Personne au Mali pour regretter l’interdiction définitive de RFI

La Haute Autorité de la Communication du Mali (HAC) interdit définitivement RFI dans le pays. Compte tenu du traitement de l’actualité par ce media à Bamako, cette décision n’est pas vraiment regrettée par la majorité de la population malienne

Une partie de la rédaction de RFI est trop souvent alignée sur la diplomatie française et bien complaisante avec les régimes autoritaires africains

Si la radio compte des journalistes valeureux comme Ghislaine Dupont et Claude Verlon qui furent odieusement assassinés au Mali pour avoir fait leur travail, elle abrite de nombreuses brebis galeuses. À l’abri du service public, coexistent le bon grain et l’ivraie: des correspondants qui représentent dans une même capitale africaine aussi bien l’AFP que France 24 et RFI et abusent de cette situation de monopole; des journalistes qui monnaient le passage sur l’antenne des personnalités politiques locales; d’autres plumitifs qui effectuent des « ménages » pour des intérêts privés »; et enfin certains qui, après quelques années au service de RFI, effectuent de fructueuses reconversions au service des dictateurs locaux (1).

Autant de pratiques très répandues au sein de la rédaction « Afrique » de RFI dirigée depuis 2019 par Christophe Boisbouvier qui a fait l’essentiel de sa carrière à « Jeune Afrique »(JA). Rappelons que ce magazine montre un talent particulier pour collecter de gros budgets publicitaires auprès des régimes africains les moins recommandables dont il « couvre » les initiatives avec bienveillance. Le plus extravagant dans l’information des medias français sur l’Afrique  est que le directeur de l’information de JA, François Soudan, bénéficie d’un temps d’antenne chaque semaine sur RFI pour faire la publicité de sa publication..  

RFI, au service de la diplomatie française

Une rédaction divisée

Dans sa dernière livraison, « le Canard Enchainé » révèle qu’une enquête sur le corruption en République Démocratique du Congo (RDC), à la suite des révélations d’un consortium de medias intitulé « Congo Hold Up », a provoqué de sérieuses turbulences au sein du service « Afrique » de RFI.

Une journaliste, reconnue pour son indépendance, Sonia Rolley, avait enquêté sur les détournements des proches de l’ex président congolais Joseph Kabila. RFI décroche en prime, note « Le Canard Enchainé », l’interview de Jules Aligente, le patron de l’inspection générale des finances à Kinshasa, qui salue le travail fait par la radio française. « Quatre jours plus tard, poursuit l’hebdomadaire satyrique, surprise: ce brave haut fonctionnaire rétropédale et déclare, face à  caméra, que tout cela n’est qu’un tissu « d’insinuations ». 

Seul souci, l’entretien est réalisé par un collègue de Sonia Rolley, un certain Alain Foka, qui diffuse le « rectificatif » du haut fonctionnaire sur une chaine personnelle « Youtube » qu’il a créée sous les couleurs de RFI! On croit rèver!

On découvrira que Alain Foka est un habitué des « ménages » institutionnels en République démocratique du Congo. « Le jour de l’interview de l’inspecteur des finances, note « le Canard », le confrère se trouvait à Kinshasa pour animer l’African Business Forum », un raout d’investisseurs préparé par le régime congolais ».

Jean Yves Le Drian, icii en compagnie du maréchal Sissi qui rêgne en dictateur sur l’Égypte, veille sur les informations données par RFI

 

Pas de vagues !

L’enquête du volatile aura éclairé des pratiques douteuses et des connivences troubles d’une partie de la rédaction africaine de RFI. Sans naturellement que la direction de la radio ne bouge une oreille, mettant en avant « un défaut de coordination » entre journalistes, obsédée qu’elle est par l’idée de ne pas faire la moindre vague. Et on lui en saura gré au quai d’Orsay, la véritable tutelle politique de la radio. Les pratiques contestables des brebis galeuses RFI sont souvent couvertes par l’État français, à condition que ces journalistes relaient la politique de la France dans ses anciennes colonies. Ce qu’ils font avec un talent qu’il faut leur reconnaitre.

RFI doit faire un grand ménage s’il veut vraiment jouer, demain,  le rôle d’un garant du pluralisme d’information dans des pays africains qui en sont, hélas, trop souvent privés. Encore faudrait-il qu’il y ait une volonté politique du patron du Quai d’Orsay, Jean Yves Le Drian, de porter une telle politique.

Ce qui n’est évidemment pas le cas, compte tenu des réseaux de l’actuel patron du quai d’Orsay qui sait parler à l’oreille des dictateurs du monde arabe et africain! 

(1) Le Canard Enchainé cite plusieurs cas de « reconversion » au service de Bolloré, d’Ali Bongo, du Quai d’orsay ou encore pour les plus chanceux comme ministres de régimes discrédités.