Après avoir autorisé la vente de véhicules de guerre à l’Arabie Saoudite pour un montant de 11 milliards de dollars début avril, le Canada est à nouveau sous le feu des critiques des associations de défense des droits de l’homme.
La polémique a été relancée suite à la publication du quotidien de Toronto « The Globe and Mail », sur son site internet, d’une vidéo montrant l’utilisation contre des civils, de véhicules blindés du type de ceux vendus par les autorités canadiennes. Les images ont été tournées dans la province de l’est du pays à majorité chiite en 2012 et 2015 et authentifiées par des experts.
Badawi sauvé par les blindés
Selon les associations de défense des droits de l’homme, ce type d’engins auraient été utilisés plus de 15 fois dans cette province depuis 2011, avant la date de signature du tout premier contrat canadien en 2014. La vidéo montre que ces blindés armés de mitrailleuses et servant aux transports de troupes sont utilisés dans des quartiers résidentiels. De son côté, le gouvernement saoudien a toujours affirmé qu’ils étaient réservés à la lutte contre les terroristes dans les régions pétrolières.
Toutefois, il ne semble pas que les véhicules identifiés aient été livrés par le Canada, les permis d’exportation n’ayant été délivrés qu’en avril dernier. Quelques jours avant la diffusion de cette vidéo, le ministre canadien des Affaires Etrangères, Stéphane Dion, affirmait que le matériel vendu par le Canada depuis 1993 n’a jamais été utilisé contre des civils.
Dion a par ailleurs affirmé que ne pas fournir les blindés aurait pu mettre en danger le blogueur saoudien Raif Badawi dont la famille réside au Québec.
Intérêts stratégique
Pour l’ancien ambassadeur Ferry de Kerchove, professeur à l’Université d’Ottawa « les intérêts géostratégiques et économiques du Canada pèsent plus lourd que la seule question des droits de l’homme dans ce dossier. » « Une annulation du contrat priverait d’emploi près de 2000 travailleurs » précise par ailleurs le directeur de la communication du Ministre des Affaires étrangères.
Une politique de la main tendu vers Riyad qui met hors d’elle l’opposition canadienne. « Le ministre nous prend pour des imbéciles » déclare notamment Bernard Drainville du Parti Québécois. « Ces blindés contribueront à l’arrestation d’autres Badawi, d’autres libre penseurs qui osent s’opposer à la barbarie du régime »