Le Hamas palestinien à la portée des ignorants

Le samedi 7 octobre tôt dans la matinée, la branche armée du Hamas connue sous le nom de Brigades Ezzeddine al-Qassam, déclenche l’opération Déluge d’Al-Aqsa. Il s’agit de la plus grande offensive contre Israël depuis octobre 1973.

Des années après son assassinat en 2004,, le portrait de Cheikh Ahmed Yassine continue d’être omniprésent dans les rassemblements du Hamas. L’influence du guide spirituel du Hamas était inversement proportionnelle à son apparence physique.

Créé en 1987, après la première Intifada contre Israël, le Hamas est l’acronyme de « Harakat al-Muqawama al-Islamya » (mouvement de résistance islamique). Ce groupe contrôle la bande de Gaza, un territoire de 365 km2 et une population de 2 millions d’habitants dont Israël contrôle tous les accès et limite les personnes et les marchandises autorisées à entrer et sortir. De même, l’Égypte contrôle tous les accès à sa frontière avec Gaza.

1987, la création du Hamas

Le Hamas a été créé en 1987 par cheikh Ahmad Yassine, un religieux tétraplégique formé en Égypte et s’inscrivant dans le mouvement des Frères musulmans qui adhère à un retour à la religion après la déroute du monde arabe face à Israël. Le Hamas refuse de faire partie de l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat. Il publie une charte qui appelle à éliminer Israël et à le remplacer par un État islamique. Le mouvement rejette les accords d’Oslo signés par l’OLP et Israël en 1993 (sous l’égide du président américain Bill Clinton) et qui visent à organiser un processus de paix entre les deux États. Ces accords mettent en place l’Autorité palestinienne (AP), mais sont rejetés par le Hamas.

L’assassinat d’Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien signataire des accords d’Oslo le 4 novembre 1995 par un ultranationaliste, a jeté un froid du côté israélien et palestinien. 

Des attentats suicides

Le Hamas se lance dans des attentats-suicides en territoires israéliens tandis que les gouvernements israéliens successifs poursuivent la colonisation de la Cisjordanie sans respecter les étapes prévues dans les accords d’Oslo.  Assassinats par Israël de plusieurs leaders du mouvement, attentats perpétrés par le Hamas… les deux camps se radicalisent.

La seconde Intifada de septembre 2000 amplifie ces échanges meurtriers. En 2004, cheikh Yassine est assassiné par un bombardement aérien. Il avait pourtant déclaré que son mouvement était prêt à accepter une « houdna » (trêve) aux frontières de 1967. L’idée de houdna est reprise par les successeurs du cheikh Yassine et le Hamas décide de mettre fin aux attentats-suicides en 2005 et de participer aux élections législatives de 2006 tout en ne reconnaissant pas les accords d’Oslo.

Khaled Mechaal succède à cheikh Yassine. C’est l’un des membres fondateurs du mouvement, qui a lui-même fait l’objet d’une tentative d’empoisonnement par le Mossad en Jordanie. En 2014, Ismaïl Hanniyé prend la tête du bureau politique du Hamas.

2006, le contrôle de Gaza

Lors des élections législatives de 2006, le parti islamiste remporte le scrutin face au Fateh (le parti politique dérivé de l’OLP, fondé par Yasser Arafat et dirigé par Mahmoud Abbas). Ce dernier nomme Ismaïl Hanniyé Premier ministre, puis le renvoie en 2007. Une bataille éclate entre les deux groupes palestiniens et le Hamas prend le contrôle de la bande de Gaza alors que le Fateh garde son emprise sur la Cisjordanie. Plusieurs tentatives de réconciliation entre les deux parties échouent et les territoires palestiniens restent scindés en deux. En réponse à cette victoire, Israël et l’Égypte imposent un blocus sévère au territoire, blocus toujours en place aujourd’hui. Le Hamas continue à lancer des roquettes en territoire israélien.

Dans un document publié en 2017, le mouvement islamiste accepte la création d’un État palestinien intérimaire à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est dans les frontières de 1967.
D’après un sondage effectué en juin 2023 par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, un tiers des Palestiniens considèrent que le clivage entre le Hamas et le Fateh est très néfaste pour leur peuple. Ce sondage a aussi révélé que plus de la moitié des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie voteraient pour Hanniyé et le Hamas plutôt que Mahmoud Abbas et le Fateh.

Des financements variés

Le Hamas est doté d’une branche armée appelée « Les Brigades Ezzeddine al-Qassam ». Le groupe et sa branche armée sont considérés comme une organisation terroriste par Israël et une grande partie du monde occidental. Le Hamas fait aussi partie d’une alliance régionale qui inclut l’Iran, la Syrie, et le Hezbollah (l’axe de la Moumanaa).
En août dernier, le Council for Foreign Relations (CFR), un think tank américain, avait publié une étude sur le Hamas. Depuis le début du blocus, le Hamas récolte des recettes fiscales en taxant des marchandises passant dans un réseau clandestin de tunnels contournant la frontière égyptienne. Ces tunnels lui permettent aussi d’importer, par voies détournées, des produits de première nécessité, du gaz et surtout des armes. Après l’accession au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi en 2013, les liens se sont détériorés du fait de la relation du Hamas avec les Frères musulmans, organisation conspuée du pouvoir égyptien militaire.
Pour son financement, le mouvement a pu compter sur la diaspora palestinienne et les donateurs privés du Golfe. Depuis 2018, Israël autorise le Qatar à fournir des millions de dollars d’aide, notamment pour payer les fonctionnaires. D’autres aides étrangères parviennent généralement à Gaza par l’intermédiaire de l’Autorité palestinienne et des agences de l’ONU.
Toujours selon le rapport du CFR, la République islamique d’Iran reste le plus grand contributeur financier du Hamas, contribuant en armes, fonds et formation.

La fracture syrienne

Au début du conflit syrien, les relations se refroidissent entre l’Iran et le Hamas qui soutiennent des camps opposés. L’Iran fournit actuellement des aides au Hamas et à d’autres groupes palestiniens désignés comme terroristes par les États-Unis. Depuis l’arrivée d’Erdogan au pouvoir en Turquie en 2002, son pays est un important soutien au Hamas bien qu’Ankara affirme ne soutenir le Hamas que politiquement. Incursions en territoire israélien Depuis sa prise de contrôle de la bande de Gaza, Le Hamas tire des roquettes et des mortiers sur Israël. Il a également acquis la capacité de fabriquer ses propres missiles après avoir été formé par les Pasdarans iraniens. En 2006, l’enlèvement du soldat Gilad Shalit en juin provoque une guerre entre les Israéliens et les Palestiniens. Un mois plus tard, le Hezbollah kidnappe deux soldats israéliens provoquant une réplique sanglante contre le Liban. En mai 2021, le Hamas tire des roquettes sur Israël. S’ensuit un conflit de onze jours, 4.000 missiles tirés de Gaza, 200 civils palestiniens tués et 290 millions de dégâts à Gaza. Les États-Unis et l’Égypte avaient négocié un cessez-le-feu.

Le déluge d’Al-Aqsa

L’opération de samedi est la plus grave à laquelle Israël ait été confronté depuis plus d’une génération et l’opération la plus ambitieuse jamais lancée depuis Gaza par le Hamas. Cette attaque intervient au lendemain du 50ᵉ anniversaire de l’attaque menée par l’Égypte et la Syrie en 1973 qui a déclenché la guerre d’Octobre. L’importance de cette date n’aura échappé ni aux dirigeants du Hamas, ni au gouvernement israélien.

1 COMMENTAIRE

  1. Bonjour, je lis régulièrement avec intérêts vos publications.

    Il y a une bonne chronologie dans cet article, mais il me semble qu’il y a un éclairage tendancieux par omissions volontaires ou non du rédacteur.

    Exemples :

    Je n’ai jamais compris pourquoi les médias, en particulier de gauche, remplacent l’appellation officielle de Judée-Samarie qui est seule stipulée dans les traités internationaux par un terme impropre qui est  »Cisjordanie ».
    En effet le 15 mai 1948, de suite après la reconnaissance internationale de l’État d’Israël à l’ONU, la Jordanie, la Syrie, l’Irak, l’Égypte, le Liban ont envahi la Judée-Samarie, conquis le Mont du Temple de Jérusalem, en faisant exploser tous les sites juifs de la vieille ville, en y interdisant l’accès aux israéliens.
    Ces populations arabes hétéroclites ne voulaient ni plus ni moins que l’anéantissement de l’État d’Israël avec leur formulation célèbre et toujours d’actualité de mettre  »tous les juifs à la mer ».
    C’est ainsi que la Jordanie s’est empressée de changer la dénomination territoriale souveraine israélienne en  »Cisjordanie », et pour n’importe quel demeuré mental, il est aisé de comprendre pourquoi.

    Le 10 juin 1967, après la nouvelle tentative d’envahir l’État d’Israël soldée par la défaite de la guerre des 6 jours, les territoires envahis de Judée-Samarie et Jérusalem ont été récupérés par l’État d’Israël, mais avec la population arabe belligérante venue et installée depuis 1948 jusqu’à ce jour.
    Yasser Arafat avec le KGB ont eu l’idée, après la défaite de la guerre des 6 jours, de dénommer la population arabe belligérante hétéroclite  »peuple palestinien », ceci pour conférer une légitimité à la population venue de tous les pays arabes voisins sur le territoire israélien rebaptisé avec le soutien des médias  »Cisjordanie ».

    Il y avait effectivement une petite population arabe autochtone en Israël avant la reconnaissance de l’État d’Israël, cette population arabe a d’office obtenue la citoyenneté israélienne à la création de l’État d’Israël, avec les mêmes droits et devoirs que le reste de la population civile toutes confessions confondues, ils occupent des postes dans l’administration israélienne, les services publics, et même au Gouvernement israélien, à la Knesset.
    Les envahisseurs arabes ont obtenu, depuis la guerre des 6 jours, le statut de résidents israéliens et bénéficient de tous les services publics israéliens sans être citoyens israéliens. Ces résidents arabes se définissent aujourd’hui comme  »peuple palestinien » alors qu’auparavant c’était une insulte pour les arabes d’être qualifiés de palestiniens, ce terme était péjoratif pour les arabes et désignait exclusivement les juifs, ceci est facilement vérifiable et très bien documenté pour ceux qui veulent se donner la peine de faire des recherches historiques accessibles sur internet.

    Je doute que mes commentaires ne soient pas censurés puisqu’ils mentionnent des réalités qui ne peuvent être acceptées par ceux qui soutiennent les arabes qui se disent maintenant  »palestiniens ».

    Je précise que je ne suis pas juive, mais vu mon âge avancé et mon cursus universitaire, j’ai un minimum d’érudition et je ne me contente pas de la propagande journalistique pour connaître l’histoire du monde en général, j’aurais pu aussi parler de l’Afrique pour y avoir vécu plusieurs années, mais ici je voulais rétablir quelques notions de base  »pour les ignorants » sur l’origine du terme  »palestinien » et de la dénomination  »Cisjordanie » impropre, qui manquent aux lecteurs et aux internautes en général.

    Bien cordialement,
    Sonia Marseille.

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