairement le général Chengriha qui est l’arbitre des élégances diplomatiques en Algérie.

L’axe entre Alger et Washington 

Depuis, l’objectif du général Chengriha est de couper la Présidence des affaires sécuritaires et d’isoler le conseiller du Président Tebboune, Boualem Boualem, qui prétend joue sa partition en relation avec les Français. L’armée ne veut plus aucune interférence des hommes de Tebboune sur le dossier du Sahel. D’autant plus qu’un projet de sortie de crise existe aujourd’hui au Niger concocté par les Américains et les militaires algériens, qui veint d’être accepté par la junte à Niamey en faveur d’une transition de six mois.

Cette initiative a été décidée notamment lors d’un coup de fil, le 6 septembre, entre le général Chengriha et la patron de la CIA, Wlliam Burns. « Les discussions, note un communiqué du Ministère algérien de la Défense nationale (MDN) repris par l’APS, ont été l’occasion pour les deux parties d’exprimer leur satisfaction du niveau de coordination sécuritaire atteint notamment dans la lutte contre le terrorisme ». « Un plan américain présenté par Alger », titre le journal « Le Monde »

 Un verrouillage généralisé

Le général Chengriba, chef d’état major, vient de demander aux responsables du centre d’écoutes, une direction très convoitée, de surveiller des officiers supérieurs et des personnalités politiques proches de la Présidence. Une quinzaine au total, et pas n’importe qui. Parmi ces suspects, on trouve le général Ben Ali Ben Ali, qui à 85 ans est encore à la tète de la garde présidentielle et le général Laaraba, qui dirige le commandement des Forces Aériennes (CFA), l’équivalent de l’armée de l’air. On trouve également sur cette liste des journalistes proches de la Présidence

Des mutations ont été également décidées pour sécuriser le système d’écoutes. Deux hommes de confiance du général Chengriha, les  colonels Fetha Moussaoui et Abdelaziz Maaryouf ont été transférés du renseignement militaire à la direction des écoutes, un service stratégique dans la guerre de réseaux que se livrent les différents clans algériens

 

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Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)

2 Commentaires

  1. Seule le président décide l’armé a la caserne faut arrêter ce massacre chacun a son poste la partie ne peut avancer avec des militaires le présent parle de lui même

  2. Nuances ! La France avait tout à gagner d’une voie pacifique au règlement de la question du Sahel. Paradoxalement, ce sont les USA qui ont démontré cette sagesse. L’Algérie – bien que je sois anti-régime a une cohérence, elle avait eu raison en refusant le modèle G5 Sahel, et ce, dès son idéation.
    La solidarité aux peuples du Sahel n’est pas le propre des militaires algériens simplement, c’est la constante populaire de tout Nord-Africain. La Francophonie utilisée comme soupape a fini par se révéler un très mauvais investissement.
    L’axe Washington Afrique, puis l’axe Chine Afrique… Toutes ces formules nécessitent d’abord d’une Afrique debout sur ses propres pattes. C’est dans l’intérêt de l’occident, qui subit l’immigration clandestine et surtout un devoir morale de donner un toit et de quoi manger dignement chez soi aux milliards de futurs africains. Une opportunité à saisir même par la France

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