L’hypothèse plausible d’une guerre éclair de l’Iran contre Israël

Le désengagement des Etats Unis du Moyen Orient apparait comme la fin du soutien américain inconditionnel  à Israël. Fort de ses récents succès diplomatiques, l’Iran ne se cache pas de « recruter des nouveaux alliés en vue de la guerre contre Israël ».

Yaakov Amidror, ancien chef du Conseil national de sécurité israélien: « La guerre est plus proche que la paix ».

En Israël, des voix angoissées s’élèvent aujourd’hui pour alerter sur le risque d’une confrontation rapide, solitaire et multi-frontale avec l’Iran. « La guerre est beaucoup plus proche que la paix, et l’Iran est plus confiant après avoir conclu des accords [de détente] avec les pays arabes. (…)  Nous devons nous préparer à la guerre », a déclaré Yaakov Amidror, ancien chef du Conseil national de sécurité israélien au micro de Radio 103 FM.

Faisant état d’informations confidentielles, le Yediot Aharonot, quotidien israélien, affirme que « le Premier ministre Benyamin Netanyahou a mis en garde lors d’une réunion du cabinet de sécurité au début du mois, contre le fait qu’Israël « soit entraîné dans des conflits à plus grande échelle » et sur plusieurs fronts ».

« L’unification des fronts »

Yoni Ben Menachem, analyste du centre de recherche Jerusalem Center for Public Affairs, affirme lui aussi qu’Israël va devoir faire face à « une stratégie « d’unification des fronts »  conçue par feu le général Qassem Soleimani, ancien commandant de la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique ».

Mordechai Kedar, spécialiste de la culture arabe et chercheur à l’Université Bar-Ilan, est celui qui définit le mieux ce que peut être une « stratégie multi-fronts » contre Israël. Apres analyse de ce qui se dit et s’écrit en Iran et en Irak, Mordechai Kedar affirme que « l’Iran prévoit de lancer contre Israël une attaque qui combinera ensemble toutes les forces à sa disposition dans plusieurs pays arabes. Il est probable que l’Iran ne lancera rien directement depuis son propre territoire, afin de ne pas s’exposer à des représailles

« Au Liban : le Hezbollah et le Hamas, avec plusieurs milliers de drones et de missiles, dont certains à guidage de précision.                                                                                 

« En Syrie : dix-sept unités armées et prêtes à combattre (« milices ») : Fatimiun, Zinbioun, Nujabaa’, Hezbollah, Brigade Abu Al-Fadhl, ‘Asaa’b Ahl al-Haq, Brigade Khorasani et plus encore. L’Iran a transféré un très grand nombre de missiles et de drones en Syrie, et ceux-ci sont prêts à être lancés.

« En Irak : Des dizaines de milices, armées de missiles et de drones.

« Au Yémen : les Houthis, qui disposent de missiles iraniens à longue portée et de drones capables d’atteindre Israël.

« À Gaza : le Hamas et le Jihad islamique palestinien disposent de missiles capables de neutraliser les Forces de défense israéliennes et les bases de l’armée de l’air israélienne.

 Les troupes israéliennes s’avancent dans le Sinai

« Une guerre des six jours »

Selon Mordechai Kedar, le scénario le plus probable sera une guerre éclair, type guerre des Six Jours :

« La première phase consistera en une pluie de missiles et de drones en provenance de toutes les zones qui viennent d’être mentionnées » (Syrie, sud Liban, Gaza, Yémen…). L’Iran a fait le calcul que le stock de missiles anti-missiles (Dôme de fer notamment) des Israéliens « sera épuisé dans les deux ou trois premières heures, après quoi le ciel israélien sera ouvert et l’armée de l’air affaiblie ou clouée au sol ».

« Cette phase aérienne « sera accompagnée d’une cyberattaque contre les systèmes d’informations israéliens, civils et militaires. Après une journée complète de cyberattaques et une pluie de missiles et de drones sur les bases militaires et les infrastructures civiles, la deuxième phase pourra commencer. Des attaques terrestres coordonnées auront lieu depuis le Liban, la Syrie et Gaza par des forces d’infanterie montées sur des motos et des VTT et équipées d’armes antichars, qui attaqueront les forces terrestres israéliennes afin d’atteindre les implantations juives le plus rapidement possible.

« Le calcul des Iraniens est que la mobilisation des réserves d’Israël prendra plusieurs jours et sera au mieux partielle en raison du chaos provoqué par l’attaque initiale. Les renforts de Tsahal n’arriveront pas à temps sur les différents fronts, et les forces régulières s’effondreront en quelques heures face à l’assaut terrestre, comme cela s’est produit dans le canal de Suez et sur les hauteurs du Golan pendant la guerre du Kippour (1973).

Chinois er Russes, la duplicité

Mordechai Kedar accorde une grande importance au contexte international. « La Russie et la Chine, les alliés de l’Iran, « appelleront les deux parties à cesser les violences », mais ces deux pays soutiendront l’Iran presque ouvertement et lui fourniront des informations sur ce qui se passe en Israël. La Turquie appellera à cesser les violences, mais soutiendra implicitement l’Iran. Dans le monde arabe et islamique, les foules manifesteront leur soutien à l’Iran tout comme elles ont soutenu Hassan Nasrallah lors de la deuxième guerre du Liban en 2006.

« Les gouvernements américain et européen n’interviendront pas militairement et certains verront l’attaque iranienne comme une occasion de se débarrasser ce « casse-tête » qu’Israël a représenté pendant des années. »

Les Iraniens ont-ils raison de penser que cette guerre des Six Jours à l’envers réussira infailliblement ? Le général de division israélien Yitzhak Barik (en retraite) a récemment lancé un signal d’alarme sur l’impréparation de l’armée israélienne face à l’Iran. Dans le journal en ligne Makor Rishon, il a dénoncé le « manque de préparation de Tsahal pour la prochaine guerre ».

Des pertes civiles énormes

Le général Barik affirme ainsi que le « haut commandement de Tsahal jette de la poudre aux yeux du public depuis de nombreuses années et tait ce qui attend la population au cours de la prochaine guerre régionale ». A savoir des pertes civiles massives. Il affirme que le personnel politique « ignore la situation réelle de l’armée et (…) ne comprend pas à quel point la menace s’est intensifiée autour d’Israël et à des dimensions inconnues auparavant ». Bref, ils vivent sur l’idée fausse que l’armée israélienne est invincible.  « La peur d’exprimer une opinion différente s’est emparée du commandement supérieur de Tsahal et s’est infiltrée jusque dans les rangs subalternes. Même les généraux de réserve et à la retraite ont peur d’évoquer l’état précaire de l’armée ».

Les instituts de recherche affirme le général Barik ne jouent pas leur rôle et sont inféodés à la hiérarchie militaire et le renseignement extérieur se cantonne à des « analyses psychologiques » de l’ennemi. L’armée de terre a été « négligée » et tout l’effort de modernisation porte sur l’aviation qui semble malheureusement incapable d’arrêter « le rythme des lancements de roquettes, même à partir d’une petite cible comme Gaza ». 

Enfin, « la division de la nation » israélienne à propos de la réforme judiciaire et la « haine abyssale » entre les deux camps précipite « une course accélérée à l’abîme » affirme le général Barik

1 COMMENTAIRE

  1. Non à la violence. Il est plus sage, outre que plus productif de faire usage de la diplomatie. La Chine a la juste culture pour redonner confiance en le dialogue pacifique pour un Etat Palestinien en paix avec son voisin et partenaire : Israël.
    Du reste, peut sacrifier les millions de Juifs qui soutiennent la thèse des deux États, palestinien et Israélien? Si conflit militaire, il y aurait – j’espère que non – c’est la haine qui grandira. Aujourd’hui, la tendance est la paix dans le monde, le moyen-orient ne peut rester toujours une plaie enflammée. Défions l’instinct de la mort et allons vers la paix, créatrice de joie, pour les deux peuples de la région. Oui au processus des deux Etats.

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