Liban, les banquiers dans le collimateur du président Aoun

Dans un discours aux relents populistes, le président Aoun occulte la crise gouvernementale qui se poursuit dans perspective de solution et s’en prend aux … banques

Le président libanais Michel Aoun s’est adressé mercredi soir aux Libanais au cours d’une intervention télévisée afin de stigmatiser ce qu’il a qualifié de « louvoiement » de la part de la Banque centrale visant à torpiller l’audit juricomptable que la société Alvarez & Marsal devrait effectuer afin de dévoiler les parties locales qui se sont livrées à une fuite massive de capitaux au cours des derniers mois.

Dans son intervention aux accents nettement populistes, le président Aoun a tiré à boulets rouges sur le Gouverneur de la Banque centrale et le secteur bancaire en général, appelant les Libanais, toutes tendances confondues, à le soutenir dans sa lutte pour faire aboutir l’audit juricomptable.

La corruption passée sous silence

Les milieux de l’opposition ont relevé dans ce cadre que le chef de l’Etat libanais a totalement occulté les efforts intensifs déployés actuellement par la France pour faciliter la formation d’un nouveau gouvernement libanais, alors que la crise ministérielle et les récentes démarches françaises sur ce plan sont au cœur de l’actualité libanaise depuis près de deux semaines. Le président Aoun a en outre passé sous silence les véritables causes de l’effondrement économique au Liban, à savoir le déficit gigantesque au niveau de l’Electricité du Liban, le déficit budgétaire, le coût de la contrebande vers la Syrie, la corruption entretenue et stimulée par le Hezbollah … Les milieux de l’opposition relèvent qu’au lieu d’évoquer ces différentes causes véritables de la crise, le président Aoun s’est livré à une vaste manœuvre de diversion en occultant la crise ministérielle et en transposant le débat sur un autre terrain, celui du secteur bancaire que le Hezbollah cherche à contrôler.

Dans ce contexte, et avant l’intervention du président Aoun, le chef du Quai d’Orsay Jean-Yves Le Drian a haussé le ton mercredi, affirmant que certains responsables libanais entravent délibérément le dénouement de la crise ministérielle. « Si certains responsables (au Liban) continuent de faire preuve d’irresponsabilité, nous saurons, nous, assumer nos responsabilités », a lancé le ministre français dans une mise en garde à peine voilée.

 

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