Centrafrique, la Minusca reconduite, mais sous menaces américaines

Le 13 décembre 2018, à New York, la Minusca a enregistré une bonne nouvelle avec la prorogation de sa mission jusqu’au 15 novembre 2019. Mais à Washington, le Conseiller de Trump à la sécurité nationale a menacé de revoir l’aide américaine en Afrique, notamment pour les Missions de maintien de la paix, et a fustigé le comportement de la Russie envers certains États africains.

Le 13 décembre 2018, le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé la Résolution 2448, prolongeant le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA), jusqu’au 15 novembre 2019. Treize membres sur les quinze du Conseil ont soutenu la Résolution, deux membres (Russie et Chine) se sont abstenus.
Un mandat davantage politique
La protection des populations civiles devient une tâche essentielle de la Minusca à côté des bons offices et de l’appui au processus de paix engagé dans le cadre de l’Initiative de l’Union africaine.  La protection de l’aide humanitaire est également une tâche prioritaire. Le rôle des responsables Centrafricains est aussi clairement affirmé, notamment dans le relèvement de l’État, la lutte contre l’impunité et le processus de rétablissement d’une paix durable.

                La Minusca= 880 Millions de $


Les effectifs onusiens seront limités à 11450 militaires dont 480 observateurs et officiers de l’état major et à 2080 policiers. Le budget de la Minusca ne sera pas augmenté. Il est vrai qu’avec 880 millions de us dollars, il correspond approximativement à trois fois le budget annuel de l’État centrafricain. La contribution des Etats-Unis à l’ensemble des Opérations de maintien de la paix est de 28,48 % tandis que celle de la Russie est de 3,99 %.


Les opérations de maintien de la paix menacées


Le 13 décembre 2018, John Bolton, le conseiller présidentiel à la sécurité nationale de Donald Trump a dévoilé la nouvelle stratégie américaine envers l’Afrique. Une douche froide pour l’ONU et certains États africains.

Dans la déclaration de John Bolton, on retrouve l’aversion envers le multilatéralisme et notamment l’ONU avec ses Opérations de maintien de la paix en Afrique qui sont, pour la plupart, coûteuses, inefficaces et sans veritables intérêts pour les États Unis. La Chine et la Russie ont été, une nouvelle fois, vilipendées pour leur  » politique prédatrice »,  » leur influence financière et politique négative » et la pratique des « accords opaques », des  » pots-de-vins », l’endettement envers la Chine mettant à mal les politiques de redressement du FMI et le « pillage systématique et incontrôlé par les Russes des ressources naturelles ». « Des États africains sont pris en otages par la Russie ». Les Centrafricains pourraient facilement se reconnaître.

Pour John Bolton, l’argent des contribuables américains est mal utilisé dans ces aides africaines à fonds perdus et surtout dans les Opérations de maintien de la paix qui sont indéfiniment renouvelées après des rapports pro domo. Le Conseiller de Trump lance un avertissement à prendre au sérieux :  » Il faut rationaliser, revoir et mettre fin aux Missions de l’ONU qui ne favorisent pas une paix durable ». John Bolton s’élève contre ces Missions onusiennes qui « se contentent de geler indéfiniment les conflits ». Les Missions au Sahara occidental, au Soudan du sud et évidemment en Centrafrique sont visées.

La Centrafrique bientôt dans le collimateur de Trump


Le président Touadera en se jetant dans les bras de la Russie et la Minusca totalement dépassée, même aux yeux de son principal responsable et Représentant du Secrétaire général de l’ONU, accréditent les propos de John Bolton. Le président Touadera aurait peut être intérêt à méditer l’admonestation du Conseiller spécial à la sécurité nationale de Donald Trump : « à partir de maintenant, les Etats-Unis ne toléreront plus cette longue tradition d’aide sans résultats, d’assistance sans responsabilité et de soutien sans réforme ».  Contrairement aux nombreux médias centrafricains et internationaux qui voient un bras de fer entre la France et la Russie, c’est bien la situation conflictuelle entre Trump et la Russie qui va prochainement s’inviter en Centrafrique.