Le président Macron veut tourner la page et renouer des relations normales avec Paul Kagame, président en exercice de l’Union africaine.
La commémoration du 24 ème anniversaire du génocide au Rwanda était attendue pour savoir si le processus de normalisation des relations diplomatiques entre la France et le Rwanda était ou non en bonne voie.
Dans un communiqué publié, le 7 avril 2018, sur son site diplomatie.fr, le ministère français des Affaires étrangères rappelle que la France « s’associe à la population rwandaise pour honorer la mémoire des victimes, saluer la dignité des survivants et la capacité de réconciliation du peuple rwandais ». Au delà de cette compassion envers tout le peuple rwandais, les termes officiels et les participations des autorités françaises aux cérémonies montrent une volonté d’apaisement, sans pour autant aller jusqu’à la contrition.
Le 7 avril 2018, Paul Kagame a épargné la France, dans son discours devant le mémorial Gisozi, à Kigali.
Une reconnaissance explicite
Le communiqué précité est conforme à la nouvelle Résolution de l’Onu, en date du 8 janvier 2018, qui reconnaît désormais expressément « le génocide des Tutsis au Rwanda » et non plus le simple » génocide au Rwanda ». Le communiqué français va plus loin car il condamne « la folie meurtrière du régime rwandais » et rappelle les responsabilités de la communauté internationale qui n’a « pas su empêcher » le génocide des Tutsis. Aucune référence aux autres victimes du génocide n’a été faite contrairement au message du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Gutteres qui précise justement que » Les victimes étaient en très grande majorité des Tutsis mais comprenaient également des Hutus modérés, des Twa et des membres d’autres ethnies ».
La présence des représentants de la France, à Paris et à l’étranger, aux cérémonies de » la journée internationale de réflexion sur le génocide des Tutsis au Rwanda » est aussi hautement symbolique. La mairie de Paris est à la pointe des cérémonies commémoratives, en étroite collaboration, avec l’ambassade du Rwanda à Paris. Anne Hidalgo, maire de Paris, avait déjà inauguré, en 2016, dans le parc de Choisy, un jardin dédié au génocide des Tutsis au Rwanda. Une stèle au cimetière du Père Lachaise participe également à la mémoire des victimes Tutsis.
La diplomatie parlementaire en action
Alors que sous le quinquennat Hollande, l’Assemblée nationale ne jouait quasiment aucun rôle dans les relations internationales de la France, contrairement au Sénat avec ses réseaux d’amitié de notables, il semble que le changement passe aussi par un rôle nouveau accordé à la diplomatie parlementaire. Déjà, le président centrafricain, Faustin Archange Touadera, avait été reçu officiellement par le président macronien ( Les Républicains En Marche- LREM) du groupe d’amitié France-Centrafrique à l’Assemblée nationale.La députée LREM, Ama Lakrafi (40 ans), née à Casablanca, prépare la prochaine visite d’Emmanuel Macron à Nouakchott et a conservé des liens qui peuvent servir avec son pays natalLa présidente (LREM) du groupe d’amitié France-Rwanda est très active dans le rapprochement avec Kigali. Originaire du Sénégal, la députée de Seine-Maritime Sira Sylla (38 ans) peut compter sur ses collègues du groupe d’amitié et membres, comme elle, de la Commision des affaires étrangères que sont Hervé Berville (LREM) et sur Rodrigue Kokouendo (LREM).
Âgé de 28 ans, porte-parole du groupe LREM, Hervé Berville est un brillant économiste, d’origine Tutsi. Orphelin, il fut évacué de Kigali, en 1994, par l’armée française. Ce député des Côte-d’Armor est beaucoup plus proche de Richard Ferrand, son mentor et président LREM à l’Assemblée nationale, que de Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères. Le député de Seine-et-Marne, Rodrigue Kokouendo (44 ans) est né à Bangui (Centrafrique). Il apporte également une vision moins hexagonale aux relations avec l’Afrique. A l’heure du fiasco de la diplomatie française en Afrique centrale, ces primo-députés, issus de la diaspora, pourraient certainement apporter un sang neuf d’autant qu’ils sont beaucoup moins influencés par le lobby militaire, qui pouvait constituer un obstacle pour la normalisation des relations avec Paul Kagame.