Les livraisons d’armes secrètes de l’Égypte à la Russie

Selon des documents fuités vus par le Washington Post, le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi aurait ordonné la fabrication de 40 000 roquettes pour le compte de la Russie, en pleine guerre en Ukraine, malgré le risque de sanctions occidentales.

Le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi en compagnie de son homologue russe Vladimir Poutine, lors d’un sommet Russie-Afrique à Sotchi, en 2019. Photo d’archives AFP
Le président égyptien Abdel Fattah el-Sissi en compagnie de son homologue russe Vladimir Poutine, lors d’un sommet Russie-Afrique à Sotchi, en 2019. Photo d’archives AFP

• Datant du 17 février, un rapport cite des conversations faisant état de livraison d’obus d’artillerie et de poudre à canon, précisant que le chef de l’État aurait expressément demandé que les transactions restent secrètes pour « éviter les problèmes avec les Occidentaux ».

• Selon le document, un certain Salah el-Din, probablement Mohammad Salah el-Din, ministre d’État pour la Production militaire, aurait mentionné un retour d’ascenseur pour une « aide russe préalable non spécifiée », selon le média américain.

• Cité par le Washington Post, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères égyptien, Ahmad Abou Zeid, a réitéré la position de « non-implication » de son pays dans le conflit en Ukraine et son engagement à se tenir à « équidistance des deux parties ».• Interrogé par le média américain, un officiel américain a déclaré sous le couvert de l’anonymat que l’administration « n’était pas au courant d’une quelconque exécution de ce plan ».

• Dans le cas contraire, l’Égypte pourrait devenir la cible de sanctions occidentales dans le cadre d’un soutien à la Russie dans la guerre en Ukraine, alors que cet allié sécuritaire régional est un important bénéficiaire de l’aide financière américaine à l’étranger.

• L’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche en janvier 2021 a néanmoins jeté un froid. Sur l’enveloppe annuelle de 1,3 milliard de dollars d’aide sécuritaire allouée au Caire, 130 millions avaient été bloqués, conditionnés au respect des droits de l’homme dans le pays.

• Depuis le début de la guerre en Ukraine, Le Caire subit en outre la flambée des cours des matières premières, présentant en mars un taux d’inflation annuel de 32,7 %. À un an des élections, la hausse du coût de la vie participe au mécontentement populaire qui fait craindre au régime des manifestations de masse.

• Dans ce contexte, le régime égyptien, premier importateur de blé du monde, a augmenté la part des importations russes de 50 % à 57 % entre 2021 et 2022 en raison du blocage du blé ukrainien lié au conflit.

• Le Caire et Moscou collaborent aussi dans le domaine du ferroviaire et de l’énergie nucléaire, Rosatom ayant entamé l’année dernière la construction de la première centrale en Égypte.