Olivier Poivre d’Arvor, coqueluche de Tunis

Olivier Poivre d’Arvor, l’omniprésent Ambassadeur de France en Tunisie depuis 2016, est devenu la coqueluche de Tunis. Un portrait signé Mounira El Bouti

« Un jour, on risque de le trouver dans notre réfrigérateur ! », notent avec humour beaucoup de Tunisiens quelque peu interloqués par l’omniprésence du frère de PPDA et ambassadeur de France, Olivier Poivre d’Arvor, aussi bien dans les salons de Tunis que sur les réseaux sociaux.

Encore une apparition publique pour son Excellence, le week end dernier, lors de l’ouverture des journées cinématographiques de Carthage. Costume sans cravate, sourire aux lèvres et précédé d’innombrables photos sur facebook, voici l’aimable kit de ce marathon de la communication. Depuis cette intervention, l’ami Olivier n’a pas hésité à se déplacer jusqu’au stade de Radès, affublé du maillot de l’équipe nationale tunisienne. Les aigles de Carthage rencontraient en effet l’équipe libyenne, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du monde qui aura lieu en Russie en 2018.

Bien qu’en fonction depuis une année, Olivier Poivre d’Arvor semble avoir vécu à Tunis de tout temps. « Touche à tout », écrivain comme son grand père Jean d’Arvor, acteur culturel, spécialiste des relations internationales ou homme des médias, OPDA est aussi le président du conseil d’administration du Musée de la Marine depuis mai 2014.

Sur tous les fronts

La consigne de Youssef Chahed, Chef du gouvernement tunisien, qui oblige les Ambassadeurs à signaler leurs déplacements sur le territoire, ne semble pas avoir freiné les ardeurs de notre ambassadeur. Pas du genre à respecter le protocole rigoureux qui conditionne habituellement la vie des diplomates. Ce transfuge du Quai d’Orsay dont il n’est pas franchement l’incarnation est devenu un familier de la Tunisie, adepte de la « diplomatie de territoire », du terrain. Olivier n’aime pas restreindre sa mission diplomatique à « l’observation et l’analyse ».Et d’expliquer aux journalistes qui le taquinent sur ses déplacements fréquents qu’il aime la Tunisie comme s’il était « l’un de ses enfants ».

Sa nomination avait suscité toutes sortes d’interrogations, du fait qu’il n’a pas le profil « technique » attendu pour des fonctions dans un pays comme la Tunisie exposé au terrorisme et objet de toute les attentions des chancelleries. Ce que les internautes expriment à leur façon par des taquineries sans agressivité. On le découvre en photos-montages sur les réseaux sociaux, vendeur de Zlebya (célèbre dessert tunisien, ndlr), en vendeur de clémentines, en comédien de sitcom tunisien, en mufti de la République tunisienne et autres personnages.

Et toujours sur les réseaux sociaux, l’intéressé n’est pas épargné non plus par les petites blagues: « OPDA président », « OPDA pourra demander la nationalité tunisienne », « OPDA sélectionneur de l’équipe nationale de football » et tant d’autres statuts satiriques des internautes.

L’Ambassadeur aimé des femmes

Outre ses photos lors de la vente de clémentines, de dattes tunisiennes et des ouvertures de festivals, on voit souvent OPDA dans des selfies pris par des femmes athlètes, actrices, Miss Tunisie, icones de la société civile, entrepreneures, politiciennes, réalisatrices, journalistes. Les tunisiennes adorent OPDA. C’est qu’il en fait beaucoup pour leur plaire. « À l’ouverture des Journées Cinématographiques de Carthage ce samedi soir, il a couvert d’éloges l’actrice Dorra Zarrouk: “j’ai été heureux de retrouver Dorra Zarouk dont j’aime beaucoup la cinématographie et dont le succès en Egypte rappelle, s’il le faut encore, au monde arabe le talent des actrices tunisiennes. Je rêve pour Dorra d’un grand rôle avec un réalisateur français. Et une montée des marches à Cannes très bientôt pour y présenter un nouveau film! ».

Mais l’Ambassadeur n’est pas seulement intéressé par la culture, il participe au Salon international de l’agriculture, du machinisme agricole et de la pêche, tente de sauver les palmiers tunisiens atteints de l’attaque du charançon rouge en 2013, inaugure des écoles primaires à programme français en dehors à Tunis et même dans d’autres gouvernorats à l’instar de Sfax et assiste même aux mariages des célébrités.

Et ce n’est pas tout, il se rend à Kairouan le 20 septembre dernier pour y découvrir « le patrimoine, de la gastronomie de l’artisanat et des coutumes ». De là, il a gagné le parc national des îles de Zembra et Zembretta, à Kasserine pour découvrir la gastronomie de la région et le fameux « rfiss tounsi » et même au festival de Jazz de Tabarka…

Récemment, il invite le capitaine de la sélection nationale de football Youssef Msakni et son épouse dans sa résidence à la Marsa et se voit offrir le maillot du joueur.

PPDA, l’inséparable

Installé à la Marsa avec sa fille adoptive Faiza sur laquelle il se confie dans son ouvrage : « Le jour où j’ai rencontré ma fille», Olivier reçoit souvent son frère Patrick, ex vedette de la télévision française, écrivain et homme de culture comme lui.

En septembre dernier, en compagnie d’Olivier, PPDA s’est rendu à l’ancienne villa de l’auteur du célèbre “Madame Bovary”, Gustave Flaubert, dans laquelle il avait écrit une grande partie de son roman à succès, “Salammbô”.

Patrick a rappelé, à l’occasion, l’importance historique et architecturale de la villa, abandonnée, presque en ruines, sur les bords du port punique de Carthage.

L’intendance (économique) suivra 

« La Tunisie, je l’ai au cœur, assure Olivier Poivre d’Arvor, et au moment de partir je voudrais que l’on dise que j’y ai apporté une valeur ajoutée », déclare-t-il quelques mois après sa prise de fonctions. Sur le plan économique, Olivier Poivre d’Arvor a choisi sa méthode. Essentiellement basée sur le marketing et la communication véhiculée en grande partie par les médias avec qui il cultive d’excellents rapports. Ensuite, les réseaux sociaux -dont les tunisiens sont particulièrement friands- amplifient la médiatisation afin d’attirer un maximum de touristes français et d’investisseurs européens. Il compte sur les « amis de la Tunisie » pour faire tourner la machine économique du pays.

Toujours est-il que tous les tunisiens ne goûtent pas aux manières de l’ambassadeur. Certains le trouvent trop présent, comme l’ombre d’une France en reconquête d’un pays vacillant entre instabilité politique et crise économique. D’autres, le trouvent intrusif dans les querelles d’une vie politique dont une majorité des Tunisiens se détournent.

Olivier Poivre d’Arvor ne laisse pas indifférent.