L’ancien conseiller de Mohamed Bazoum chargé des affaires de sécurité profite du contexte de guerre dans le nord du Mali pour tenter de mobiliser des hommes dans une nouvelle lutte armée au Niger.
Alors qu’une bataille décisive se profile à Kidal entre les forces armées maliennes – et leurs supplétifs de Wagner – et la coalition des mouvements touareg et arabes du nord, Rhissa Ag Boula a publié le 2 octobre un communiqué du Conseil de la Résistance pour la République, le tout nouveau mouvement armé qu’il préside, pour appeler «ses éléments en position au Niger à rejoindre le Cadre stratégique permanent et contribuer à la lutte contre les forces génocidaires et tous leurs alliés (Wagner et toutes les armées putschistes.»
Reprenant le discours de ses années de rébellion, il y a trente ans, il invite le peuple de l’Azawad «à continuer la lutte pour libérer ce territoire, longtemps meurtri, du joug d’une armée criminelle et séparatiste.»
Il conclut son communiqué, cependant, sur son ordre du jour nigérien. Il appelle «les autres unités» – qu’on suppose donc hors du Niger – à «rester mobilisées pour l’atteinte de l’objectif initial que s’est donné le CRR : celui du rétablissement du Président Bazoum Mohamed dans l’exercice de ses fonctions et de la restauration de la démocratie.»
Rhissa Ag Boula était ministre d’Etat, influent mais sans administration, au sein du gouvernment présidé par Mohamed Bazoum, dont il s’est rapproché peu avant son élection en 2021. Depuis la fin de la rébellion des années 1990, pendant laquelle il a dirigé le Front de libération de l’Aïr et de l’Azawak (FLAA), il a surtout recherché la proximité du pouvoir : ministre du Tourisme du Président Tandja pendant sept ans, ministre d’Etat chargé des affaires de sécurité du Président Mahamadou Issoufou, puis de son successeur, sans oublier une réputation sulfureuse de maître espion.
De plus en plus actif dans la sécurité personnelle de Mohamed Bazoum, il est entré en conflit ouvert avec le commandant de la Garde présidentielle, le général Abdourahamane Tchiani, tombeur du Président le 26 juillet.
A l’étranger lors du coup d’Etat, iI a aussitôt annoncé son entrée en résistance à travers la création du CRR, proclamé par un autre conseiller du Président Bazoum, Ousmane Abdoul Moumouni, ancien syndicaliste étudiant.
Mais si Rhissa Ag Boula a gardé la langue flamboyante de sa jeunesse, il a perdu beaucoup de son charisme dans la région d’Agadez. Pour le moment, les recrues ne se bousculent pas