De nombreuses raisons existent pour expliquer la « crise migratoire « : la guerre en Syrie, la tyrannie en Erythrée… Et si on parlait, propose le chercheur Hamid Chriet, des causes de la pauvreté en Afrique
La lutte contre la pauvreté est un des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), tiré de la Déclaration du millénaire de l’Organisation des Nations unies adoptée par 193 États membres de l’ONU, et au moins 23 organisations internationales, qui sont convenus de les atteindre en 2015. A Cet effet, l’une des obligations a été de rééchelonner la dette extérieure des pays pauvres, afin d’obtenir son allègement, à travers l’initiative dite Pays pauvres très endettés (PPTE). En effet 23 de ces pays ont rempli les objectifs de cette initiative et ont été exemptés du remboursement de 48,2 milliards de dollar grâce à la combinaison montée à la hausse de leurs exportations.
Par ailleurs, à travers le service de la dette, qui porte sur les remboursements des prêts consentis par la Banque mondiale et le FMI, on observe comment ces institutions censées favoriser le développement, ont entretenu la dépendance, la corruption et la pauvreté dans nombre de pays africains. Pourtant depuis la fin de seconde guerre mondiale, rien à changer : de nombreux économistes sont d’accords pour dire que l’Afrique est en proie à des difficultés. Ils ont cherché à comprendre comment aider les pays pauvres à rejoindre le niveau de vie des pays développés d’Europe et d’Amérique du Nord. A cet effet, les accords de Bretton Woods en 1944 ont mis en place la Banque mondiale et le Fonds monétaire Internationale.
Pourtant, force est de constater qu’aujourd’hui, tous ces efforts n’ont pas permis aux nations alliées de tenir leurs promesses. Dans les ann&es 80, pris au piège de la dette, les gouvernements du tiers-monde se sont vus obliger de rembourser leurs emprunts avec des taux d’intérêts cinq à six fois supérieurs à ceux pratiqués sur les marchés financiers. Ces Etats ont alors dû se plier aux plans d’ajustements structurels (PAS) imposés par le FMI, qui entraînent la privatisation des services publics et l’exportation massive des ressources, avec des conséquences désastreuses pour le développement. Et, dans leur sillage, l’installation durable de la corruption et le jeu subtil des réseaux. Pourquoi aujourd’hui des pays qui ont des ressources naturelles aussi importantes que la République démocratique du Congo, la République du Congo et le Mali demeurent-ils les plus pauvres de la planète ? Pourquoi une part importante de leur budget reste-elle consacrée au service de la dette ?
Le rôle prédateur des multinationales
Cette migration-peuplement est surtout due à la destruction des économies des pays africains par l’UE et les multinationales épaulées par les différentes armées présentes sur le continent. D’ autre part, cette même démographie est strictement quelque chose d’interne qui n’est pas touchée par la corruption des multinationales et encore moins la faute de la population française. Non seulement les gouvernements africains mais aussi les familles d’Afrique en sont responsables. Et c’est tragique quand les infrastructures ne suivent pas. Tout discours qui tend à faire des africains des victimes de tout et de toujours est idéologiquement intenable.
Les immigrés sans papiers, acceptent souvent de travailler en dessous de leurs qualifications et dans des conditions peu enviables. Ce qui arrange bien les affaires d’employeurs peu scrupuleux qui y voient une main-d’œuvre peu revendicative, tout en étant moins bien rémunérée. Les Français d’origine étrangère sont doublement perdants, car ils subissent comme tous le système capitaliste, le problème de l’islamophobie, mais en plus ils servent de boucs-émissaires aux problèmes rencontrés par le reste de la population. On les considère comme migrants, alors qu’ils sont français depuis souvent plus d’une génération. Il faut traiter les effets de l’immigration mais aussi ses causes qui sont fondamentales ; ce n’est pas une lutte entre immigrés et nationaux contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, mais une vraie lutte de classe entre exploités et exploiteurs, entre dominés et dominants. La vraie et seule solution réaliste ne peut être qu’une prise de conscience collective contre un système qui divise, qui isole et qui exploite les individus quelles que soient leurs religions, leurs origines ou leurs couleurs de peau. En effet chaque parti politique essaie de jouer sa partition, souvent l’un contre l’autre pour le plus grand bonheur de l’élite dirigeante.
Sortir du piège de l’aide
Les projets de développement du continent censé être des régulateurs démographiques ont tous échoué. Jean-Claude Junker, président de la Commission de l’Union européenne, l’a dit : il veut 70 millions de « migrants » pour l’Europe d’ici 2050, pour entretenir le système social dit-il, et prendre la relève des retraités allemands. Mais surtout pour générer de la croissance aux frais du contribuable (allocs) par la consommation minimale que les « migrants » devront nécessairement faire chez nous pour répondre à leur besoin de base. Ainsi la France se trouve confronté à deux orientations différentes celle d’une Europe en panne ou soit celle d’un espace francophone. A cet égard l’essayiste français Jacques Attali a remis un rapport sur ce thème à François Hollande, ou il avait fait 40 propositions pour sauver la Francophonie et doper l’économie de ce formidable espace géopolitique qui pourra générer plusieurs millions d’emplois.
L’Afrique, gros bénéficiaire de l’aide étrangère, est de plus en plus déçue par les différents mécanismes de cette aide, que la plupart des pays considèrent comme caractérisée par la non-exécution des engagements pris et l’imposition de conditionnalités. Résultat, on arrive à des politiques économiques qui réduisent les marges de manœuvre de gouvernements africains dans le choix de véritables politiques de développement. Ainsi, plusieurs pays de la région cherchent de plus en plus à se procurer des capitaux par le biais de partenariats Sud-Sud parce que ces derniers sont exempts conditionnalités posées par les donateurs traditionnels. Il faut changer à cet égard la politique dite de développement en Afrique et proposer à sa place de nouveaux accords relatifs aux soutiens à des projets de coproduction qui instaurent une aide ciblée, mieux adaptée aux besoins de chaque pays. Il faut avanvers vers des projets d’octroi de l’aide en tenant compte de l’intérêt commun des deux pays et de leur contribution à la qualité de la coproduction et de la localisation ; ce qui permettra la mise en place de véritables partenariats Gagnant-Gagnant. En un mot, un facteur de croissance et de compétitivité pour la France, l’Europe et les pays africains.