Parti de son berceau chinois, désigné comme l’ennemi public numéro un, le Coronavirus est arrivé en Afrique presque exclusivement en passant par l’Europe.
Ce fut pendant longtemps une réalité lointaine, une actualité regardée tantôt avec scepticisme, tantôt avec indifférence. Mais la pandémie du Coronavirus a fini par arriver brutalement en Afrique. D’Ouest en Est, du Nord au Sud, tous les jours de nouveaux cas sont désormais déclarés alors que le nombre de contamination de progresse.
Avec moins de 500 cas pour l’ensemble du continent, l’Afrique reste, pour l’instant au moins, relativement épargnée par la pandémie du Coronavirus. Sur le continent, la létalité de la maladie reste également un autre élément d’appréciation : moins de deux pays sur 34 ont connu des cas mortels.
La Chine présumée coupable
Au-delà des statistiques, c’est le circuit emprunté par la maladie pour arriver en Afrique qui surprend. Considérant l’intensité des relations, notamment, économiques entre la Chine et l’Afrique (Chinafrique), toutes les hypothèses envisageaient que la maladie arrive « directement » sur le continent en provenance de la Chine. Qu’elle soit apportée par des Africains qui ont des relations régulières avec la Chine ou par des membres de la très nombreuse diaspora chinoise établie en Afrique.
Or il n’en fut rien : parti de son berceau chinois, le Coronavirus est arrivé en Afrique presque exclusivement en passant par l’Europe. En effet, les cas de contamination détectés en Afrique ont été le fait des ressortissants européens installés ou de passage en Afrique ou la responsabilité d’Africains vivant en Europe ou ayant récemment séjourné dans un pays européen. On aurait pu dire peu importe le circuit emprunté par la maladie, l’essentiel est de constater qu’elle est déjà là.
Loin d’être anecdotique, la provenance de la maladie est aujourd’hui un élément clée du rapport entre certains Africains et la maladie
Des équipements sanitaires inadaptés
Pour ceux-là, le Coronavirus est une maladie d’origine étrangère « importée » sur le continent. Il n’en faut pas plus pour alimenter le scepticisme, ouvrir la voie à des réactions irrationnelles et à des interprétations sans lien avec la science. Ici, on prétend que manger de l’aie peut vous protéger de la pandémie. Là, on vous recommande de prendre du jus gingembre pour éviter toute forme de contamination. Plus loin, on vous jure que le virus ne résiste pas à la température ambiante des pays africains. Ailleurs encore, on vous exhorte à vous laver avec de l’eau bouillante pour esquiver le virus. Dans ces conditions, l’adhésion à des gestes-barrières tels que « éviter de se serrer les mains » « ne pas se faire des accolades » ou renoncer aux attroupements (mariages, baptêmes, décès) a peu de chances de prospérer dans de nombreux pays africains.
Si la pandémie progresse, il est donc à crainte que s’inverse le niveau de létalité en Afrique, surtout dans les Etats qui ne disposent des systèmes de santé très performants.
Pour nombre de spécialistes, l’une des chances de l’Afrique c’est que le Coronavirus a commencé par les pays du continent qui disposent de structures de santé acceptables et d’un personnel médical bien formé : Egypte, Algérie, Tunisie, Maroc, Afrique du Sud, Sénégal, Côte d’Ivoire.
Avec l’annonce des cas au Burkina Faso, en Guinée-Equatoriale, au Bénin on descend sur le palier inférieur en termes de qualité d’infrastructures sanitaires et de personnel adéquat. L’arrivée du Coronavirus en Centrafrique, pays en plein conflit armé, nous conduit à un second palier inférieur. Celui des pays africains où le système de santé a été détruit par les conflits, le terrorisme ou l’incurie des dirigeants.