Lors du sommet de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) qui se tient les 11 et 12 octobre à Erevan en Aeménie, Paul Kagame cherche à faciliter l’élection à la tète de cette institution de la ministre rwandaise des Affaires Etrangères, Louise Mushikiwabo.
Le président Paul Kagame vient de créer une certaine surprise en élargissant récemment près de 2000 prisonniers dont de nombreux opposants politiques. D’autant plus que l’emblématique Victoire Ingabire Umuhoza qui ne cesse de mettre en cause le régime autocratique du président Kagame a été elle aussi libérée. La défenseurs des droits de l’Homme et de la démocratie ne s’attendaiznt pas à une telle grâce présidentielle.
Paul Kagame incontournable
Qu’a donc pu motiver cette subite mansuétude, peu en rapport avec la personnalité du sphinx de Kigali. Alors que les satisfecits économiques ne cessent de venir saluer les progrès du Rwanda dans l’agriculture, l’éducation, la santé et les technologies nouvelles, on ne peut soupçonner un quelconque affaiblissement politique, alors que, de surcroît, le Rwanda est devenu quasiment incontournable dans de nombreuses crises politiques africaines.
Il reste que le président en exercice de l’Union africaine est en position inconfortable à la veille de l’élection délicate du Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui se fera lors du XVII ème Sommet de l’Organisation à Erevan (Arménie) les 11 et 12 octobre 2018. Le président Kagame veut imposer sa candidate, Louise Mushikiwabo, à la tète de l’OIF, mais il est contraint de rassurer de nombreux États africains sceptiques sur cette éventualité.
Le soutien d’Emmanuel Macron
La candidate rwandaise, ministre des affaires étrangères de Kagame depuis 2009, ne manque pas d’atouts. Tout d’abord, elle est encouragée et même soutenue par le président Emmanuel Macron. Ensuite, le Sommet de l’Union africaine de Nouakchott, des 1er et 2 juillet 2018, a validé sa candidature.
Pour autant, la candidate rwandaise, qui a longtemps vécu aux Etats-Unis d’Amérique, est loin d’être une francophone militante et sa grande proximité avec Kagame n’en fait pas une adepte vigilante de la Déclaration de Bamako de l’OIF, qui prône la protection des droits de l’Homme et les pratiques démocratiques.
Devant les critiques, de plus en plus insistantes, de nombreux intellectuels et l’activisme de la canadienne Michaëlle Jean, actuelle Secrétaire générale, qui combat désormais plus la candidature rwandaise que défendre sa propre candidature, Paul Kagame se devait de faire un geste fort pour consolider la candidature de Louise Mushikiwabo.
Une fronde possible
Sera-ce suffisant pour créer une éventuelle autre surprise qui serait un camouflet pour Paul Kagame mais aussi un sérieux revers pour Emmanuel Macron. Le Canada a regretté la précipitation française et l’absence de concertation préalable. De nombreux membres de l’OIF ont peu apprécié le soutien du président français à la candidature d’une ressortissante d’un pays qui avait pris ses distances avec la famille francophone.
Une fronde contre la candidate rwandaise, quasiment imposée par Paris, n’est donc pas totalement à exclure.
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