Mis en examen par deux plaintes pour viol, l’islamologue suisse, Tariq Ramadan a été prié par les qataris de ne plus mettre les pieds à Doha.
Tariq Ramadan, suspendu par l’université d’Oxford, n’a pas pu se retirer au Qatar où il dirige toujours officiellement le Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique (CILE). « La rupture s’est faite tout en douceur et surtout sans communication entre Ramadan et l’Emirat. Il a été simplement prié de ne plus mettre les pieds dans le Golfe », souligne un politologue, spécialiste des pays du Golfe, et notamment de l’organisation des Frères musulmans, de retour de Doha.
En clair, le Qatar, confronté à l’hostilité de ses voisins depuis juin 2017 (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Bahreïn) ne souhaite plus vraiment être représenté à l’étranger par un intellectuel aussi controversé.
Chute de popularité
Avant même que n’éclate le scandale, Tariq Ramadan n’était déjà plus en odeur de sainteté à Doha. Confronté à une réelle baisse de sa popularité dans les banlieues françaises en raison de ses liens avec une monarchie pétrolière et son train de vie de nanti, l’islamologue avait tendance à prendre ses distances – du moins dans la presse – avec le Qatar. Cet adepte du double langage avait déclaré à l’antenne de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC : « Ni le Qatar n’est proche de moi, ni moi je ne suis proche du Qatar ». Ce qui n’avait guère apprécié à Doha. D’autant que sa chaire d’enseignement à Oxford de sciences islamiques contemporaines est sponsorisée par « his highness Sheikh Hamad bin Khalifa al-Thani », le père de l’actuel émir. En effet, Tariq Ramadan, professeur de français dans un collège à Genève jusqu’en 2004, n’a normalement pas les qualifications suffisantes pour enseigner dans une université.
Portes ouvertes
Alors que l’Arabie saoudite et les Emirats dénoncent la Confrérie des Frères musulmans, le Qatar les accueille, à commencer par le plus célèbre d’entre eux, Youssef Qaradawi. Toutefois, depuis un pacte informel scellé en 1999 avec le pouvoir, les Frères ne disposent plus de structures dans l’émirat. En revanche, ils gardent portes ouvertes sur la chaîne Al-Jazeera et au ministère du culte.