L’Algérie entame une normalisation diplomatique avec l’Espagne

Le journal espagnol « El Confidencial » annonce une possible reprise des relations diplomatiques entre Alger et Madrid.

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L’Espagne a amorcé un virage sur l’aile diplomatique qui explique le rapprochement entre les deux pays. Lors de son discours à l’assemblée générale des Nations unies, tenue en Septembre, le Premier ministre Espagnol Pedro Sanchez a pris position sur deux dossiers: la question palestinienne soutenant la solution à deux Etats reconnue dans des frontières et surtout sur le dossier du Sahara occidental où il n’a pasévoqué la proposition marocaine d’autonomie. Ces deux points étaient, pour Alger, les préalables à toute normalisation diplomatique.

Le premier ministre espagnol a réitéré les mêmes propositions au sein de l’Union européen, tenue le 16 Octobre, concernant la guerre entre Israël et le Hamas maintenant la solution à « deux Etat » comme unique issue de sortie de crise. Les dernières élections législatives anticipées du 23 septembre 2023, en Espagne, ont changé la donne, faisant perdre au premier ministre espagnol une majorité confortable pour gouverner. Ajouter à cela la pression du patronat qui s’est plaint du manque à gagner dans les échanges commerciaux avec Alger. Pedro Sanchez est contraint à changer sa trajectoire dans ses relations avec l’Algérie.

Alger va nommer un ambassadeur en la personne de « Abdelfatah DAGHMOUM en remplacement de Said MOUSSA, qui a été rappelé au début de la crise, et qui a été nommé à Paris, poste qu’il occupe jusqu’à aujourd’hui » poursuit le journal El Confidencial. Le nouvel ambassadeur est un connaisseur de la vie politique espagnole, du fait qu’il a occupé le poste du principal conseiller de l’ambassadeur en 2019 avant qu’il ne soit nommé en guinée Conakry. Il occupe actuellement le poste au sein du cabinet du ministre des affaires étrangères.

La pression du patronat espagnol lors des dernières élections législatives anticipées du septembre dernier ont atteint l’objectif escompté. Le groupe commercial et industriel mixte Algéro-espagnol a joué le rôle de courroie ouvrant ainsi la voie à une normalisation diplomatique. Dans une déclaration au quotidien algérien « TSA », le président du groupe cité révèle que « les contacts entre les deux parties ont été effectués dans les coulisses de l’assemblée générale de l’ONU tenue en septembre, où le choix d’un retour progressif à une normalisation complète ».  

Le Sahara occidental, source de rupture.

Le changement de discours du premier ministre Espagnol sur la question du Sahara est la clé de voûte du retour au statu quo ante dans les relations diplomatiques entre Alger et Madrid. Dans son discours à l’assemblée générale des Nations unies, le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez a appelé à une « solution acceptable entre les deux parties dans le cadre de la charte des Nations unies et dans les décisions du conseil de sécurité » sans évoquer la proposition marocaine de l’autonomie. Ce revirement vaut son pesant d’or pour Alger.

Madrid voit mal perdre le projet de MedGaz, qui devrait faire le l’Espagne le distributeur du gaz algérien pour le sud de l’Europe, au profit de l’Italie. Cette dernière a conclu des accords avec Alger qui la mettaient loin de la portée de la crise de l’approvisionnement en gaz suite aux sanctions imposées à la Russie.

La normalisation du Maroc avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham, la coopération dans le domaine de la défense avec Tsahal autorisant l’implantation de bases militaires, l’affaire d’espionnage de Pegasus ne plaident pas à une normalisation de Rabat avec Alger. Ce qui éloigne toute chance de rouvrir le Gazoduc Euromed. La politique espagnole est de subvenir à ses besoins énergétiques et accroître les échanges commerciaux avec l’Algérie.

Un retour en force des entreprises espagnoles 

La suspension de l’accord d’amitié de manière unilatérale par l’Algérie a fait saigner les entreprises ibériques. Alger a imposé presque un blocus des produits espagnols dans le pays ce qui a provoqué une chute vertigineuse dans les échanges entre les deux pays estimés à 9 milliards de dollars avant la crise. Madrid aspire à retrouver ce niveau intense d’échange jouant la carte gagnant gagnant.

La récente visite du président de Naturgy, entreprise espagnole imposante dans le domaine de l’énergie Francisco Reynes Massanet, à Alger revêt l’intérêt du gouvernement du Pedro Sanchez de rattraper le retard perdu de 19 mois crise. En Octobre 2022, un accord a été signé entre le même président de Naturgy avec le président de la Sonatrach Toufik Hakkar sur « la révision des prix sur les contrats de fourniture de Gaz à long terme existants à la lumière de l’évolution du marché, assurant ainsi l’équilibre de leurs contrats sur une base gagnant-gagnant » souligne le communiqué de la société algérienne Sonatrach.

Or la normalisation diplomatique change les rapports d’approvisionnement. Lors de sa dernière visite à Alger, le président de Naturgy Francisco Reynes Massanet, a proposé à son homologue algérien le PDG de la Sonatrach, Rachid Hachichi, d’élever le niveau des échanges et a proposé un cadre plus large et plus stable que les contrats précédents faisant d’Alger le principal fournisseur de Gaz à l’Espagne et au sud de l’Europe.

Le contexte international incite les deux parties à une coopération intense dans les domaines commerciaux et de l’énergie. Les deux pays plaident pour un retour à l’avant 19 mars 2022 date du rappel de l’ambassadeur algérien à Madrid et du gel de l’accord d’amitié liant les échanges entre Madrid et Alger.