Tunisie, des négociations discrètes pour libérer Nabil Karoui

Deux proches du chef du gouvernement, Youssef Chahed, ont rencontré les amis de Nabil Karoui, un des deux candidats sélectionné au deuxième tour des Présidentielles qui pourrait être libéré ce mercredi 25 octobre

La chambre d’accusations près la cour d’appel de Tunis examinera ce mercredi 24 septembre 2019 la demande de libération du candidat au second tour de l’élection présidentielle anticipée Nabil Karoui déposée par son comité de défense. 

Il est à noter que selon certaines sources, cette demande de libération pourrait être acceptée. Arrêté le 23 août dernier à quelques jours du démarrage de la campagne électorale du premier tour de l’élection présidentielle anticipée, Nabil Karoui serait donc libéré dans les heures qui suivent.

Rappelons que plusieurs personnalités publiques et politiques à leur tête le président de l’instance supérieure indépendante pour les élections ISIE Nabil Baafoun ont appelé les autorités judiciaires à libérer Nabil Karoui afin de garantir le principe de l’égalité des chances

Tout sauf Kais Saied

Il semble bien que tous les représentants de la classe politique tunisienne traditionnelle se soient passé le mot. Pas question de voir accéder à la magistrature suprême ce professeur de droit atypique parvenu en tète des suffrages au premier tour des élections présidentielles en Tunisie. On assiste à des appels à l’union de tous les « modernistes », du chef de gouvernement Chahed au ministre de la Défense Zbidi, désireux de faire taire leurs querelles passées pour faire battre un Kais Saied présenté, contre toute évidence, comme un salafiste et un aventurier.

Ce qui suppose de faire élire Nabil Karoui, 15,6% des voix au premier tour, et qui se présente comme le rempart «moderniste libéral» face à un Kais Saied, qu’il qualifie d’«islamo-conservateur renfermé»..

Encore faut-il qu’il sorte de prison. Ce à quoi a travaillé activement la garde rapprochée de Youssef Chahed et, semble-t-il, avec un certain succès.

Conciliabules secrets

Du coup, on s’est beaucoup agité dans les coulisses des Palais nationaux. Le Premier ministre, Youssef Chahed, à peine remis de son modeste 7,5% aux élections présidentielles, a discrètement dépêché deux de ses plus proches collaborateurs auprès des amis de Nabil Karoui. Il s’agit de Hichem Ben Ahmed, ministre des Transports et de Riadh Moukher, secrétaire général du gouvernement. Certains citent aussi le nom de LazhardAkremi, un ancien ministre de l’Intérieur devenu proche conseiller du chef du gouvernement. Résultat, une alliance objective aurait été passée entre Chahed et Karoui, ces frères ennemis qui pourtant se sont toujours détesté cordialement.

Selon les sources de Mondafrique, le deal passé entre les ennemis d’hier serait le suivant. Le chef du gouvernement ferait en sorte de sortir Nabil Karoui de sa prison, en le plaçant éventuellement en résidence surveillée. Chahed mobiliserait ses réseaux au sein de l’Etat pour faire élire le Berlusconi italien au deuxième tour.

En échange le patron de Nessma TV s’engagerait, s’il était élu, à offrir quelques places de choix, dont celle de chef de gouvernement, aux représentants du mouvement politique de Youssef Chahed.

Ecran de fumée

Un solide écran de fumée a été dressé pour que le citoyen tunisien ne sache rien de ces petits arrangements. Depuis sa prison, le patron de Nessma TV s’en est pris, dans une déclaration, le 19 septembre, au journal « le Point » à Youssef Chahed « Le chef du gouvernement ainsi que ses alliés islamistes m’ont incarcéré illégalement pour que je ne puisse pas faire ma campagne pour les élections présidentielle et législatives ».

Apparemment, la recomposition des alliances politiques en Tunisie est à l’ordre du jour