Pris en tenaille entre le vice-président de la république Assimi Koïta et le Premier ministre Moctar Ouane, le président de la transition Bah N’Daw cherche encore sa place.
Aucun des trois grands dossiers de la transition au Mali ne passe par le palais présidentiel à Bamako. L’ancien chef de la junte militaire Assimi Koïta garde la haute main sur le dossier de la sécurité, de loin le plus sensible dans le contexte actuel du pays marqué par l’intensification des activités des groupes armés terroristes, notamment au nord, dans le centre et dans la zone dite des trois frontières. Le premier de transition Moctar Ouane gère, de son côté, la question non moins délicate du calendrier électoral.
C’est lui l’interlocuteur direct des partis politiques dans les discussions sur l’organisation des différentes échéances électorales prévues dans le pays : les locales et les régionales ; le référendum constitutionnel ; la présidentielle et les législatives. Signe évident du leadership du Premier ministre sur l’agenda électoral, c’est auprès de lui qu’elle a été logé le Comité stratégique mis en place pour piloter les réformes politiques et institutionnelles (COS) à mettre en œuvre avant le début des différentes élections.
Des leviers du pouvoir aux mains de la junte
Outre la sécurité, la question non moins sensible de la réconciliation nationale et les pouvoirs législatifs sont encore entre les mains de l’ex-junte qui a renversé en août 2020 le président Ibrahim Boubakar Keita. L’ancien porte-parole de la junte le Colonel Ismaël Wagué gère à sa discrétion le dossier de réconciliation. Il a pris sur lui de se rendre en avril dans le centre du pays pour rencontrer la très controversée milice dogon Dan na ambassagou accusée du massacre de plusieurs centaines de civils. Alors que la démarche avait suscité une vive réprobation de la part d’une partie de l’opinion malienne, le Colonel Wagué n’a pas cru devoir se justifier. Avec la désignation du Colonel Malick N’Daw, ancien premier vice-président du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) à la tête du Conseil national de transition (CNT), la junte a également fait main basse sur le pouvoir législatif, chargé de rédiger des documents très sensibles dont la Constitution, le code électoral, la composition et les pouvoirs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
L’inauguration des chrysanthèmes
A l’étroit dans son palais de Koulouba, sur les hauteurs de Bamako, le président de la transition Bah N’Daw s’est replié sur des tâches honorifiques d’accueil des délégations étrangères de passage ou de représentation du Mali à l’extérieur. Il était en février dernier en France pour un déjeuner de travail avec son homologue français Emmanuel Macron avant de participer au 7 ème sommet du G5 Sahel. Ensuite, il a pris part à l’investiture du président nigérien Mohamed Bazoum et celle du Congolais Denis Sasou N’guesso en avril. Bah N’Daw était également le 20 avril aux obsèques du président tchadien Idriss Déby Itno, tué lors des affrontements avec les rebelles tchadiens du Front pour l’alternance et la concorde (FACT). Au-delà du déséquilibre de pouvoir entre les différentes institutions, c’est la capacité des autorités maliennes à respecter le délai de 18 mois de transition qui suscite scepticisme et inquiétude.