Lors de son seul et bref déplacement en Tunisie, Emmanuel Macron devait distribuer quelques bonnes paroles, promis quelques conversions de la dette et confirmé dans ses fonctions de l’ambassadeur d’alors, Olivier Poivre d’Arvor, jugé à Tunis totalement déconnecté par rapport aux sujets de l’heure. Pour le reste, le Président français n’a montré aucun intérêt particulier pour un des principaux et constants alliés de la France en Méditerranée
Dans le discours qu’il prononçait, en début de quinquennat, pour ouvrir les débats du sommet de la francophonie à Erevan, le président français, Emmanuel Macron avait rendu un vibrant hommage au président tunisien d’alors, feu Beji Caïd Essebsi, qui avait su ne pas « céder « aux forces obscurantistes » et promouvoir « des textes fondamentaux » en faveur des droits des femmes. Mais ce discours convenu qui revenait sur les avancées de la Tunisie depuis le printemps arabe de 2011, ne fut pas suivi par une relance de la coopération entre les deux pays alors que le pays du jasmin s’enfonce dans une crise sociale et économique profonde.
Ce n’est guère un mystère, le chef d’état français n’avait en réalité aucune tendresse particulière pour feu le président tunisien, Beji Caïd Essebsi, qu’il a qualifié à l’époque en privé de « vieillard de 92 ans ». C’est peu de dire que la Tunisie n’aura pas été une priorité dans l’agenda international surchargé qui est celui d’Emmanuel Macron. Entre le jeune président français qui prétend dessiner la carte du monde au pas de charge et le vieux routier de la politique tunisienne qu’était BCE, qui, entre deux séances de dialyse, gêrait son pays comme une épicerie familiale, aucune proximité réelle n’est apparue.
Le prisme libyen
C’est un peu le destin de la Tunisie de passer toujours après l’Algérie et le Maroc. Certes, durant la parenthèse du printemps arabe, le modèle tunisien fut au coeur de l’actualité internationale et les gouvernements de Nicolas Sarkozy firent un effort notoire, 350 millions d’euros de dons et de prêts, pour aider la jeune démocratie tunisienne. Mais l’euphorie est retombée et les dirigeants tunisiens ont le sentiment d’être négligés à nouveau, alors qu’ils paient aujourd’hui la lourde facture économique et sécuritaire d’une transition semée d’embuches. La Tunisie a plus besoin que jamais de l’aide de leurs amis français et la France semble lointaine.
Quand aujourd’hui les occidentaux regardent vers la Tunisie, c’est pour tenter de gérer, au mieux, le brulant dossier libyen. La proximité historique entre la Tunisie et la Libye, la présence sur le sol tunisien de nombreux réfugiés libyens, dont des intermédiaires influents, la complémentarité économique entre les deux pays expliquent que Tunis soit incontournable pour toute tentative de médiation à Tripoli. Ce n’est pas un hasard si ces derniers mois, les services français ont trouvé en Tunisie des relais utiles pour faire avancer l’offre de médiation qu’Emmanuel Macron tente entre les protagonistes de la crise libyenne, notamment pour rapprocher les forces islamistes de la région de Misrata et l’entourage du général Haftar.
Des bonnes paroles
Sans marges de manoeuvre budgétaires et privé de toute affinité particulière pour le pays du jasmin, Emmanuel Macron est condamné à distribuer quelque bonnes paroles à une Tunisie hantée par le spectre de l’ancien dictateur, le présidentBen Ali. Ces quelques bonnes paroles pèsent peu face aux immenses difficultés que rencontre l’actuelle transition démocratique
Ce n’est pas l’ambassadeur nommé par la France, Olivier Poivre d’Arvor, un diplomate dénué de toute culture politique qui va aider le président français à trouver les mots justes et les projets pertinents pour aider la Tunisie. Nommé à Tunis par François Hollande à la demande de la compagne de l’ex Président, l’actrice Julie Gayet, le diplomate aura été surtout connu à Tunis pour les fêtes nombreuses qu’il donnait dans sa résidence de Lamarsa. Au mépris parfois, d’après les forces de sécurité tunisiennes, des règles de sécurité.
Ses innombrables apparitions sur les réseaux sociaux et ses projets matrimoniaux vite abandonnés sont jugée totalement déplacée dans une Tunisie livrée à un séisme économique et à des soubresauts politiques.
Olivier Poivre d’Arvor, erreur de casting
Ce diplomate très « people » devenu la star de Facebook n’a pas que des amis en Tunisie où beaucoup de dirigeants politiques ont été heurtés par ses apparitions incessantes. La bonne société tunisienne, sous ses apparences hospitalières, reste très à cheval sur les codes et usages de la culture citadine.
En dehors de sa vie mondaine, Olivier Poivre d’Arvor s’est fait connaitre par des positions fermes sur les migrations et par un soutien massif et public au chef de gouvernement de BCE, Youssef Chahed. C’est peu.
Au quai d’Orsay, la cote de l’ambassadeur était au plus bas. Pourtant le soutien de l’Elysée, qui pourtant n’a pas hésité à changer de nombreux titulaires de postes diplomatiques, lui est resté acquis pour des raisons mal identifiées, dont l’indifférence à l’égard de la Tunisie n’est pas absente.
Le président tunisien Kaïs Saied, un étrangleur ottoman