Depuis son élection à l’Elysée au mois de mai dernier, Emmanuel Macron avait promis de se rendre en Algérie où il passera quelques heures le mercredi 6 décembre. Soit le service minimum.
Le ressentiment d’Alger par rapport à Paris s’explique par la vision politique que semble adopter Emmanuel Macron sur le Maghreb depuis son élection. Lorsque peu avant le scrutin, les réseaux d’Alger s’étaient mis « en marche » pour soutenir la candidature d’Emmanuel Macron, l’Algérie espérait été traitée comme le partenaire privilégié de la France dans la région. L’axe entre l’Elysée et la présidence algérienne qui avait marqué les débuts de la présidence Hollande allait être à nouveau d’actualité. Et un tel choix ne pouvait que peser favorablement sur un appui éventuel des Français au clan Bouteflika, et notamment au frère du Préisident, Said, dans la guerre de succession que se livrent aujourd’hui les clans en présence en Algérie.
Or, très vite, les autorités algériennes découvrent que le Président français ne veut aucunement donner à l’Algérie le statut de « force régionale au Maghreb ». Au contraire, soulignent des sources diplomatiques algériennes, Emmanuel Macron a fait comprendre à ses interlocuteurs algériens qu’il veut traiter tous les pays du Maghreb sur le même pied d’égalité. L’Elysée ne veut à aucun prix froisser le partenaire marocain qui, sur le terrain sécuritaire, a marqué des points, ces dernières semaines, auprès des Français.
Cerise sur le gateau, l’appui de la diplomatie française à la candidature d’Audrey Azoulay, fille de l’ancien conseiller spécial d’Hassan II, a démontré, s’il en était besoin, que les autorités françaises soignent leurs relations avec le Maroc
Pressions françaises
Cette politique d’équilibre n’a pas été du tout du goût du président algérien Bouteflika et de ses conseillers qui ont espéré un meilleur « renvoi d’ascenseur ». La présidence algérienne avait donné plus que des gages cet été, en montrant à quel point les conseils de l’allié français étaient écoutés. C’est l’époque où celui qui était alors Premier ministre, Abdelmajid Tebboune, s’en était pris aux oligarques algériens et notamment à Ali Haddad, le patron du FCE (organisation patronale algérienne).
Lequel était au mieux avec Emmanuel Macron, depuis la rencontre des deux hommes au printemps lors de la visite du candidat Macron à Alger (voir ci contre).
Cet été donc, l’Elysée aurait fait pression sur l’Algérie, indiquent de bonnes sources à Alger, pour que l’offensive anti Haddad cesse. A la même époque, le Premier ministre, Edouard Philippe, avait d’ailleurs tenu à recevoir Abdelmajid Tebboune, en vacances alors en France, pour lui demander plus de modération dans sa croisade anti oligarques. Finalement, Tebboune, fidèle entre les fidèles de Bouteflika, avait été limogé brutalement. A la grande satisfaction des Français.
En parfait connaisseur des rouages du sérail algérien, l’ambassadeur français en Algérie, Xavier Driencourt s’active pour réparer les dégâts et renouer le contact. Très respecté et consulté par les tenants du pouvoir à Alger, ce diplomate espère réconcilier l’Elysée et le Palais d’EL-Mouradia lors de ce voyage express du président français.
La tâche sera périlleuse
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