L’éviction du ministre de l’énergie, des mines et des énergies renouvelables Khaled Keddour, qui serait coupable de corruption, est en fait un nouveau rebondissement de la guerre entre le président tunisien, Beji Caïd Essebsi, et le Premier ministre, Youssef Chahed
Le communiqué du premier ministre ne peut être plus laconique car il annonce, dans la foulée de léviction du ministre de l’énergie, la mise à l’écart de trois hauts fonctionnaires de l’énergie et du pétrole. Une véritable saignée puisqu’un le porte-parole du gouvernement a fait savoir qu’il donnerait plus d’explications ultérieurement.
Cependant, le poste du ministre de l’énergie, des mines et des énergies renouvelables n’aura pas de successeurs car ce département sera intégré au ministère de l’industrie et des petites et moyennes entreprises.
Trop tard pour bien faire
Cette équipe gouvernementale serait accusée de corruption, apprend-on à Tunis. Des fuites ont fait état d’une ouverture d’une enquête pour corruption aggravée. En cause apparemment le fonctionnement d’un puits de pétrole de Monastir qui serait exploité en toute illégalité depuis 2012 par une société tunisienne filiale de BP.
La concession pour une durée de cinquante ans , explique le magazine Jeune Afrique (JA), a été attribuée aux compagnies Elf, OMV et Shell en 1979. Elles la cèdent à la société tunisienne Topic en 2006, conformément au code des hydrocarbures de 1999. « La qualité médiocre du brut et sa faible quantité (8 millions de barils, soit 2% des réserves nationales) font que le gisement est finalement considéré comme une découverte non exploitable à la commercialisation », précise un spécialiste des hydrocarbures cité par JA.
Pourtant en reprenant le site, Topic dépose un plan de développement et projette de démarrer l’exploitation en 2013. La présidence du gouvernement et les services concernés en avaient été avisés en 2015 et avait laissé faire. Le gouvernement de Youssef Chahed aujourd’hui considère que Topic exploite le champ illégalement, estimant que son contrat a expiré en 2009. N’st il pas un peu tard pour agir?
La corruption, alibi commode
Youssef Chahed poursuit deux objectifs avec le renvoi de son ministre. Le premier qui est connu, est de conforter la réputaion de chevalier blanc qu’il cherche à se donner auprès d’une opinion publique tunisienne excédée par la dérégulation de la corruption à laquelle son assiste dans la Tunisie d’aujourd’hui.
Le second but, le principal, est de mettre en mauvaise posture le Président de la République, Beji Caïd Essebsi, dont le propre frère est présent dans le capital de la société ainsi mise en cause. Ce que la presse tunisienne, cadenassée par les réseaux financiers et politiques, n’ose pa évoquer.
Ce qui est certain, c’est que l’hostilité entre le Palais de Carthage et la Kasbah, sièges du Président et du Premier ministre, est plus évidente que jamais….. .