Le Président Bazoum et sa famille détenus au secret

Mohamed Bazoum en campagne au Niger (Photo Cabaneprod)

Selon un communiqué diffusé le 19 octobre par la junte militaire, le Président Bazoum et sa famille auraient été appréhendés après qu’ils ont « tenté de s’évader ». Voici le communiqué des avocats de ce dernier.

« Nous rejetons énergiquement ces accusations montées de toutes pièces contre le Président Bazoum » a déclaré Mohamed Seydou Diagne, coordinateur du collectif. « Avec cette détention au secret, c’est une nouvelle ligne rouge qui a été franchie par une junte qui continue à violer les droits fondamentaux de notre client. Elle aura à répondre de ses actes »

Depuis le coup d’Etat militaire au Niger le 26 juillet 2023, le Président Bazoum, sa femme Hadiza et son fils Salem étaient maintenus en détention au sein de la résidence présidentielle de Niamey. Ils n’avaient jamais été présentés à un magistrat et n’avaient pas non plus été informés de l’existence d’une quelconque procédure à leur encontre. L’électricité leur avait été coupée le 2 août. Seul un médecin était autorisé à les voir et leur apportait des vivres une fois tous les deux jours.

Le 20 octobre au matin, le médecin s’est vu refuser l’accès alors qu’il apportait de la nourriture à la famille.

« Non seulement les autorités militaires doivent nous apporter la preuve que le Président Bazoum et sa famille sont bien en vie, mais surtout elles doivent les libérer immédiatement », a déclaré Reed Brody, avocat membre du collectif. « Il est absurde d’accuser quelqu’un d’évasion alors même qu’il n’était pas entre les mains de la justice. C’était plutôt au procureur de la République de poursuivre les responsables de la séquestration dont sont victimes nos clients depuis le 26 juillet ».

Les avocats nigériens de Salem Bazoum avaient obtenu d’un juge de Niamey que Salem Bazoum soit libéré. Le 19 octobre, ils avaient reçu l’ordonnance leur permettant de notifier l’Etat du Niger pour que la décision soit appliquée.

Les avocats du président avaient déjà saisi la Cour de justice de la CEDEAO le 15 septembre afin que celle-ci condamne l’Etat du Niger pour la violation de l’ensemble des libertés fondamentales et des droits politiques du Président Bazoum qui est privé d’exercer le mandat présidentiel qui lui a été confié démocratiquement.

Plusieurs organisations non gouvernementales ont demandé la libération du Président Bazoum et le respect de leurs droits, notamment Human Rights Watch et Amnesty International.

Les membres du collectif :
Mohamed Seydou Diagne, avocat au barreau de Dakar. Spécialiste de la défense des droits de

l’Homme.

Moussa Coulibaly, avocat au barreau de Niamey, ancien bâtonnier.

Brahim Ould Ebety est avocat depuis 1981. Il a été Bâtonnier de l’ordre des avocats de Mauritanie (2020-2023) et est connu pour son rôle dans des procès d’opinion et d’hommes politiques, notamment pendant la période 1983 à 2005. Il a été poursuivi pour son appartenance à des organisations de défense des droits humains.

Florence Loan-Messan – Bâtonnière dauphine de Côte d’Ivoire
Nicoline Kuhsen – President, International Alliance of Women Lawyers Cameroon Branch