Le forcing de l’île Maurice contre la couronne britannique

Une poignée de mauriciens a hissé le drapeau de l’Ile aux Chagos, cet archipel dont l’Ile Maurice avait été spoliée par le Royaume-Uni lors de son indépendance en 1968. Ces militants courageux ont profité de l’opportunité créée par une mission scientifique internationale conduite dans l’archipel.

Un article de Vel Moonien

 Ces Mauriciens qui affirment les croits de leurs pays sur les Iles Chagos, c’est un peu David contre Goliath.

L’archipel des Chagos, un confetti de sept atolls réunissant 60 îlots au milieu de l’océan Indien, est  occupée par le Royaume-Uni de façon jugée illégale par beaucoup de Mauriciens. Londres avait réussi à sortir l’archipel du territoire mauricien en 1965, tout en expulsant ses habitants, avant d’accorder son indépendance à l’île Maurice en 1968. Dans la foulée, une  base militaire américaine était installée à Diego Garcia sur l’atoll éponyme.

Forte d’un avis consultatif de la Cour internationale de justice (CIJ) de 2019 invitant le Royaume-Uni à mettre un terme à l’administration de l’archipel « dans les plus brefs délais » et d’une résolution à l’Assemblée générale des Nations unies le 22 mai 2019 qui reconnaît la souveraineté de l’île Maurice sur les Chagos, une poignée de Mauriciens a hissé son drapeau, le 14 février au coeur de l’archipel. Et ce, après un demi-siècle de possession britannique et sous couvert d’une mission « scientifique » visant à obtenir des données sur des récifs immergés.

Le « Bleu de Nîmes », un ancien navire démineur de la Royal Navy converti en super yacht, avait été affrété en effet pour près d’un million d’euros, afin d’embarquer les scientifiques suédois. Mais ont pris place aussi dans l’embarcation Jagdish Koonjul, l’ambassadeur mauricien auprès des Nations unies ; Philippe Sands, l’avocat britannique du gouvernement mauricien ; des fonctionnaires mauriciens, des natifs de Chagos ainsi que des journalistes de la BBC et du quotidien britannique « The Guardian » 

La BBC a transmis les images vidéo du « retour » historique de l’île Maurice aux Chagos. « The Guardian » a attaqué le gouvernement conservateur britannique pour son entêtement à contester à l’Ile Maurice la tutelle sur les Chagos.  Des succès médiatiques indéniables !

Deux poids, deux mesures

Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’importance stratégique de la base militaire de Diego Garcia est plus que jamais d’actualité. Mais la façon dont Boris Johnson, le Premier ministre anglais, a dénoncé la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine n’a pas échappé à son homologue mauricien Pravind Jugnauth, qui l’accuse d’user d’un « double langage ». « Le Premier ministre britannique  parle du respect du droit international. Est-ce qu’il le respecte ? » se demande-t-il en évoquant l’avis consultatif de la CIJ, de la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies et le verdict du Tribunal arbitral sous la Convention du droit de la mer en faveur de Maurice, en mars 2015, quant à la décision unilatérale du Royaume-Uni de créer un parc marin aux Chagos.

Et Pravind Jugnauth d’ajouter: « Dans un discours où elle dénonce l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la présidente de l’Union européenne, Ursula von der Leyen, souligne qu’elle n’autorisera pas le président Poutine à remplacer l’état de droit par la loi du plus fort… Là-bas, c’est un principe, ici, c’est le contraire ». 

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