Gabon, l’opposition en quête d’une stratégie

Jean Ping, le principal opposant d’Ali Bongo, frappé par un AVC et en convalescence au Maroc, « ne fait plus l’unanimité », analyse le politologue gabonais André Adjo, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (Cenarest) de Libreville interrogé par l’AFP.

Les anciens amis de Jean Ping lui reprochent « ses tergiversations depuis deux ans », ou encore sa « timidité » dans l’action, selon M. Adjo, qui ajoute qu’il a plusieurs fois appelé les Gabonais à descendre dans la rue, sans effet.

« Il faut reconnaître que Ping est souvent coincé par un certain nombre d’éléments, comme le fait qu’il soit interdit de sortie du territoire, ou que certains de ses soutiens ont été arrêtés », admet le politologue.

Pourtant, l’absence de son pays d’Ali Bongo, victime d’un accident vasculaire cérébral le 24 octobre alors qu’il se trouvait en Arabie saoudite, et aujourd’hui en convalescence au Maroc, aurait pu permettre à l’opposition de redresser la tête.

                   Scepticisme général

Mais, « avec la situation incertaine du président Bongo, le pouvoir a redoublé de vigilance pour tout ce qu’il considère comme une +menace+ », constate André Adjo, affirmant que les réseaux sociaux sont par exemple de plus en plus surveillés.

Au-delà de la division de l’opposition et de l’interdiction des manifestations, le politologue juge que les Gabonais portent un regard de plus en plus « sceptique » sur « toute la classe politique ».

Ils savent que les caciques de l’opposition, dont Jean Ping, viennent pour la plupart de la majorité du temps d’Omar Bongo, père d’Ali et qui a dirigé le pays de 1967 à sa mort en 2009, année à laquelle son fils lui a succédé.

Le scepticisme s’étend à « l’élite en général », selon M. Adjo, dans un pays où « toute revendication est rapidement politisée » et où « faire de la politique est un des principaux moyens d’avoir accès à une rente ». « C’est emblématique d’un manque de perspective » au Gabon, ajoute-t-il.

Les Gabonais ressentent également les effets d’une situation économique qui s’est détériorée dans ce pays pétrolier, frappé par la chute des prix du baril en 2014.